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Selon Sa Parole juin-juillet 1998 vol. 24 numéro 6

LES SYMBOLES DE L'ESPRIT SAINT
Thérèse Lapierre
Pour nous représenter les réalités du ciel, nous n'avons pas d'autres moyens que de nous servir des réalités terrestres. En nous servant des symboles nous prenons des choses matérielles pour exprimer ce qui est spirituel. Ainsi l'Écriture et la Tradition chrétienne utiliseront une grande quantité de symboles pour nous présenter la mystérieuse personne de l'Esprit Saint.

LE VENT ET LE SOUFFLE

L'image du vent et du souffle est celle que nous utilisons le plus souvent pour désigner l'Esprit, car elle signifie à la fois en latin, en hébreu et en grec, le vent ou le souffle de vie. Le vent chasse les nuages, soulève la poussière, transporte les graines, le pollen; tandis que le souffle nous apporte l'oxygène qui nous permet de respirer. Nous pouvons dire que l'Esprit est mouvement, circulation, vie. Ce qui fait qu'un être est vivant à sa naissance, c'est qu'il respire. C'est le souffle de Dieu qui donne à l'homme d'être vivant. Jésus dit à Nicodème: «Le vent souffle où il veut; tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit» (Jn 3,8). L'image du vent nous éclaire sur le rôle de l'Esprit. Le vent nous indique la direction vers laquelle il souffle. Dans le coeur de celui ou celle qui croit et qui est né de l'Esprit comme Nicodème, l'Esprit Saint est à l'oeuvre. Si nous nous laissons conduire par l'Esprit Saint, il nous entraîne librement dans une direction que lui-même détermine. L'action intérieure de l'Esprit sollicite toujours notre liberté, c'est pourquoi il est assez rare que le vent souffle avec violence et nous entraîne malgré nous dans la direction où il souffle.

Élie au mont Horeb a perçu la présence agissante de Dieu dans le murmure délicat d'une brise légère. Il faut se mettre en état de silence et d'accueil pour percevoir dans quel sens cette brise légère, qui est le souffle même de l'amour de Dieu, veut nous mener en ce monde. Plus souvent l'Esprit Saint nous mène et nous emporte vers Dieu comme une brise légère, non comme un gros coup de vent. Quand Jésus dit à Pierre: «Un autre te nouera la ceinture et te conduira là où tu ne voudrais pas aller» (Jn 21,18), Jésus lui dit que l'Esprit Saint lui donnera la force d'aller jusqu'à la croix et de donner sa vie. Le mouvement, le souffle de l'Esprit qui vient de Dieu, nous pousse, nous entraîne ou plutôt nous attire vers Dieu.

Quand Jésus parle à Nicodème d'une nouvelle naissance, l'image du souffle est aussi présente. L'Esprit est le souffle qui vient de l'intérieur, le souffle de vie. Le premier homme, Dieu lui insuffla dans les narines un souffle de vie. L'Esprit est en nous, il nous construit et nous guide de l'intérieur. Nous pouvons aussi comparer l'Esprit au vent qui souffle, qui gonfle nos voiles et nous dérange. La Pentecôte débute par un bruit semblable à celui d'un grand coup de vent. Quand Jésus meurt sur la croix, il rend son dernier souffle, il rend l'esprit, nous dit saint Jean. Le soir de pâques, lorsque Jésus apparaît à ses disciples, il souffle sur eux pour leur donner pouvoir sur les péchés et il leur dit: «Recevez l'Esprit Saint.» Il nous est donné, à nous qui sommes nés de l'eau et de l'Esprit, de vivre de l'Esprit comme du souffle même de Dieu qui nous maintient dans la réalité divine. Ce vent et ce souffle de vie, c'est quelqu'un, le mot esprit désigne aussi l'être spirituel.

L'EAU ET LA SOURCE

Dans l'Ancien Testament, l'image de l'eau était utilisée pour dire la croissance de la végétation, le don de la vie. On pense à la prophétie d'Ézéchiel nous montrant la source qui coule du Temple vers l'Orient, vers la mer Morte; sur son passage tout reprend vie. Au baptême, l'eau est un signe de l'action de l'Esprit Saint et dès que le prêtre invoque l'Esprit Saint, l'eau devient un signe sacramentel efficace de la nouvelle naissance. L'eau baptismale signifie que la vie divine nous est donnée dans l'Esprit Saint. Saint Jean nous parle d'une source d'où jaillit l'eau et l'Esprit, cette eau coulant du côté du Christ transpercé par la lance, cette source en nous jaillit en vie éternelle. Que celui ou celle qui a soif vienne à moi et qu'il boive, dit Jésus. Cette même promesse de l'eau vive, Jésus la fait à cette femme samaritaine: «Si tu savais le don de Dieu» (Jn 4,10). Ce don de Dieu, c'est l'Esprit qui désaltère et donne la vie.

