Entrée en matière

"ET CEUX-CI SERONT GUÉRIS" (Mc 16,18)

Gérard Desrochers

Tous connaissent l'heureuse influence qu'exercent les endroits de pèlerinage, ces hauts-lieux de foi et de prière où le Seigneur guérit les âmes, les coeurs et même les corps. Ainsi en est-il en ce lieu que je connais davantage, le Sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré. La bonne sainte Anne attire vers elle une foule de pèlerins souffrants et malheureux, à l'affût d'une consolation, dans l'espoir d'une guérison. Le cortège de malades et de personnes souffrantes défile sans interruption, la longue lignée de ceux et celles qui se recommandent à sainte Anne, la sainte de la tendresse. Beaucoup reviennent remercier grand-maman sainte Anne; ils sont guéris, ils sont consolés, ils sont fortifiés. Ils reprennent avec courage le bâton du pèlerin pour continuer la grande marche terrestre vers la basilique du ciel. Sainte Anne est une sainte vraiment charismatique, comme le sont d'ailleurs tous les saints!

La guérison demeure une sujet d'actualité. La guérison est le souhait ardent d'une foule de personnes, surtout en notre monde malade et blessé. La guérison est le cri d'espoir de tant de gens qui endurent dans leur corps l'agonie de l'infirmité, qui éprouvent dans leur coeur la détresse d'un amour éclaté, qui subissent dans leur âme l'angoisse du désespoir. Ils sont âgés; ils sont jeunes aussi.

Ces pages nous parlent de guérison. Elles offrent à notre réflexion des considérations doctrinales et pratiques. Les groupes de prière trouveront ici de quoi alimenter leurs échanges sur ce point chaud d'actualité, le domaine de la guérison.

Dans le passé, le comité de pastorale du Renouveau charismatique a publié des textes judicieux sur différents thèmes; certains touchaient la guérison. Dans la collection "Croître dans l'Esprit", nous nous sommes tous enrichis de sainte doctrine. Nous y trouvions des brochures comme "La guérison intérieure et la vie dans l'Esprit", "La guérison intérieure et l'agapèthérapie", etc. La guérison suscitait l'intérêt, et elle en éveille toujours.

Aujourd'hui, dans les pages de la revue Selon sa Parole, nous puisons un enseignement solide et équilibré sur le thème de la guérison. Signe de l'importance du sujet traité: le Conseil canadien du Renouveau charismatique a élaboré lui-même un "Guide pratique sur l'exercice du ministère de guérison". Il ne l'aurait pas rédigé s'il n'avait pas réalisé la valeur de la guérison comme charisme et ministère.

Certains trouveront peut-être le texte trop prudent; d'autres le considéreront trop ouvert. Crédulité d'une part; méfiance d'autre part. Je crois que tous, tant que nous sommes, nous y trouveront l'expression de la sagesse, le point de vue de la Parole de Dieu, l'enseignement équilibré de l'Église.

La prière de guérison, que nous exerçons dans le Renouveau charismatique en particulier, ne se limite pas à obtenir la guérison physique, mais aussi la guérison intérieure, celle qui nous donne de vivre en plénitude et joyeusement notre vie chrétienne. L'objectif fondamental de la prière de guérison est d'acquérir un meilleur amour du Seigneur, de vivre en bonne santé une vie plus fervente, de jouir d'une montée accélérée vers le ciel. Le Conseil canadien du Renouveau charismatique n'hésite pas à étudier les problèmes d'ordre pratique lorsqu'il traite de la guérison.

Guy Stremsdoerfer abonde dans le même sens. Pour lui, la prière de guérison ne se sépare pas de l'oeuvre du salut. Elle ne se glisse pas simplement parmi les thérapies douces. La guérison est liée à l'évangélisation, elle témoigne de la venue du Royaume de Dieu parmi nous. Elle requiert une longue convalescence avec accompagnement si possible, mène à la sanctification individuelle et favorise la croissance du groupe de prière, une croissance qui n'est pas repliement sur soi. Ces deux textes, celui du Conseil canadien et celui de Guy Stremsdoerfer, forment l'ossature du présent numéro.

Il est beau de parler de guérison comme signe de la présence divine au milieu de nous, il n'en demeure pas moins que, pour les pauvres êtres humains que nous sommes, le découragement peut nous affaiblir étrangement certains jours, même et surtout si nous sommes responsables. Aussi pouvons-nous lire les heureuses suggestions de Nikol Baldicchino. D'illustres personnages avant nous ont connu les événements fâcheux de la vie, et leur moral en fut durement affecté. Eux aussi furent atteints de la maladie du découragement. Dans la foi, ils en ont été guéris et sont repartis de l'avant. Pourquoi pas nous?

Gaspard Martin nous prévient de certains écarts ou, si vous préférez, de certains dangers, ceux de nous laisser envoûter par les énergies naturelles que nous pouvons voir à l'oeuvre. Ces forces cosmiques ou ces énergies naturelles sont ambiguës, utiles peut-être en certaines circonstances, mais dangereuses par leur côté obscur, car elles sont ouvertes aux intrusions du Prince des ténèbres. Prenons garde aux avantages temporaires ou aux guérisons superficielles qu'elles suscitent. Tournons-nous vers le Seigneur qui, seul, sauve et guérit, qui guérit parce qu'il sauve.

J'ai beaucoup aimé la lecture des propos de Monique Anctil. Cette lecture réveille notre vocation missionnaire. Celle-ci est une nécessité qui jaillit de notre baptême, un besoin d'évangéliser, de faire connaître la Bonne Nouvelle. L'évangélisation se fait en lien avec les charismes reçus de l'Esprit, grâce à une foi contagieuse. L'audace de notre foi couve trop souvent sous la cendre de nos pusillanimités.

Madeleine Rinfret brosse un tableau historique de l'oeuvre de l'Esprit dans L'Église de Montréal. De quoi susciter nos louanges. De quoi nous faire espérer que d'autres diocèses témoigneront de l'Esprit qui, toujours, est vivant!

Ces pages nous rappellent que, dans sa bonté, l'Esprit de Dieu nous accompagne et nous guérit.

Une fois guéris, que l'Esprit nous inspire la louange du Seigneur et nous pousse au dehors pour répandre la Bonne Nouvelle.

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