CHARLES BAUDELAIRE

Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d'une doctrine oubliée, pedant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain el se fit un tapotement, comme de quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre. "C'est quelque visiteur, - murmaurai-je, - qui frappe à la porte de ma chambre; ce n'est que cela, et rien de plus."

Ah! distinctemente je me souviens que c'était dans le glacial décembre, et chaque tison bordait à son tour le plancher du reflet de sun agonie. Ardemment je désirais le matin: en vain m'étais-je efforcé de tirer de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore, - et qui'ici on ne nommera jamais plus.

Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait, me remplissait de terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu'à ce jour; si bien qu'enfin, pour apaiser le battement de mon coeur, je me dressai, répétant: "C'est quelque visiteur que sollicite I'entrée à la porte de ma chambre, quelque visiteur attardé sollicitant sollicitant I'entrée à la porte de ma chambre; - c'est cela même, et rien de plus."

Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N'hésitant donc pas plus longtemps: "Monsieur, - dis-je, - ou madame, en vérité, j'implore votre pardon; mais le fait est que je sommeillais, et vous êtes venu frapper si doucement, si faiblement vous êstes venu taper à la porte de ma chambre, qu'à peine étais-je certain de vous avoir entendu." Et alors j'ouvris la porte toute grande; - les ténèbres, et rien de plus!

Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein
d'étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves qu'aucum mortel n'a jamais osé rêver; mais le silence ne fut pas troublé, et l'immobilité ne donna aucun signe, et le seul mot proféré fut un nom chuchoté:
"Lenore!" Puremet cela, et rien de plus.

Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme
incendiée, j'entendis bientôt un coup un peu plus fort que le premier.
"Sûrement, - dis-je, - sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre; voyons donc ce que c'est, et explorons ce mystère. Laissons mon coeur se calmer un instant, et explorons ce mystère; - c'est le vent, et rien de plus."

Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d'ailes,
entra un majestueux corbeau digne des anciens jours. II ne fit pas la moindre révérence, il ne s'arrêta pas, il n'hesita pas une minute; mais, avec la mine d'un lord ou d'une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre; - il se percha, s'installa, et rien de plus.

Alors, cet oiseau d'ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste imagination à sourire: "Bien que ta tête, - lui dis-je, - soit sans huppe, et sans cimier, tu n'es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la nuit plutonienne!" Le corbeu dit: "Jamais plus!

"Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendit si facilmente la parole, bien que sa réponse n'eût pas un bien grand sens et ne me fût pas d'un grand secours; car nous devons covenir que jamais il fut donné à un homme vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre, un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre, se nommant d'un nom tel que Jamais plus!

Mais le corbeau, perché solitairment sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique, comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme. II ne prononça rien de plus; il ne remua pas une plume, - jusqu'à ce que je me prisse à murmurer faiblement: "D'autres amis se sont déjà envolés loin de moi; vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées." L'oiseau dit alors: "Jamais plus!"

Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec tant d'à-propos: "Sans doute, - dis-je, -ce qu'il prononce est tout son bagage de savoir, qu'il a pris chez quelque maître infortuné que le Malheur impitoyable a poursuivi ardemment, sans réptit, jusqu'à ce que ses chansons n'eussent plus qu'un seul refrain, jusqu'à ce que le De Profundis de son Espérance eût pris ce mélancolique refrain: "Jamais, jamais plus!"

Mais, le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire, je roulai tout de suit un siége à coussins en face de l'oiseau, du buste et de la porte; alors, m'enfonçant dans le velours, je m'appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce que ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours voulait faire entendre en croassant son Jamais plus!

Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais n'adressant plus une syllabe à l'oiseau, dont les yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu'au fond du coeur. Je cherchai à deviner cela, et plus encore, matête reposant à la lumière de la lampe, ce velours caressé par la lumière de la lampe que sa tête, à Elle, ne pressera plus, - ah jamais plus!