LA COLOMBE

Parmi toutes les images de l'Esprit Saint, la colombe tient une place privilégiée. La colombe surnommée le Saint Oiseau, on la retrouve au commencement quand Dieu créa le ciel et la terre: «Que des oiseaux volent au-dessus de la terre contre le firmament du ciel» (Gn 1,2). À la fin du déluge, la colombe revient à l'arche avec un brin d'olivier annonçant à Noé que la terre est de nouveau habitable, que le temps de la colère est achevé et qu'ainsi une nouvelle alliance peut être conclue (cf. Gn 8,6-22). On la retrouve au baptême de Jésus dans le Jourdain: «Au moment où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer, et l'Esprit descendre sur lui comme une colombe» (Mt 3,16). De là nous vient le chant du Veni Creator: «Viens en nous, esprit créateur, viens d'en haut visiter le coeur de tes fidèles»; l'Esprit descend et repose dans le coeur purifié des baptisés. L'iconographie chrétienne utilise beaucoup ce symbole de la colombe pour représenter l'Esprit Saint. Les tableaux de l'Annonciation nous présentent l'Esprit par la venue de la colombe. Ce symbole de la colombe, nous le retrouvons souvent sur les tabernacles de nos églises pour indiquer que la présence eucharistique de Jésus est l'oeuvre de l'Esprit Saint. Dans le Cantique des Cantiques, la colombe est le symbole de la bien-aimée, Israël, signe de beauté, de désir et d'amour. Saint Paul nous parle de l'Esprit «qui intercède lui-même pour nous en des gémissements ineffables» (Rm 8,26). Le chant en langues rejoint encore la colombe du texte d'Isaïe: «Je gémis comme la colombe» (Is 38,14) et «comme des colombes nous ne faisons que gémir» (Is 59,11). Le gémissement exprime l'attente et le désir.

LE FEU ET LES LANGUES

Le feu symbolise l'énergie transformante de l'action de l'Esprit Saint «N'éteignez pas l'Esprit» (1 Th 5,19). Le plus bel exemple est le prophète Élie qui: «se leva comme un feu et dont sa parole brûlait comme une torche» (Si 48,1), et par sa prière, il attire le feu du ciel sur le sacrifice du Mont Carmel, ce feu est la figure de l'Esprit Saint qui transforme ce qu'il touche. Jean-Baptiste «marche devant le Seigneur avec l'esprit et la puissance d'Élie» (Lc 1,17), et lorsqu'il annonce le baptême de celui qui vient derrière lui, il parle d'un baptême dans l'Esprit Saint et le feu (cf. Lc 3,16). Nous retrouvons souvent l'image du feu dans l'Ancien Testament, lors de la conclusion de l'alliance avec Abraham (cf. Gn 15,17, au buisson ardent (cf. Ex 3,2), au mont Sinaï lorsque Jésus donne les tables de la loi (cf. Ex 24,12-17), au désert, la colonne de feu guide le peuple pendant la nuit (cf. Nb 14,14).

Le feu détruit, purifie, et nous pouvons dire que l'extrême action purificatrice, c'est la géhenne de feu. Le feu est aussi l'image de l'amour, le feu de l'amour. Jésus annonce: «Je suis venu allumer un feu sur la terre et combien je voudrais qu'il soit déjà allumé» (Lc 12,49). Le matin de la Pentecôte, les apôtres sont remplis de l'Esprit Saint et le feu se répartit en langues pour que les apôtres proclament les merveilles de Dieu (cf. Ac 2,3-4). Les disciples d'Emmaüs n'ont-ils pas le coeur tout brûlant, parce qu'ils ont été baptisés dans l'Esprit Saint et dans le feu, c'est-à-dire qu'ils ont reçu l'effusion de l'Esprit. Et c'est ce même Esprit qui «leur ouvre l'esprit à l'intelligence des Écritures» (Lc 24,45).

LA NUÉE ET LA LUMIÈRE

Ces deux symboles sont inséparables dans les manifestations de l'Esprit Saint. Dans l'Ancien Testament, la nuée, tantôt obscure, tantôt lumineuse, révèle le Dieu vivant et sauveur. Avec Moïse sur la montagne du Sinaï, Dieu se sert de la nuée pour voiler la transcendance de sa gloire. Cette même nuée est aussi à la Tente de Réunion, au désert, elle guide la marche pendant le jour (cf. Ex 40,34-36). Ces figures sont accomplies par le Christ dans l'Esprit Saint. L'Esprit Saint vient sur la Vierge Marie et la prend «sous son ombre» (Lc 1,35) pour qu'elle conçoive et enfante Jésus. Sur la montagne de la Transfiguration: «survint sur eux une nuée qui les prenait sous son ombre» (...) et du ciel une voix dit: «Celui-ci est mon Fils, mon Élu, écoutez-le» (Lc 9,34-35). Au jour de l'Ascension, c'est une nuée qui «dérobe Jésus aux yeux des disciples» (Ac 1,9) et qui le révélera Fils de l'homme dans sa gloire au Jour de son Avènement.

