Espérance, dis-moi qui tu es ?


Gérard Desrochers, C.Ss.R

 

 

 

Saint Pierre demande que les chrétiens donnent raison de leur espérance, qu’ils soient prêts à expliquer pourquoi ils espèrent en Dieu (1 P 3, 15).

 

Nous rencontrons tellement de prophètes de malheur, des gens qui nous rabâchent sans cesse que tout va mal dans le monde et que d’autres fléaux vont surgir. Il y a des chrétiens parmi eux. Il y en a même qui se servent de l’Apocalypse pour propager la peur, alors que ce livre biblique proclame un message d’espérance.

 

Oui, le monde contemporain désespère. Il faut lui redonner l’espérance.

 

Nous écoutons les nouvelles à la télévision ou à la radio, nous lisons les journaux. Apparemment, tout va mal dans le monde. Les gens s’entretuent dans des guerres qui, comme des feux de brousse, flambent partout. Il y a le terrorisme, la torture, les viols, les réfugiés, la famine. Il y a les multinationales et les grandes industries qui sont des ventouses d’argent pour les riches, ou qui, soudainement, font faillite.

 

Il y a la tragédie de l’avortement. Il y a la légalisation de l’euthanasie. Il y a la montée récente de l’eugénisme. Il y a les drames des foyers, il y a des couples qui se séparent, des enfants sans affection, des personnes âgées qui pleurent dans la solitude. Il y a le chômage et les soucis financiers. Il y a la souffrance de la maladie, du sida surtout, l’anxiété et l’angoisse. Plusieurs se suicident. D’autres essaient d’oublier ; ils s’aventurent dans la drogue, la boisson, le sexe facile. Pour beaucoup, le bonheur n’existe pas, la vie est absurde.

 

S’il y a une vertu nécessaire aujourd’hui, et plus que jamais, c’est celle de l’espérance, de l’espérance chrétienne.

 

L’écrivain Charles Péguy disait que l’espérance était cette petite fille toute simple, toute menue, timide. Elle tient de ses deux mains ses deux grandes sœurs, la foi et la charité, mais c’est elle, la petite fille du nom d’Espérance, qui tire de l’avant ses deux grandes sœurs. Peut-on avancer dans la vie sans l’espérance ?

 

Nous sommes chrétiens. Depuis notre baptême, nous possédons trois vertus primordiales : la foi, l’espérance et la charité. Ces trois vertus théologales nous mettent en contact direct avec le Seigneur.

 

Nous croyons en Dieu, en son amour, en sa Providence. Nous croyons en la Bonne Nouvelle, en Jésus qui nous aime, en Jésus vivant. Nous croyons en la résurrection glorieuse. Si nous, croyants, n’avons pas d’espérance chrétienne, qui va donner cette espérance à un monde qui désespère ?

 

 

UNE FAUSSE ESPÉRANCE

 

L’espérance, c’est quoi ?

 

Disons d’abord ce qu’elle n’est pas. L’espérance chrétienne n’est pas un espoir limité, comme celui d’obtenir la guérison ou un emploi.

 

L’espérance chrétienne ne s’identifie pas à l’optimisme naturel. Il y a de ces tempéraments heureux, joufflus de bonne humeur. Pourtant, ces «sanguins » de la vie, qui rient volontiers et nous égayent de leur joie exubérante, connaissent, eux aussi, la souffrance et l’échec imprévu. L’espérance chrétienne est beaucoup mieux que cela !

 

L’espérance chrétienne ne tire pas son origine du fait que nous sommes jeunes, en santé, beaux et riches. Elle ne repose pas sur l’espoir de gagner de gros sous au bingo, au casino, à une quelconque loterie. Elle est beaucoup mieux que cela !

 

L’espérance chrétienne ne vise pas un succès éphémère, la réussite dans telle entreprise, l’assouvissement d’une ambition. L’échec peut vite survenir et laisser un relent d’amertume. L’espérance est beaucoup mieux que cela !

 

L’espérance chrétienne ne tire pas son origine ni sa vitalité des circonstances heureuses de la vie. Car rien n’y est pour satisfaire pleinement le cœur humain. « Tout est vanité et poursuite de vent » (Qo 1, 14).

 

L’espérance chrétienne ne se limite pas à notre vie sur terre ; elle ne concerne pas uniquement notre vie dans l’au-delà. Elle ne se borne pas à une libération et à une harmonie terrestres ; elle n’est pas fuite dans l’eschatologie. Elle rejoint notre vie ici-bas et notre vie éternelle.

 

 

L’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE, C’EST QUOI ALORS ?

 

Les espoirs humains fragmentés risquent de ne pas se réaliser ou, s’ils se réalisent, de disparaître subitement. L’espérance chrétienne, elle, affecte notre vie entière et la transforme.

 

L’espérance chrétienne est durable ; elle subsiste au sein de l’épreuve, dans la pauvreté et la maladie.

 

Le nouveau Catéchisme de l’Église catholique affirme que « l’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des Cieux et la vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit » (No 1817).

 

L’espérance est une attente, un désir de bonheur, avec l’aide de Dieu et notre collaboration.