Alors, il me sembla que l'air s'épaississait, parfumé par un encensoir invisible que balançaient des séraphins dont les pas frôlaient le tapis de la chambre. "Infortuné! - m'écriai-je, - ton Dieu t'a donné par ses anges, il t'a envoyé du répit, du répit et du néphenetés dans tesressouvenirs de Lénore! Bois, oh! bois ce bon néphentés, et oublie cette Lénore perdue!" Le corbeau dit: "Jamais plus!"

"Prophète! - dis-je, être de malheur! oiseau on démon, mais toujours prophète! que tu sois un evoyé du Tentateur, ou que la tempête t'ait simplement échoué, naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte, ensorcelée, dans ce logis par l'Horreur hanté, - dismoi sincèrement, je tén supplie, existe-t-il, existe-t-il un baume de Judée? Dis, dis, je t'en supplie!" Le corbeau dit: "Jamais plus!"

"Prophète! - dis-je - être de malheur! oiseau ou démon! toujours prophète! par ce ciel tendu sur nos têtes, par ce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme chargée de douleur si, dans le Paradis lointain, elle pourra embrasseur une fille sainte que les anges nomment Lénore, embrasser une précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore." Le corbeau dit: "Jamias pllus!"

"Que cette parole soit le signal de nôtre séparation, oiseau ou démon! - hurlai-je en me redressant. - Rentre dans la tempête, retourne au rivage de la nuit plutonienne; ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir du mensonge que ton âme a proféré;
laisse ma solitude inviolée; quitte ce buste au-dessus de ma porte;
arrache ton bec de mon coeur et précipite ton spectre loin de ma porte!" Le corbeau dit: "Jamais plus."

Et le corbeau, immuable, est toujours installé, toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d'un démon que rêve; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher; et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui git flottante sur le plancher, ne pourra plus s'élever, - jamais plus!

Tradução "O Corvo"

Uma vez, à hora lúgubre da meia-noite, eu meditava, fraco, fatigado, quase adormecendo, sobre muitos volumes interessantes e valiosos de uma doutrina esquecida. De repente, ouvi, ligeiro ruído, como de alguém batendo, de leve, à porta do meu quarto. "É alguma visita", murmurei eu, e nada mais. Estávamos em dezembro, recordo-me distintamente.

As achas meio queimandas desenhavam no solo o reflexo da sua agonia.
 Eu desejava ardentemente a manhã! Em vão, pedia aos livros o esquecimento de minhas mágoas... Pensava sempre nela, na minha Leonor perdida, na mulher rara e deslumbrante que os anjos chamam ainda de Leonor e que os homens não chamarão mais!

O vago sussuro dos reposteiros ondulantes enchia-me de um terror fantástico e melancólico. Para acalmar a agitação que me assustava, levantei-me, repentino: "É alguem que bate à porta, alguma visita tardia, que solicita a entrada do meu quarto; sim é isso, e nada mais".

Então senti o espírito um pouco fortalecido, e sem hesitar mais tempo:  
- Senhor ou senhora, tende a bondade de perdoar-me. Estava meio adormecido e batestes tão devagarinho que apenas tenho a consciência de vos ter ouvido.
 Assim dizendo, abri a porta de par em par, mas só vi trevas e nada mais!

E a perscrutá-la profundamente, fiquei muito tempo cheio de espanto, de receio e de dúvidas, fazendo sonhos que mortal algum jamais ousou sonhar; mas nada perturbou o silêncio e a imobilidade das trevas, senão um nome proferido por mim:
   "Leonor!" e o eco murmurando a seu turno "Leonor!" Só isto e nada mais!

Tornando a entrar no quarto, com a alma em fogo, ouvi um ruído um tanto mais forte que o primeiro. "Há por força alguma coisa de extraordinário nas tabuinhas da minha janela; vamos ver o que é, exploremos este mistério. Provavelmente, é o vento, e nada mais!"

Abri então a janela, e um corpo majestoso, digno dos antigos tempos, entrou pelo quarto a dentro, com um bater de asas tumultuoso. Sem me fazer uma simples cortesia, adiantou-se com a imponência de um "lord" ou de uma "lady" e empoleirou-se num busto de Palas, colocado justamente por cima da porta do meu quarto.  

