Le Sanctificateur
Témoignage du père Raniero Cantalamessa

Pour souligner la Pentecôte qui vient et susciter une vive espérance, nous vous présentons le témoignage du père Raniero Cantalamessa. Nous avons reçu avec émerveillement ce témoignage lors du congrès charismatique catholique tenu à Ottawa, en août 1998.

Nous avons légèrement retouché le texte pour en faciliter la lecture tout en conservant la spontanéité et la vivacité des expressions du langage parlé.

En raison de la longueur de ce témoignage, nous en échelonnerons la présentation sur trois numéros.

Nous espérons que cette initiative vous plaira et nous permettra de nous ouvrir davantage au Souffle puissant de l'Esprit.


L'extraordinaire Nouvelle de la Résurrection du Christ

Qu'est-ce qu'il y a de nouveau ? Quelles sont les nouvelles de votre règne, Père céleste ? Aujourd'hui, dimanche, c'est le jour de la résurrection. Rayonnons de joie ! Aujourd'hui, le Christ est ressuscité !

Voyez ! Chaque jour, on reçoit le journal. On voit des nouvelles. Quelques-unes sont écrites avec des lettres très grandes. Ce sont des nouvelles formidables, des nouvelles qui vont changer le monde !

Voyez le journal du lendemain ! On a déjà tout oublié ! Le journal de la veille, on l'a jeté... comme d'habitude, n'est-ce pas ? C'est fini ! Ces nouvelles-ci sont déjà périmées, tandis que cette Nouvelle-là, après 2 000 ans, est toujours fraîche, réelle, vraie.

Beaucoup ont essayé de bloquer cette Nouvelle : " Le Christ est ressuscité ! ". On a construit des murs comme celui de Berlin. Mais les murs sont tombés... et l'onde, cette onde solennelle, qui porte la Nouvelle de la résurrection du Christ, continue et continuera jusqu'à la parousie... Amen !

Lisons maintenant la conclusion du récit de la Pentecôte. L'effet... Voilà le résultat... l'effet du discours de Pierre :

D'entendre cela, ils eurent le cœur transpercé et dirent à Pierre et aux autres apôtres : " Frères, que devons-nous faire ? " Pierre leur répondit : " Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit " (Ac 2, 37-38).

Quel passage magnifique ! Quel changement dans cet-te foule de 3 000 personnes ! Je me disais déjà qu'ils pouvaient très bien protester sur ce que Pierre venait de dire : " Vous avez crucifié Jésus de Nazareth ". Au contraire... Les voilà convaincus que c'était vrai, qu'ils avaient péché, qu'ils avaient crucifié le Seigneur. Ils ont été transpercés par l'épée de la Parole de Dieu.

On voit ici que vraiment la Parole de Dieu, le kérygme, est l'épée de l'Esprit, épée douce et salutaire. Ces gens ont ouvert les bras et ont dit : " Frères, que devons-nous faire ? " Et Pierre a répondu : " Repentez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle et recevez le don du Saint Esprit : faites-vous baptiser ".

Dans le baptême, portail de l'Église, se répète le miracle du repentir qui ouvre la porte à l'effusion de l'Es-prit. Ce miracle peut se répéter. La première fois, c'était lors du baptême. Ce sacrement a créé un nom et une possibilité pour de nouvelles pentecôtes.

Et une rencontre comme celle d'aujourd'hui, durant ce congrès, doit être... mais non... elle est l'occasion d'une nouvelle Pentecôte.

Il faut donc maintenant entrer dans cette foule à laquelle s'adresse Pierre et faire sienne cette Parole, se l'approprier. Nous sommes aussi ces 3 000 personnes qui, recevant le kérygme, ouvrent les bras et disent : " Que devons-nous faire ? " - " Repentez-vous ! "

Le repentir, la repentance, c'est notre arme ; c'est notre meilleure chance, la chance la plus forte que nous ayons avec Dieu. " Se repentir, disaient les Pères de l'Église, c'est comme une deuxième table pour ceux qui ont fait naufrage après le baptême ". Et qui n'a pas fait naufrage après le baptême ?

La repentance... c'est une deuxième chance que le Seigneur nous donne. Alors, qu'est-ce que le repentir ? Il est un changement de mentalité ou encore un changement de jugement. Il faut commencer par juger de la réalité des choses : ma vie, la vie de ma famille, mon travail, le monde entier avec un autre jugement. Juger à la lumière du jugement de l'Évangile. Il y a quelque chose encore de plus profond dans la repentance. La vraie repentance, c'est lorsque j'abandonne tout jugement et que j'accepte le jugement de Dieu. Voilà le miracle !

Se repentir, c'est entrer dans l'abîme du jugement de Dieu et commencer à voir les choses de sa vie, la vie autour de soi, à partir du cœur de Dieu. Se repentir, c'est voir les péchés avec les yeux de Dieu.

Alors, viennent les pleurs. On comprend que ceux qui ont fait l'expérience d'une réelle repentance ne restent pas impassibles, car c'est un changement radical. Pour se repentir, il faut simplement dire : " Seigneur, je ne me connais pas. Je ne sais pas exactement comment je suis devant toi ; je ne sais pas mes responsabilités et mes attentes. Il n'y a qu'une seule personne dans l'univers qui connaisse la vérité tout entière sur moi. Cette personne n'est sûrement pas moi, ni même mon confesseur. Mais toi, Seigneur ! Tu connais la vérité totale sur moi et j'accepte ta vérité ".

