B

BABA n.m.
Argot.
1. Derrière.
'Vous prenez tout, vous, dans le baba !' FII, 309.
2. L'avoir dans le baba : être dupé.
'Ils l'ont dans le baba, les potes !... il sautera jamais !...' FII, 206.
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BABOUILLI n.m.
Néologisme à partir de babiller, tenir des propos puérils, avec croisement possible de bafouillis (pour bafouillage) et de bouillie. Influence possible de babil, bavardage continuel, enfantin ou futile. A mettre en rapport avec la haine qu'entretenait Céline pour la sentimentalité.
'Plutôt vingt consultations qu'une visite sentimentale... La haine que j'ai du babouilli' FI, 18.  

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BADIGOINER vb. tr.
Néologisme. Le glossaire de la Pléiade IV nous informe qu'il s'agit d'un croisement de badigeonner et de badigoinces, lèvres. Ce dernier mot est utilisé par Rabelais. Cependant, il semble que des deux mots, ce soit le premier qui prédomine pour le sens.
'Ils s'en badigoinent les rectums' Pléiade IV, App. III, 830.
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BAGOTIER n.m.
Argot. Celui qui fait des 'bagots', porteur occasionnel de bagage (DFNC), et par extension celui qui se déplace rapidement. Utilisé depuis la fin du XIXeme siècle.
'Lui le bagotier ! le coureur au motif comme pas !...' FI, 134.
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BAGOTTE  (ETRE A LA)
Marche à pied.
'Reste couché, moi à la bagotte' Pléiade IV, App. IV, 898.
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BAGOTTER vb. intr.
Marcher.
'On bagottait depuis le matin' Pléiade IV, App. III, 692.
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BAHUTER vb.tr.
Néologisme apocope à partir de transbahuter, transporter. À noter que le bahut désigne au Moyen Âge un coffre où l'on rangeait ses vêtements. Par glissement, et à partir de l'idée de voyage, le mot a finit par signifier de son côté la notion de transport, de déplacement d'un lieu à l'autre.
'Pendant qu'ils me bahutent ! cahotent !' FI, 90.
'Vite la civière !... tout seul deux pas je croule... qu'ils me bahutent comme à la brouette !...' F1, 100.
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BAHUTERIE n.f.
Néologisme à partir de bahuter. Secousse.
'Ces bahuteries de mines... la Butte est plus qu'un cratère en pleine éruption !' FII, 189.
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BALAN n.m.
Voir ballant.
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BALAYETTE n.f.
Explusion, à partir du mouvement de l'objet expulsant la poussière.
'Ah ! ces balayettes... On tenait deux trois jours pas plus... on nous remerciait...' Pléiade IV, App. III, 701.
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BALLANT (ou BALAN) n.m.
Régionalisme. Elan, oscillation. La note de la Pléiade IV (1346) indique que 'Céline emploie ballant avec le sens qu'a balan, terme régional attesté selon le Trésor de la langue française en Haute-Loire et dérivé de balancer. L'orthographe ballant s'explique par analogie avec le mot de français strandard ballant, 'balancement'. D'ailleurs, Céline utilise également la graphie balan, notamment dans FII, 258 et dans MaC, 961.'
'Il me charge !... il prend un ballant du pied ! il me shoote !' FII, 399.
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BALLE n.f.
Abbréviation de peau de balle, c'est-à-dire rien.
'La façon qu'ils abîment votre oeuvre, la détestent, s'en torchent, comprennent balle' FII, 326.
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BALLON (FAIRE) loc.vb.
Etre privé de nourriture ; par extension, être privé d'une chose due (glossaire de la Pléiade IV).
' '- [...] J'ai fait ballon avec toi.' / Il y revenait sur sa dette' Pléiade IV, App. 655.
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BALLOTTE n.f.
Néologisme à partir de ballotter. Actiond e basculer, de jeter comme un balot.
'On s'élancerait tous à l'assaut ! et à la ballotte !... au feu ! au feu !...' FII, 247.
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BALPEAU interj.
Verlan pour peau de balle : rien.
'Ils se tâtent... balpeau !' FII, 372.
'Je vous disais que c'était fini ! balpeau !... ça retombe plutôt pire !...' FII, 376.
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BANBAN adj. m.
Boiteux.
'Invalide, banban...' Pléiade IV, 684.
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BANQUEROQUE n.f.
Néologisme à partir de banqueroute et, sans doute, d'escroquer.
'Las ! je faille ! Banqueroque !Toute cette prison vaine !..' FI, 89.
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BARADABOUM onom.
 Néologisme à partir de badaboum.
 Ce baradaboum! la charge à la cellule du chnoc!' F1, 36.
 