A gravidade do seu aspecto e a severidade da sua fisionomia fizeram sorrir a minha triste imaginação: - Embora tua cabeça - disse-lhe eu - não tenha popa, nem cimeira, não és por certo um pássaro ordinário. Dize-me qual o teu nome senhorial nas costas da noite plutônica? - Nunca Mais!

Fiquei pasmo de ver aquele desengraçado volátil compreender assim a palavra, posto que a sua resposta não tivesse grande senso, nem respondesse de modo algum à minha pergunta, porque é preciso confessar que nunca foi dado a um homem vivo, ver, por cima da porta do seu quarto, um pássaro ou um bicho, sobre um busto esculpido, com semelhante nome: "Nunca Mais".   

Mas o corvo, solitariamente empoleirado no busto plácido, não proferiu senão aquela palavra única, como se nela toda a sua alma se espargisse. Então murmurei em voz baixa: - Todos os amigos me têm deixado: amanhã, também este me fugirá, assim como todos os outros me fugiram, assim como voaram as minhas ridentes esperanças!E o pássaro tornou a dizer: - Nunca Mais!

Ao ouvir aquela resposta tão a propósito, estremeci. - Provavelmente, disse eu comigo mesmo, não sabia senão esta palavra. Isto ele aprendeu com algum mestre infortunado, a quem a ímpia desgraça perseguiu sem tréguas, e cujos cantares acabaram por não ter senão aquele melancólico estribilho, espécie de "De profundis" de toda as suas esperanças. - Nunca Mais!

Mas o corvo induziu ainda a minha alma triste ao sorriso; puxei a cadeira para defronte dele, do busto e da porta, e comecei a ligar idéia com idéia, procurando adivinhar o que aquela ave agourenta de outros tempos, o que aquele triste, desengraçado, sinistro, magro e agourento pássaro de outrora, queria dizer com "Nunca Mais!" 

Assim me detive um tempo, sonhando, meditando, porém sem mais dirigir a palavra ao pássaro, cujo olhar ardente me abrasava até o íntimo do coração. Eu procurava adivinhar o estribilho do corvo e muitas coisas mais, com a cabeça encostada ao estôfo da madeira; esse estôfo macio de veludo violeta, onde a cabeça dela se recostava outrora!... onde não se rescostará nunca mais!

Então pareceu-me que o ar se tornava mais espêsso, perfumado por um turíbulo invisível, balouçado por serafins, cujos passos deslizaram pelo tapete do quarto.  - Desgraçado! Exclamei eu; Deus, pelos seus anjos, manda-te tréguas e nepentes contra as saudades de Leonor! Bebe, oh! Bebe este bom nepente e esquece Leonor, perdida para sempre! E o corvo tornou a dizer: - Nunca Mais!

- Profeta! - disse eu - ser de desgraça! Pássaro ou demônio, contudo profeta! Pelo céu que nos cobre, pelo Deus que ambos adoramos, dize-me se esta alma, esmagada pela dor, poderá um dia, no paraíso longínquo, abraçar uma donzela santa, preciosa e deslumbrante, a quem as anjos chamam Leonor? respondeu:
- Nunca Mais!

-Sejam as tuas palavras o sinal da nossa separação, pássaro ou demônio! - exclamei eu - pondo-me em pé. Volta à tempestade e às costas da noite plutônica! Não deixes aqui nem uma só das tuas penas negras, em memória da mentira que acabas de proferir. Não violes por mais tempo a minha solidão. Tira-te da minha porta, arranca o teu bico do meu coração e precipita o teu espectro para bem longe deste quarto! O corvo disse: - Nunca Mais!

_E imutável, continua sempre empoleirado no pálido busto de Palas, por cima da porta do meu quarto. Os seus olhos, com um brilho demoníaco, parecem pensativos; a luz da minha lâmpada projeta a sua sombra sobre o solo, e além do circuito desta sombra, a minha alma não poderá elevar-se nunca mais!
 

 

FOLHETIM | LITERATURA | GRAMÁTICA | CONTATO | LINK'S | HTML