Au début de son exposé, le Professeur A. RAISSOUNI souligna
l’importance de connaître les objectifs de la Chari’a islamique en
se référant à cette déclaration de l’Imam Achatibi
: “ Les objectifs constituent les âmes des actions ”. Ensuite, il
démontra la nécessité de cette connaissance des objectifs
pour le Musulman dans sa conduite, pour le spécialiste de la jurisprudence
islamique (Faqih) et pour le prêcheur qui appelle à l’Islam.
Il en conclut donc que toute action qui ne se conforme pas à ces
objectifs est une action sans âme.
Puis, en s’appuyant sur plusieurs textes coraniques et
prophétiques, M. RAISSOUNI montra que le but de la Chari’a est,
à juste titre, la sauvegarde des intérêts des hommes
et la suppression des dommages matériels et moraux, ici-bas et dans
l’au-delà.
Dès lors, l’auteur procéda à la définition
des concepts de l’intérêt et du dommage dans leur acception
législative et savante. Il montra que le critère de l’intérêt
est la jouissance, physique ou morale, qu’il peut procurer dans les deux
mondes. Quant au dommage, son critère est la souffrance, physique
ou morale, qu’il peut causer dans les deux mondes également.
En outre, il mit l’accent sur le fait que la Loi islamique se caractérise
par sa manière de prendre en considération l’issue des actions
et leurs conséquences lointaines pour l’individu, à la fois
dans la vie présente et dans la vie future. Car, selon l’auteur,
il ne suffit pas d’envisager uniquement les avantages et les désavantages
immédiats, mais il faut, pour identifier l’intérêt
et le dommage, considérer au préalable les effets proches
et lointains de toute action.
Enfin, M. RAISSOUNI parla des différentes catégories
des intérêts, selon leurs domaines et leurs niveaux. Il cita
ce que les doctes musulmans appellent communément “ les cinq nécessités
” et dont la préservation constitue le centre d’intérêt
et l’objectif suprême de toute la Chari’a islamique. Ces cinq nécessités,
dont la sauvegarde est impérative au niveau du strict minimum, sont
: la religion, la vie humaine, la postérité, la raison et
les biens. Il vient ensuite la protection des utilités que l’on
considère comme un niveau moyen visant à mettre les gens
dans l’aisance, loin de toute gêne ou infortune. L’auteur termina
son exposé en parlant du troisième niveau de protection,
à savoir la protection des commodités qui n’atteignent pas
le degré de la nécessité ou de l’utilité, mais
qui, néanmoins, comprennent quelques avantages pour les hommes.
Ainsi donc la Chari’a islamique vise la protection de tous les intérêts
à tous les niveaux.