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BARAGOUINERIE, n.f.
 Néologisme à partir de baragouin. Rappelons que ce mot est déjà le croisement de deux substantifs bretons (bara, pain, gwin, vin), et qu'il désignait une langue incompréhensible et surtout interdite aux élèves des écoles de la République.
 'Moi l'horreur des langues étrangères !... biaiseuses baragouineries infirmes !... C'est l'humiliation capitale !' F1, 84.
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BARATE n.
 Néologisme à partir de barat, qui en ancien français signifie tromperie, marché frauduleux, propos mensongers. Le verbe est barater, puis résurgence au xxieme siècle sous la forme baratin (Dictionnaire du français conventionnel).
 'Juste les faits ! Pas de coups de barate !...' F1, 103.

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BARBOUILLURE n.f.

Néologisme à partir de barbouiller, s'enduire d'une substance qui salit (DHLF).
'Ah ! barbouillure !... crapaud sur le flanc !' F1, 150.
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BASCULER vb. tr.
 Désigne la mise en place des brimades imposées par les 'anciens' aux nouveaux soldats à leur arrivée, à partir du vocabulaire de la guillotine. La bascule permet de mettre le corps du condamné en position horizontale.
 'Ah, je me voyais rajeuni! le 'bleu' qu'on bascule!' F1, 35.
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BÉER vb. intr.
 Au futur, pour rester bouche bée.
 'Vous en béerez demain !...' F1, 81. 

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BELLEMENT adv.
'Je vous aurai bellement prévenu !...' F1, 111.
 

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 BÉNOUSE n.m.
 Argot. Pantalon.
 'Ils lui tirent tous sur son bénouze !... me pisser dessus !...' F1, 94.
 

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BIAISEUSE n. et adj. f.
 Néologisme à partir de biaiser, qui n'est pas franche.
 'Moi l'horreur des langues étrangères !... biaiseuses baragouineries infirmes !... C'est l'humiliation capitale !' F1, 84.

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BIBIBIBIBICI acronyme.
 Néologisme, transformation de BBC; voir BIBICI ; la multiplication de la syllabe rend ridicule le nom de cette station de radio faisant partie de la mythologie de la Résistance ; à noter qu'à travers elle, Céline dénonce les appels à la vengeance et au meurtre contre les forces nazies et leurs alliés.
 'Ah bibibibibici! the question! Une ordonnance? un baiser? un petit service!' F1, 24. 

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BIBICI acronyme
Néologisme orthographié comme subst., à partir de BBC. Voir bibibibici.
'C'est du Bibici plus garce!' F1, 25. 

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BIFTEKER vb. tr.
 Néologisme à partir de l'anglais bifteck, chair, et par extension prostituée : se faire le souteneur d'une prostituée.
 'Revenu à la vie naturelle il bifteckait deux trois cocottes...' F1, 74.
 

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BIGLOUSEUR n.m.
 De ‘bigler’, c'est-à-dire regarder avec curiosité ou envie (Gd usuel Larousse).
 ‘La tragédie je vais vous dire je devrais déjà être assez loin… en Laponie… au Portugal… dès les premières visites ‘voyeuses’… les premiers biglouseurs de biais…’ FI, 10.
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BIGNOLE ou BIGNOLLE adj. et nom.
Argot (l'orthographe bignole est plus courante chez Céline, surtout dans Mort à Crédit) à partir de bigner, 'regarder en dessous, espionner' (DFNC). Femme concierge.
Adj. :'C'est un peu tous les ateliers.. ça sort, ça rentre... c'est mouche, c'est bignolle... c'est au ragot, c'est à la fesse, c'est à la fiche...' F1, 129.
Nom : 'Toujours plein de curieux à ses fenêtres... bobines, massacres, pipes, demi-lopes, touristes, bignolles...' F1, 133.
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BIGNOLER v.int.
Argot. Épier, regarder avec indiscrétion, guetter (DFNC). Le même dictionnaire ne se prononce pas sur une antériorité du verbe sur le substantif, tout en notant que ce dernier est beaucoup plus usuel.
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BLABLA
 'Oh voyez pas d'atrocités, d'intentions inhumaines ! blablas ! c'est l'hiver le vent la violence !'
F1, 49.
 'Employés partout nom de Dieu! blabla catastrophes tant par mois' F, Version B, 711.
 'Blabla chéris ! Alors ? Alors ? Verdict et hop !' F1, 104.

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BLABLATER vb. int.
 Néologisme, à partir de blabla. Se perdre dans des considérations frivoles.
 'Oh ma longanimité ! que je blablatte à m'éclater ? blablatte à migraines pour cent ans ?' F1, 104.
 