 

Avec l’aide de Dieu, du Christ Jésus, car, sans lui, nous ne pouvons rien faire (Jn 15, 5). Avec notre collaboration, car, autrement, ce serait nous fier uniquement sur un Dieu qui interviendrait sans nous dans l’histoire de l’humanité et notre propre histoire. Nous n’aurions plus cette liberté qui vient de lui.

 

L’espérance est une attente et un désir qui sont fondés sur la victoire du Christ sur le péché et la mort, et sur sa résurrection. Grâce à lui, nous attendons avec con-fiance, non seulement des instants passagers de joie, mais le salut de toute notre vie, un bonheur éternel. « Notre salut est objet d’espérance », écrit saint Paul (Rm 8, 24).

 

Et si, dans notre cœur, brûle sans cesse la flamme de notre espérance chrétienne, c’est que nous croyons en un Dieu qui nous aime gratuitement, infiniment, personnellement et fidèlement. Comme le père de l’enfant prodigue, il nous aime en dépit de tous nos péchés (Lc 15, 11ss). Il se tient près de nous dans nos joies et nos peines, dans nos déboires financiers, dans nos troubles de santé, dans nos échecs matrimoniaux. Il nous aime inconditionnellement et voilà pourquoi nous nous tournons vers lui avec confiance et nous espérons.

 

L’espérance chrétienne, dit la Bible, ne déçoit pas (1 P 2, 6).

 

L’espérance chrétienne repose en Dieu. L’espérance chrétienne engendre la confiance et un abandon filial entre les mains de notre Père du ciel.

 

Pensons à la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus, cette enfant de Dieu. Elle nous a indiqué le chemin spirituel le plus beau, le plus agréable, le plus rapide. Elle est le Docteur de cet amour divin qui suscite l’espérance et la joie. Elle a tracé de sa vie et de sa doctrine la petite voie d’enfance. De son pas d’enfant, soutenue par son Père céleste, elle a gravi la montagne de la sainteté. La petite sainte s’est révélée un premier de cordée.

 

Pourquoi ne pas l’imiter dans son espérance, pourquoi ne pas avoir en Dieu une confiance totale ?

 

Et cela, malgré les souffrances et même les faiblesses de la vie !

 

 

LES PÉCHÉS CONTRE L’ESPÉRANCE

 

Mais il y a des péchés contre l’espérance. L’un d’entre eux s’appelle le désespoir. De nos jours, plusieurs sont tentés par le désespoir. Ce désespoir surgit aux détours de notre pèlerinage terrestre. Il se nourrit de souffrance et d’angoisse. Il prend vigueur quand nous réalisons jusqu’à quel point nous sommes faibles, quand nous sommes hypnotisés par nos fautes du passé.

 

Le désespoir vient de ce que nous nous regardons nous-mêmes plutôt que de regarder Dieu. Le désespoir vient quand nous avons la tête dans le dos à ruminer le passé.

 

L’espérance, elle, vient d’un regard en avant vers Dieu qui nous aime, nous sourit et nous tend les bras. « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8).

 

Un autre péché contre l’espérance, la présomption. Celle-ci se manifeste de deux manières. Nous péchons par présomption quand nous nous fions à Dieu sans accomplir notre part. Par ailleurs, nous péchons aussi par présomption quand nous agissons sans demander l’aide du Seigneur.

 

La présomption, quelle qu’elle soit, n’est-elle pas un obstacle qu’affrontent beaucoup de chrétiens qui veulent se sanctifier ou faire du bien ?

 

 

NOTRE VIE SPIRITUELLE ET NOTRE APOSTOLAT

 

La petite Thérèse a vécu d’espérance et d’abandon. Notre propre vie spirituelle dépend de notre confiance en Dieu.

 

Cette confiance en Dieu ne peut être trop grande, non pas à cause de nos vertus ou de nos mérites, mais parce que l’amour de Dieu pour nous est illimité. Qui que nous soyons, l’amour de Dieu pour nous est sans borne.

 

Notre progrès spirituel et notre sainteté sont en proportion de notre confiance en Dieu.

 

De même notre apostolat, notre ministère, notre engagement ! Si nous proclamons Jésus Christ sans confiance, nous sommes comme des soldats sans arme.

 

Le succès de notre apostolat est, lui aussi, en proportion de notre confiance en Dieu. En parlant de Dieu à vos enfants, à vos petits-enfants, à vos amis, ayez confiance que l’Esprit saint agit en vous et à travers vous, qu’il est présent et à l’œuvre dans ceux et celles qui vous écoutent.

 

La vie chrétienne est une vie d’espérance. Ce qui nous manque le plus dans notre vie chrétienne, c’est la confiance en Dieu !

 

L’Esprit saint souffle sur notre barque et la fait avancer, pourvu que nos voiles soient gonflées d’espérance et de confiance !

 

 

Rédemptoriste, le père Gérard Desrochers s'occupe de la pastorale du sanctuaire et dirige le secrétariat à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré. Généreux collaborateur du Renouveau charismatique, il est membre du Comité de rédaction de Selon Sa Parole.

 

 

Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église

Selon Sa Parole mars-avril vol. 28 numéro 2

 

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Dernière mise à jour 25 mai 2002

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