L'ONCTION D'HUILE ET LE CHRÊME

L'onction d'huile est synonyme de l'Esprit Saint. Dans l'initiation chrétienne, elle est le signe sacramentel de la Confirmation. Pour en saisir toute la force, il faut revenir à l'onction première accomplie par l'Esprit Saint: celle de Jésus. Christ signifie «oint» de l'Esprit de Dieu. Jésus est l'oint de Dieu d'une manière unique et il est constitué «Christ» par l'Esprit Saint. La Vierge Marie conçoit le Christ de l'Esprit Saint qui par l'ange l'annonce comme Christ lors de sa naissance et pousse Siméon au Temple voir le Christ du Seigneur. Les rois d'Israël étaient sacrés par une onction d'huile, ils étaient choisis par Dieu, bénis, marqués par l'onction, on demandait qu'ils soient remplis d'Esprit Saint pour accomplir la mission. Même les apôtres utilisaient ce rite pour envoyer quelqu'un en mission. Samuel prit la fiole et la répandit sur la tête de Saul et lui dit: «Yahvé t'a oint comme chef sur son héritage» (1 S 10,1). Plusieurs textes nous présentent l'utilisation de l'huile en abondance: «C'est une huile excellente sur la tête qui descend sur la barbe d'Aaron, sur le col de sa tunique» (Ps 133,2). «Dieu t'a donné l'onction d'une huile d'allégresse, la myrrhe et l'aloès coulent de tes habits» (Ps 45,8-9). Cette huile qui coule en abondance, c'est la bénédiction que Dieu déverse sur son peuple.

Le messie attendu recevra en plénitude l'onction de l'Esprit: «Jésus reçoit du père l'Esprit sans mesure» (Jn 3,34). Quand Jésus prend le livre de la parole, il dit: «l'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, rendre la vue aux aveugles, libérer les prisonniers, délivrer les opprimés et proclamer une année de grâce du Seigneur. Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Écriture» (Lc 4,18-21). Les évangiles veulent nous faire comprendre que l'Esprit Saint ne vient pas sur Jésus comme du dehors, il est rempli de l'Esprit Saint. Tandis que nous, les chrétiens, «nous sommes marqués d'un sceau par l'Esprit de la promesse» (Ep 1,13); et «il a mis dans nos coeurs les arrhes de l'Esprit» (2 Co 1,22). Jésus faisait des onctions d'huile aux malades et les guérissait de toutes sortes de maladies. Les apôtres faisaient de même (cf. Mc 6,13). Le bon Samaritain utilise l'huile pour mettre sur les plaies de l'homme blessé par les voleurs (cf. Lc 10,34). L'huile qui pénètre en nous est un remède, une force intérieure durable, elle assouplit et met un baume sur nos plaies.

Pour le sacrement des malades, on utilise de l'huile d'olive bénie. Saint Jacques dit: «Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les presbytres (les anciens) de l'Église et qu'ils prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur» (Jc 5,14). Dans l'Église orthodoxe, on utilise beaucoup l'huile pour les malades. En bénissant l'huile le prêtre demande que cette huile serve pour la guérison de tout l'être, le corps, le coeur, l'âme du malade.

Le chrême est cette huile odoriférante (parfumée) que l'on utilise au baptême, à la confirmation et au sacerdoce. Saint Jacques dit que le chrétien est l'odeur du Christ, une bonne odeur s'il est fidèle à son Esprit et une mauvaise odeur s'il contredit son maître (cf. 2 Co 2,5-16).

LE SCEAU

Le sceau est un symbole proche de celui de l'onction. C'est «le Christ que Dieu a marqué de son sceau» (Jn 6,27), c'est en lui que «le Père nous marque de son sceau» (2 Co 1,22). L'image du sceau a été utilisée pour exprimer le caractère ineffaçable imprimé par le sacrement de Baptême, de Confirmation et de l'Ordre.

LA MAIN

C'est en imposant les mains que Jésus guérit les malades et bénit les petits enfants.

Au nom de Jésus, les apôtres imposeront les mains aux malades et feront de même pour donner l'Esprit Saint.

LE DOIGT

«C'est par le doigt de Dieu que Jésus expulse les démons» (Lc 11,20). La loi de Dieu a été écrite sur des tables de pierre par le doigt de Dieu (cf. Ex 31,18) et saint Paul nous dit que la lettre du Christ remise aux apôtres «est écrite avec l'Esprit du Dieu vivant, sur les coeurs (2 Co 3,3). L'hymne du Veni Creator invoque l'Esprit Saint comme le «doigt de la droite du Père».

Que ces symboles de l'Esprit Saint nous aident à le prier et à l'invoquer pour tout ce que nous avons à dire ou à faire dans notre quotidien. Allons puiser à la source des eaux vives pour que souffle sur nous ce vent de Pentecôte et qu'ainsi le feu prenne au coeur de notre monde. Ensemble, nous pourrons gémir comme la colombe dans l'attente d'un monde où coulera en abondance l'huile et le vin nouveau.


NOTE D'AUTEUR

Thérèse Lapierre est secrétaire-réceptionniste à la Villa Manrèse à Ste-Foy. Elle est engagée dans le Renouveau charismatique depuis 1973 et actuellement, elle est membre du groupe de prière Sacré-Coeur-de-Jésus à Québec.


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Dernière mise à jour 21 aoùt 1998

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