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BLABLATISÉ p.passé.
 'Sloganisé, blablatisé, glotte au croupion, rabâcheur d'étronimes sottises, méchancetés lâches, délations folles, cacatoïsé plus et plus !' F1, 109.
 

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BLÂÂÂ
'Si ils se trouvaient blâââ !... déconfits...' F1, 140.
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BLAKBOULÉ, part. passé.
L'édition de la Pléiade IV (1248) consacre une note à ce mot : 'signifie rejeter, repousser, dans un vote, par un emprunt à l'anglais to blackball, mettre dans l'urne noire'. Céline redonne ici son caractère concret à la boule que le français a déjà réintroduite dans le forme même du mot. Le prisonnier, dans la cage, est rejeté d'un mur à l'autre comme une boule'.
 'Happé, blackboule ! (je vous parle de la cage)', F1, 49. 

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BLAVOUILLER vb intr.
 Néologisme. Parler à tort et à travers. À partir de 'blaver', lequel est formé de blablater et de baver, bavarder.
 'Oh mais je digresse pas du tout! Ne croyez pas que je blavouille!...' F1, 17. Variante du manuscrit : 'que je [godouille] blavouille!'

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BLÈCHE adj.
Argot. Une vieille, misérable. Forme substantivée de l'adjectif.
'C'était pour une blèche, une crachante !... une juste sortant de l'hôpital, pas guérie...' F1, 142.
HIST.- Le DFNC donne pour origine probable de ce mot la forme normande de l'ancien français blecier (amollir en battant). 'Au XVIIe siècle, précise-t-il (90), [le mot] s'emploie à la fois pour des objets (blet de même racine, 'talé' pour un fruit) et pour les personnes, métaphoriquement ('mou', faible de caractère, peu sûr, sournois).
 'J'omettais l'âge... notre âge! grossesse? grossesse? grand-mère plutôt! blèche! Comme moi!' F1, 24.
 

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BLÉCHIR vb. int.
Argot. Vieillir.
'Ah ! mûrir encore ! bléchir plus ! blets, plus blets !... s'oublier sous eux...' F1, 80. 

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BOBICHER (SE) vb. pronominal, à ne pas confondre avec le verbe bobicher.
 Néologisme. Croisement de bobo, bichonner et bicher : prendre soin de soi, se soigner.
 'C'est donc très juste qu'il se bobiche, gâtelotte, se refuse rien, chasses yatchs, castels' F1, 20. Voir note de la Pléiade, p.1223, et Voc.

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BOMINER vb tr. 
Néologisme après chute de 'a', et avant substantivation. Le verbe comme le nom se trouvent ici tronqués en raison d'un bégaiement :
'Ah si vous saviez les Berbères si on les bomine cette année! Ah, bo! bo! bo! bo! cher Maître! Ah, c'est effroyable! tenez que la ba! ba! ve! me sèche! Mi! mi! Mina! Bobo! Nable' F1, 41. Il s'agit ici d'une mention aux événements d'Algérie.
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BOSCO, n. et adj.
 Bossu. D'après le Dictionnaire du français non conventionnel, l'origine de ce mot, attesté pour la première fois en 1808, est incertaine, surtout en ce qui concerne la présence de la consonne c.
 'La langue française est royale ! que foutus baragouins autour ! conjurés ! boscos, vérolés !...' F1, 82 ;
 'Ça a dû être abominable la déblatération de ce pitre ! bosco cul-de-jatte jaloux venin' FII, 183.

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BOUFFRE Voir OUFFRE

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BOUILLUS ou BOUILLUZ n ou adj. m. pl.
 'Toujours des bourreaux dans Paris ! toujours des tronchus, des branchis, des estrapadés ! des bouillus ! juste savoir de quelle secte vous êtes ? ' F1, 48 ;
 'Je vous retrouverai ! les tanks vous ayant laminé, hachuré, les napalms bouilluz, je vous retrouverai !' F1, 79.

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BOUMER, REBOUMER
 1. Aller bien, à partir de l'anglais boom, puis de l'expression familière ça boume.
'Admettant que Féerie boume' Pléiade IV, App. IV, 876 ;
 'Je suis avec ceux qui réédifient, reboument les Cités (...) la valse des millions ! Je reboume riche ! que les librairies savent plus quoi faire... ' F1, 60 ; F1, 71;
' Si je reboume en dépit des haines, des crachiblablas des Artrons !...' F1,120.
 2. Heurter, à partir de boum.
'Bébert [...] fonce dans le couloir *boume* les portes, le battant...' Pléiade IV, App. III, 710 ;
 'Mon bagnard voisin!... simple, il se lance dedans tête première! Braoum ! et il recommence ! Il rebeugle ! et reboume !...'

