Jésus, le divin médecin

par Guy Jalbert


En ce Noël 2000, il convient de signaler que le Christ a commencé son œuvre de guérison de notre humanité au moment de son incarnation dans le sein de Marie, il y a maintenant 2000 ans. Alors, il a pris une nature humaine semblable à la nôtre pour l'unir à sa divinité, assumant notre condition mortelle avec toutes ses suites, excepté le péché.

Quelle guérison pour notre humanité d'être unie à Dieu dans la personne du Christ et d'être pénétrée tout entière de la grâce divine incréée ! En Jésus, dès sa naissance, le salut est déjà là, il est notre paix, il est notre joie, en lui est la source de toute guérison.

" L'Esprit du Seigneur est sur moi ; il m'a envoyé guérir ceux qui ont le cœur brisé " (Lc 4,18).

Les Pères grecs, ces théologiens des premiers siècles de l'Église, nous ont laissé une théologie de la guérison présentant Jésus à la fois comme Messie qui nous sauve et comme médecin qui nous guérit. Nous trouvons, dans une recherche de Jean-Claude Larchet (Pathologie des maladies spirituelles, Éditions de l'Ancre, 1991, 948 p.) une étude qui peut nous amener à une meilleure compréhension des nombreux textes sur la guérison que nous rencontrons dans les Évangiles. En conséquence, nous pourrons ainsi mieux comprendre le rôle et la place qu'occupent les ministères de guérison dans le Renouveau charismatique.

Une théologie de la guérison

Selon cette théologie des tout premiers siècles, Adam, avant son péché, a vécu dans un état de santé primordial, paré de toutes les vertus et pouvant choisir librement Dieu, promis à l'immortalité au terme de son temps d'épreuve ; par son péché, il a perdu pour lui et ses descendants cet état de santé, il est devenu la proie de toutes sortes de maladies de l'âme et du corps qui l'ont condamné à la mort physique et à la mort spirituelle, étant chassé par le Seigneur Dieu du jardin de l'Éden. Moïse, les prophètes et même les anges ne purent rien faire devant la gravité de la maladie. C'est pourquoi " Dieu a envoyé son propre Fils comme médecin ", il fallait à l'humanité, écrit Jean Climaque, un médecin et un chirurgien dont l'habileté fut proportionnée à l'importance de ses maladies et de ses plaies (Larchet, p. 322). Cyrille de Jérusalem fait remarquer que, selon les hébreux, le nom de Jésus veut dire Sauveur. Mais, dans la langue grecque, il signifie médecin ; Origène d'ailleurs présentera la parabole du bon Samaritain comme une représentation du Christ médecin. Ignace d'Antioche fait l'éloge de Jésus en ces termes : " il n'y a qu'un seul médecin, charnel et spirituel, engendré et inengendré, venu en chair, Dieu, en la mort vie véritable, né de Marie et né de Dieu, Notre Seigneur " (Larchet, p. 324).

Guérisons et miracles de Jésus

Après le Jourdain et sa préparation au désert, Luc note que Jésus est revenu en Galilée avec la puissance de l'Esprit, " une rumeur se répandit par toute la région à son sujet " ; ce qui explique cette rumeur, c'est l'abondance des guérisons et des miracles opérés par Jésus. Venu à Nazareth, il décrit sa mission en termes de Bonne Nouvelle pour les pauvres, de délivrance pour les captifs, de guérison pour les aveugles, de libération pour les opprimés (et selon le texte originel d'Isaïe, il faut ajouter la guérison des cœurs meurtris). C'est dans le cadre de cette mission qu'il faut comprendre le ministère de Jésus, sa prédication et aussi les nombreux miracles et guérisons rapportés par les évangélistes.

Guérison et évangélisation

La visée spirituelle et salvifique de la mission de Jésus doit nous aider à comprendre le sens et la portée de ses ministères de guérison : les guérisons accompagnent la prédication du Royaume de Dieu : " Jésus leur parla du Royaume de Dieu et rendit la santé à ceux qui avaient besoin de guérison " (Lc 9,11). La place des guérisons dans l'Évangile est si importante qu'il faut la considérer comme faisant partie du message évangélique lui-même. Jésus est venu pour les malades et les pécheurs, il vient guérir les âmes, les cœurs et les corps, redonner à l'humanité sa santé primordiale perdue depuis le premier péché. Les guérisons sont faites dans un contexte d'ouverture à la foi : " va, ta foi t'a sauvé ; qu'il te soit fait selon ta foi " ; elles sont pour le croyant, pour celui qui écoute la parole et s'ouvre à l'Évangile. Avant de guérir le paralytique, Jésus lui dit : " tes péchés te sont remis ", signifiant par là que la maladie de l'âme était plus importante et plus grande que la paralysie du corps et, devant les protestations des pharisiens et des scribes, il dit au paralytique : " lève-toi, prends ton grabat et marche ".