Ces 3 000 personnes, ce jour-là, ont accepté le jugement de Dieu sur elles et sont devenues des créatures nouvelles. Après cela, selon la promesse de Pierre, on reçoit le don du Saint Esprit. On le reçoit de nouveau. On l'a reçu, bien sûr, dans le sacrement du baptême, on l'a reçu dans la confirmation. Nous l'avons reçu, nous les prêtres, dans notre ordination sacerdotale ; vous, les mariés, vous l'avez reçu encore avec la grâce d'état dans votre mariage. Mais il y a toujours, pour le Seigneur, la possibilité d'une effusion nouvelle... d'une visite nouvelle... d'une accélération dans le cheminement chrétien.

Ma petite pentecôte personnelle...

Et si vous me permettez maintenant, je vais vous dire maintenant comment cela s'est passé dans ma vie, comment j'ai connu cette accélération, ce nouveau départ dans ma vie.

Mon histoire spirituelle avec le Seigneur débute assez tôt. J'avais 12 ans. C'était juste après cette guerre que j'ai vue passer sur ma tête, en Italie. (...) J'étais donc un garçon qui sortait des horreurs de la guerre, avec toutes les angoisses, les peurs de nuit, celles de jour, avec tous les dégâts moraux que la guerre apporte.

J'étais un garçon qui sortait de la guerre, en 1945. Puis, je suis entré au collège des Capucins, ouvert à ces possibilités : soit étudier, soit entrer dans la vie religieuse...

Trois mois plus tard, j'ai vécu la première retraite de ma vie. Pour la première fois, je me suis trouvé exposé aux vérités éternelles : l'existence de Dieu, l'amour de Dieu, l'enfer... Je me rappelle toujours l'impression vécue à la suite du sermon sur l'enfer ; ça m'a aidé à me rendre compte que la vie était quelque chose de très, très sérieux. Je suis sorti de cette retraite avec la certitude que le Seigneur m'appelait à me consacrer à lui entièrement dans la vie religieuse franciscaine capucine. Je voyais cela à 12 ans, avec une telle clarté que maintenant encore, avec toute ma théologie, j'ai peine à la retrouver toute cette clarté. Je disais aux gens, à mes parents : " C'est la plus grande grâce après le baptême ". J'en étais convaincu. Ce n'était pas que des mots. J'appelai mon père et lui fis part de ma décision. J'avais une sœur, mais j'étais garçon unique ; il a eu un peu de peine avant d'accepter, mais après il était très content.

Tel fut le commencement de ma vocation religieuse, le premier appel du Seigneur, accompagné comme toujours de cette clarté que la découverte de la visite de Dieu donne aux hommes ; une clarté que l'on ne peut construire artificiellement, vous le savez bien. C'est une lumière toute particulière, qui ne vient pas du dehors ; c'est en dedans, si bien qu'un jour, me prome-nant avec mes compagnons dans la montagne - on avait la ville à nos pieds - je disais : " Tu vois ! Le Seigneur nous a appelés à cheminer dans la vie à cette hauteur, comme au-dessus du monde ! "

Ma formation a duré 15 ans. J'ai fait le lycée puis, ma théologie à Lorette, à côté de la Vierge, dans son célèbre sanctuaire. Ordonné prêtre en 1958, les supérieurs m'ont envoyé d'abord étudier en Suisse où j'ai fait un doctorat en théologie puis, à l'Université catholique de Milan, pour mes études classiques et mon doctorat en lettres et en philosophie.

Dès que j'ai eu terminé, le recteur de l'Université m'a demandé d'y rester pour ouvrir une chaire en Histoire des origines chrétiennes. J'avais bien réalisé ma vie : mes supérieurs étaient très contents de mon ministère, de mon service dans la grande Université catholique Milanaise.

Toutefois, en me promenant dans le cloître, j'avais souvent l'impression que saint François me regardait avec un certain air tout spécial ! (Vous savez, on est très respecté à l'université lorsqu'on est professeur ; les étudiants sont pleins de respect, surtout quelques jours avant les examens.) Et je me disais qu'il faudrait un changement radical de vie, revenir vraiment à la simplicité et à la pauvreté de saint François d'Assise. J'avais une vague idée d'un tel changement, mais je ne m'en sentais ni la force, ni la motivation.

(À suivre)

Le père Raniero Cantalamessa, né en 1934, religieux capucin, a été professeur et directeur du département des Sciences religieuses à l'université catholique du Sacré-Cœur à Milan et membre de la Commission théo-logique internationale de 1975 à 1981. Depuis 1980, il est prédicateur de la Maison pontificale où il donne une méditation, chaque semaine de l'Avent et du Carême, devant le Pape, les cardinaux et évêques de la curie et les supérieurs généraux des Ordres religieux.

Magazine SELON SA PAROLE (QUÉBEC) traitant de questions reliées à la spiritualité, l'évangélisation, l'éducation de la foi et la vie en Église
Selon Sa Parole mai-juin vol. 28 numéro 3


Retour à la page d'accueil

Dernière mise à jour 10 décembre 2002

Page d'accueil| Sommaire| HREF="act5.htm">Activités| Informations nationales| Informations internationales| Moteur de recherche