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BOUROUETTE ou BEROUETTE n.f.
 Déformations de  brouette.
 'J'aurai tant prié pour des dattes ? et bahuté ? souffert immonde? Bourouette ! bourouette ! Ah, heureusement que je colle au fond ! (...) Ils recommencent tout !... Ils m'arrachent de mon tabouret ! 'Blasphémateur ! aux endives !... La bourouette, charogne !' ' F1, 92.
 'Je suis plus qu'un tas une gélatine à fond de borouette ! (...) 'Je vois le môme Bartre et la petite Elsa... du fond de ma borouette !' F1, 93.

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BOUZILLERIE n.f.
 Néologisme à partir de bouziller, détruire.
 'Je pense à la bouzillerie totale ! au derniers jours, aux phosphores !...' F1, 59.

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BOUZILLMAN, n.m.
 Néologisme à partir de bouziller, détruire, avec suffixation pseudo-anglaise.
'Je mérite d'être traité effroyable... ce que j'ai saccagé ! bouzillman !...' F1, 69.
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BOYAUTER vb. trans.
 ' 'Acheter Féerie ! achetez Féerie ! le livre qui vous réjuvène l'âme, boyaute le boyau !' F1, 111. 

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BOYAUTERIE n.f.
 'Foi ! je vous retrouverai ! mon point d'honneur ! même plus que déchiqueture pourrie ! boyauterie bleue, bidoche à rire, je vous retrouverai !' F1, 79. Ce passage est une paraphrase des premières lignes de la chanson (Je te trouverai charogne/ Un vilain soir !)

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 BOYAUTIN n.m.
 'Boyautin qu'empêche tout l'honneur de dormir', F1, 17.
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BRAILLERIE n.f.
 Néologisme par suffixation à partir de braillement.
Ils me font repasser les horreurs ! les brailleries de Paouins avec des animaux, les pires !...' F1, 99.
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BRANCHIS n.m. pl.
 'Toujours des bourreaux dans Paris ! toujours des tronchus, des branchis, des estrapadés ! des bouillus ! juste savoir de quelle secte vous êtes ? ' F1, 48.

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BRANQUIGNE n.f.
Note de la Pléiade (IV, 1296) : 'Branquigner, à partir duquel est formé branquigne, est issu de branquignoler, 'traîner de ci, de là en se livrant à de petits vols'. De son côté, le DFNC indique qu'un branque est une personne au comportement imprévisible, un peu fou, qu'il a d'abord désigné, un âne, puis un mauvais ouvrier. Pour la formation de ce nom, la note renvoie à A. Juilland, Les Verbes de Céline, IIème partie.
'Je me précipite à l'aide ! le mouvement de ma part !... J'en entraîne dix ! quinze à moi, là, des branquignes...' F1, 150.

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BRISQUE n.f.
 '- Vos blessure ? citations ? Brisques ?...' F1, 103.

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BROCHE n.m.
Note de la Pléiade (IV, 1299) : 'Diminutif de brochet qui veut dire 'maquereau' (note de Céline à l'usage de sa secrétaire en marge de la dactylographie). ' Le brochet appartient à la série des poissons qui suggèrent l'idée du poisson carnassier, avide, brutal (DFNC).
'Ils étaient complices... à l'instinct !... d'accord !... le broche naturel, pognon de tout : moi !... sautez muscade !...' F1, 165.

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BROCHE n.f.
 La note de la Pléiade indique qu'il ne s'agit pas d'un mot d'argot. 'Etant donné le contexte, on peut supposer qu'il est employé ici métaphoriquement avec le sens de faire taire à partir du sens de fixer avec une broche, considéré comme vieux par le Trésor de la langue française.
 'L'accueil de la Cour ! Comment le Grand Procureur vous broche !' F1, 109. 

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BRODILLER vb.
 Néologisme à partir de broder, au sens figuré et appliqué à l'art de la conversation.
 'Je m'amuse là je vous raconte, je brodille...' F1, 63.
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BRRT onomatopée.
 Imite le ronronnement du chat Bébert. Voir 'Plof'.
 'Bébert en 'brrt' il causait, positivement. Il vous répondait aux questions' F1, 19.  

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BUSINETTE n.f.
 Néologisme à partir de business, affaires ; désigne les professionnelles, c'est-à-dire les prostituées. Le terme est d'autant plus judicieusement trouvé que Céline fait référence aux rues de Londres.
 'Ah pas des petites crevettes businette!... Ah pas du tout ! des fleurs de poupées !' F1, 76.

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 BUVARD (ALLER AU)
 'Je connaît personne comparable à Marc [Empième] dans les lettres de ce temps! Pas un qui y aille au buvard dans toute la plumasserie française ! Pas un seul rival!' F1, 20.