Le salut, une guérison de tout l'être

Les guérisons physiques font partie du salut apporté par Jésus, du projet de Dieu de donner une guérison totale. Cependant la guérison évangélique ne peut pas être une approche purement médicale, elle est avant tout une démarche spirituelle qui place le malade devant Dieu et devant Jésus, fait appel à sa foi et rejoint le malade dans la totalité de son être : âme, cœur, psychisme et corps. Aux pharisiens qui lui reprochent de manger avec les pécheurs, Jésus répond : " ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades ; je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs au repentir " (Lc 5, 31). Aux envoyés de Jean le baptiste demandant s'il est " celui qui doit venir ", Jésus fait cette réponse : " Rapportez à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres " (Lc 7, 22).

Les apôtres continuent l'œuvre de Jésus

Jésus a voulu que les guérisons se continuent dans l'Église après son départ : il a donné à ses apôtres et aux soixante-douze disciples le pouvoir sur les maladies pour les guérir et leur a donné cette consigne : " guérissez les malades et dites aux gens : le Royaume de Dieu est proche de vous " (Lc 10, 9). Il a dit à ses apôtres de ne pas partir en mission avant d'avoir vécu leur Pentecôte et reçu la puissance des charismes. Et dans les Actes, nous voyons les apôtres exercer des ministères de guérison et faire les mêmes signes et prodiges que Jésus.

Des remèdes sacramentels

Dans la tradition grecque, il y a cinq sacrements qui sont reliés à la guérison : ceux de l'initiation chrétienne, Baptême, Confirmation et Eucharistie ; et, en plus, la Pénitence et le sacrement de l'Onction.

Baptême et confirmation

Par le sacrement du baptême, nous sommes greffés sur Jésus Ressuscité, vraie Vigne et nouvel Arbre de vie ; nous sommes dépouillés du vieil homme, purifiés du péché ancestral et de tous nos péchés, restaurés dans l'amitié avec Dieu par la grâce de la nouvelle naissance. Larchet fait à ce sujet cette remarque : " En même temps qu'elle immerge le vieil Adam et ses maladies, l'eau du baptême, par la grâce de l'Esprit, fait émerger l'homme nouveau en pleine santé " (p. 350).

La confirmation donne au chrétien le don du Saint-Esprit et l'énergie nécessaire pour grandir spirituellement jusqu'à l'âge adulte dans le Christ ; la confirmation guérit les faiblesses de l'âme, de la psychologie et du corps, rend le baptisé capable de témoignage pour le Christ et d'engagement pour ses frères.

Eucharistie

Les premiers théologiens grecs voient dans l'eucharistie le remède par excellence, capable de guérir tous les maux reliés au péché. Saint Jean Chrysostome affirme que " le corps et le sang du Christ absorbés par le communiant se répandent dans son corps et dans son âme, se mêlent intimement à eux, et manifestent leur puissance thérapeutique dans son être tout entier " (Larchet, p. 367). L'eucharistie, c'est la vie divine communiquée, " un remède d'immortalité " (saint Clément), " un antidote pour ne pas mourir, mais vivre en Jésus Christ pour toujours " (Ignace d'Antioche).

Pénitence et onction des malades

La tradition reconnaît au sacrement de pénitence et à celui de l'onction leur caractère médicinal. Les Constitutions Apostoliques adressent au pasteur ce conseil : " Puisque tu es le médecin de l'Église du Seigneur, assure des soins adaptés à chacun des malades, de toute manière, soigne, guéris, et réintègre-les en bonne santé dans l'Église " (Larchet, p. 356). Dans le rite de guérison pour les malades, on joint la demande de guérison du corps à celle de l'âme, la préservation de la vie du malade et le soulagement de ses souffrances au pardon des péchés, au salut et à la régénération de tout l'être en Jésus. Il est intéressant de constater, au sujet de ces deux sacrements, que le thème du Christ-médecin se retrouve dans le nouveau Catéchisme de l'Église catholique, au n. 1421 : " Le Seigneur Jésus Christ, médecin de nos âmes et de nos corps, lui qui a remis les péchés au paralytique et lui a rendu la santé du corps, a voulu que son Église continue, dans la force de l'Esprit saint, son œuvre de guérison et de salut, même auprès de ses propres membres ".

Actualité de la prière de guérison

L'Église doit continuer le ministère de compassion et de guérison de Jésus : " Ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris ". Guérir les malades est une tâche qui incombe à l'Église. Elle en est bien consciente puisque nous trouvons, dans les oraisons de la messe dans le Missel, une variété de formules qui demandent la guérison de l'âme et du corps. Nous y trouvons la polyvalence du mot guérison pour signifier la guérison du péché, le salut, la vie éternelle et la guérison des maladies du corps.



Le père Guy Jalbert, oblat de Marie-Immaculée, est au service du Renouveau charismatique depuis 1973. Il réside chez les Oblats au presbytère Saint-Sauveur, ville de Québec. Comme missionnaire itinérant, il donne des sessions de formation et participe à des congrès. Il est membre du comité de rédaction de Selon Sa Parole. Il est aussi auteur du livre " Priez afin que vous soyez guéris ", publié par les Éditions Vent de Pentecôte, 1997.





Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole novembre-décembre vol. 26 numéro 5


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Dernière mise à jour 22 décembre 2000

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