IV.—De la Création.

Explication- —Ordre de la création.—Remarques au sujet du recit de Moïse.

19.—Que signifient ces paroles: Créateur du ciel et de la terre?

Elles signifient que Dieu a fait de rien, par la puissance de sa parole, le ciel et la terre, et tout ce qu'ils renferment. Il y a entre l'oeuvre de Dieu et celle de l'homme cette grande différence, que pour faire quelque chose l'homme a besoin d'éléments: il faut au peintre de la toile et des couleurs; au sculpteur, du marbre, de la pierre; à l'architecte, des matériaux. Dieu, au contraire, crée, c'est-à-dire qu'il tire du néant par sa parole: " Il a dit: et tout a été fait. "

Par le mot de ciel, on entend ici non seulement le firmament et les astres, ou la matière qui devait servir à les former, mais encore le ciel avec ses habitants c'est-à-dire les anges; et par le mot de terre, on entend aussi tout ce qu'elle contient, c'est-à-dire les minéraux, l'eau, les plantes, les animaux et les hommes.

20.—Quel a été l'ordre suivi dans la création ?

Voici, d'après le récit de Moïse, au livre de la Genèse, l'ordre de la création:

" Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre " c'est-à-dire, selon l'explication de saint Augustin, la matière qui devait servir à former le monde sidéral et terrestre. Mais cette matière était encore informe, et Dieu la perfectionna dans l'œuvre des six jours.

" Le premier jour, il dit: Que la lumière soit!— Et la lumière fut.—La lumière, c'est-à-dire ce fluide encore mystérieux qui, mis en vibration, devait éclairer et réjouir le monde.

" Le deuxième jour, il fit le firmament. " C'est cette étendue, cet espace consistant, formé d'une couche d'air qui se nomme l'atmosphère, et au-dessus de laquelle sont les vapeurs d'eau qui, se condensant, retombent en rosée et en pluie.

" Le troisième jour, Dieu sépara la terre d'avec les eaux, et il donna à la partie aride le nom de terre, et aux eaux rassemblées le nom de mer. " Puis il fit germer les plantes et les arbres, produisant une semence, chacun selon leur espèce.

"Le quatrième jour, il fit le soleil, la lune et les étoiles. " Ces trois mots résument tout un monde de merveilles: le soleil, corps lumineux, 1 400 mille fois plus gros que la terre; la lune, qui nous renvoie ses rayons pendant la nuit; 80 millions d'étoiles, dont chacune est une création merveilleuse, dont la plus petite est un million de fois plus grande que le soleil.

" Le cinquième jour, Dieu fit les oiseaux qui peuplent les airs, et les poissons qui remplissent l'Océan et les fleuves. "

" Le sixième jour, Dieu créa les animaux terrestres reptiles et quadrupèdes, chacun selon son espèce. " Et le texte sacré remarque que Dieu vit que toute sa création était belle. Pourtant il lui manquait un roi; sur la fin de ce même jour, Dieu se recueillit et il dit: Faisons l'homme à notre image. Puis il forma de terre le corps de l'homme, et il lui donna une âme vivante.

" Et le septième jour, Dieu se reposa ", c'est-à-dire qu'il cessa de créer.

21.—N'avez-vous pas à faire, sur ce récit, quelques remarques?

Oui, nous pouvons remarquer: 1° Que le mot hébreu dont s'est servi Moïse, et que nous traduisons par le mot jour, signifie dans le texte primitif aussi bien une période indéfinie, et qu'il est permis, en conséquence de l'interpréter dans un sens autre qu'une durée de vingt-quatre heures

2° Quant à l'ancienneté du monde, la Bible nous révèle seulement qu'il n'est pas éternel, et elle ne nous fixe pas la date de sa création. Toutefois les chronologies bibliques ne donnent l'histoire de l'humanité que pour une période qui ne remonterait guère au delà de six mille ans.

3° La Bible mentionne que les plantes et les animaux ont été créés selon leur espèce; elle donne le récit de la Création spéciale de l'homme: d'où il résulterait que les êtres actuels ne sont pas le résultat de transformations successives.

4° Enfin, après avoir eréé le monde en sept époques, Dieu rentra dans son repos: c'est l'origine du repos sabbatiques de la division du temps en semaines, et de la Sanctification du septième jour

CONCLUSION PRATIQUE

Nous vivons au milieu des œuvres de la création sans presque nous en rendre compte. Et cependant en regardant le ciel, en contemplant la terre avec ses merveilles, en jetant les yeux sur l'océan, comme il y aurait lieu de s'écrier avec David: "O Seigneur, que vos œuvres sont admirables, et que votre nom est grand dans tout l'univers ! "

Dieu est grand dans les grandes choses, et il n'est pas petit dans les moindres. Une feuille d'arbre, dit saint Augustin est aussi difficile à former que le firmament, et il ne faut pas une moindre vertu pour créer un cheveu que pour créer un corps." L'admiration et la reconnaissance seront désormais nos dispositions habituelles