Chemla, un Champion du Monde vigneron


Lundi 3 novembre 1997 • flash sur le TransNational : notre bulletin de mercredi indiquait déjà la bonne position de l'équipe de Roudinesco-Delmouly. Ils auront été quasi constamment dans les dix premières places, ne ratant les demi=finales que par un écart correspondant à un demi-match (sur les seize joués). Victoire de l'équipe italienne de Burgay qui, sur l'ouverture de un Sans-Atout, joue les mêmes réponses que le nouveau Champion du Monde Alain Lévy. Comme les Américains n'auront gagné qu'une médaille d'or, chez les Dames, ils avaient beau jeu de se gausser de la "Burgay Convention" en ironisant : "on ne peut pas dire si c'est grâce à cette convention que Lévy et Burgay ont été Champions du Monde... ou malgré elle;".

Samedi premier novembre 1997 • en raison de la Toussaint, le cybercafé est closed, ainsi bien sùr que le dimanche.

Vendredi 31 octobre 1997 • flash de 18h45 : hier comme aujourd'hui, les sources de MARDIbridge manquent de fiabilité. Cliquez sur le lien de droite tout en haut de la présente page. Vous devriez avoir de meilleures infos en cette fin de Mondial.

Jeudi 30 octobre 1997 • flashà 15h05 : statu quo chez les hommes où la finale dure 160 donnes. En revanche, chez les Dames, la Nation favorite de MARDIbridge, la Chine, a déjà près de quarante points d'avance sur les Etats-Unis alors qu'il reste 112 donnes.

Mercredi 29 octobre 1997 • bulletin de 18h25 : Roudinesco-Stoppa, Svarc-Boulenger, Jaïs-Trézel... ce sont les derniers français à avoir disputé une finale de Bermuda Bowl. Chez les Dames, une meilleure concentration, notamment à la carte, aurait permis d'accéder à la finale : les deux paires échouent de 21 Imps en 96 donnes. Nos trois paires hommes sont encore plus expérimentées que l'équipe de France de 1996, tenante du titre olympique. Cependant, en face, Nickell-Freeman, les "Meckwell" et les inévitables Hamman-Wolff ne manquent pas non plus d'expérience pour la finale qui commence demain. Un Championnat du Monde "TransNational" se déroule aussi à Hammamet. Paradoxalement, la meilleure équipe française après deux jours y est celle capitainée par... Roudinesco

Mardi 28 octobre 1997 • bulletin de 18h15 : deux médailles d'argent assurées pour les Américains en train de s'entretuer dans deux des quatre demi-finales. En attendant les deux finales US <---> Reste du Monde, où en sont les Français après 32 des 96 donnes ? Chez les Dames, Pascale Thuillez et Catherine de Guillebon ne jouent pas ; les Chinoises, qui ne font quasiment pas de fautes, mènent de trente points IMPs. En Open, nous affrontons l'équipe comprenant le Champion du Monde individuel en titre : Geir Helgemo : à 28 ans, il rappelle étonnamment le français Pierre Ghestem au même âge. Mais ses coéquipiers, dès les premières donnes, ont été secoués par une incompréhension d'enchère en perdant 1700 à quatre Sans-Atouts contrés. La France mène actuellement de soixante points.

Le Champion Mystère

L'exploit olympique d'Alain Mimoun est présent dans toutes les mémoires. Dans celles des amateurs d'athlétisme bien sûr, mais aussi dans celles des bridgeurs d'alors. En 1956, Mimoun avait devancé le tchèque Emil Zatopek au marathon des Jeux de Melbourne.

Pourquoi diable l'inverse n'est-il pas vrai ? Pourquoi les amateurs d'autres sports ne se souviennent-ils pas qu'au bridge nous avions à l'époque acquis un titre mondial puis une couronne olympique par quatre ? Plus récemment, trouverait-on beaucoup de bridgeurs capables de nommer les trois paires - éclatées peu de mois après - ayant apporté à la France sa quatrième médaille d'or olympique par quatre.

Les licenciés de la FFB sont plus nombreux que ceux de bien des sports médiatisés, mais le bridgeur moyen n'est intéressé ni par l'histoire, ni par l'actualité de cette passion qui lui dévore tout son temps. C’est ainsi que la progression de Lévy-Mouiël, Bompis-Mari, et Multon-Svarc, ne fut suivie en 1996 que dans de rares clubs comme le Friedland. En revanche, dans un autre club francilien, je renonçais vite à l’annoncer à haute voix, faute d'obtenir un minimum de silence. Je fus encore plus dépité que quasiment personne ne s'arrête devant le panneau du club où j'affichais, jour après jour, ces Olympiades par équipes de quatre. Le bridgeur moyen se passionne donc peu pour l'actualité . . . idem pour l'histoire du jeu. Peu après la mort du numéro un mondial, ma brochure commémorative était proposée en dépôt-vente rue de Richelieu pour quinze francs. Quelques semaines après, rien n'était parti. S'il ne m'en reste aucune, c'est que je me suis résigné à les disperser gratuitement autour de moi . . . j`ai alors investi Internet, notamment l`URL http://members.aol.com/melatonine

De l'Olympe aux oubliettes

Au lieu de référencer complètement le Champion objet de cette double page, j'ai choisi de le masquer tout au long du texte. Un peu pour faire honte à ceux de mes amis bridgeurs qui savent mieux en quelle année Gaul ou Bahamontès a remporté le Tour de France cycliste. Les autres lecteurs se mettront dans la situation d'une énigme policière. Ils devront décider à quel moment ils sont certains qu'il s'agisse de tel Champion français. Je lui ai choisi le nom d'Albanger, pseudonyme obtenu à partir des quatre dernières lettres de Bellenger, longtemps chroniqueur au Figaro, bien avant Le Dentu, puisqu’Albarran aura tenu cette rubrique entre-temps.

Sunday Times

Le plus célèbre, et ce que je croyais être le plus ancien, des Masters par invitation porte le nom d'un respectable hebdomadaire britannique. D`après la plus récente édition de l'Encyclopédie Américaine, Albanger serait le premier vainqueur français de ce Sunday Times. J'étais tout fier de le rappeler à Albanger. Il m'a aussitôt refroidi car, en 1960, ce tournoi avait encore son sponsor d'origine et s'appelait le Waddington Pairs.

Olympe 1960

Selon le raisonnement d'Albarran, qui décèdera quelques semaines après, la victoire d'Albanger à ce Waddington Pairs était plus ardue qu'une victoire en Championnat du Monde. En effet, en Bermuda Bowl, on fait équipe avec deux autres paires, alors que, dans ce Masters londonien, il fallait devancer la totalité des paires anglo-saxonnes. Cependant, lorsque Albanger remporte la même année les Olympiades par quatre, il y représente officiellement la France. Cet exploit ajoute une dimension supplémentaire à sa carrière d’international aux nombreux podiums européens. Je rage que ce tout premier Olympe ait eu un si faible retentissement médiatique. Deux ans auparavant, en Suède, le onze français avait été éliminé avant la finale. Et pourtant, que ne nous parle-t'on depuis des Kopa, Piantoni, Vincent, et Fontaine, et de la persistance du record de ce dernier comme meilleur buteur d'une Coupe du Monde de football.

Olympe bis

De toutes ses compétitions, l'évocation du printemps 1968 est la plus chère au souvenir d'Albanger. Non! il n'y manifestait pas! Peut-être d'ailleurs certains futurs médaillés olympiques français de Valquembourg en 1980 étaient-ils sur les barricades ? Juste avant les Olympiades de Deauville, Albanger avait joué un rôle dans les négociations des accords de Grenelle. Certes, cela n'a rien à voir avec le bridge. Mais, puisque ce recto-verso prétend démontrer par l'absurde le peu d'impact de l'histoire du jeu, peut-être que l'Albanger cuvée 1968 sera le seul à vraiment traverser les siècles!!!

Olympe ter

Nous avons choisi sa dernière apparition lors des IVe Olympiades pour clôturer ce survol de la carrière d'Albanger. A Miami, Avarelli, Belladonna, D'Alelio, Forquet, Garozzo, Pabis-Ticci - la fameuse Blue-Team avec les mêmes six hommes déjà vainqueurs en 1964 et en 1968 - accomplissent en 1972 un hat trick dont on doute fort qu'il puisse être surpassé avant la fin du siècle. Les Français, pourtant, finiront par totaliser quatre titres : à celui de 1960 d'Albanger, s'ajouteront ceux de 1980, 1992 et 1996. Albanger y sera, avec son unique partenaire, le roc de l'équipe de France. Le capitaine a cependant fort à faire avec les deux autres paires. Un peu tard sans doute, il prend même la décision de les dissocier. C'est ainsi, qu'à deux jours de la fin, reapparait au niveau international la paire d'espoirsChemla-Lebel.

Conclusion

Alors qui est cet Albanger ? De nombreux indices parsèment ces deux pages. Ces dernières années, un ouvrage bien diffusé a tenté de retracer l'histoire du bridge français. Je parle des chapitres écrits par Pierre Schemeil dans le Larousse du Bridge. Attention! la seule lecture du Larousse ne suffira pas à résoudre l`énigme. De façon moins livresque, Albanger rend souvent visite - et pour encore longtemps, j'espère - aux temps forts de la saison française : la Sélection, mais aussi la Division Nationale dont il fut le premier lauréat. Par ailleurs, il continue à être acteur : un énième titre de Champion de France s'est ajouté à sa collection en 1997.


revenir au début