TARO,le chien martyr de la folie des hommes est mort.

C'est au mois d'octobre 1993 que les amis des animaux ont appris la nouvelle. TARO, le chien martyr de l'imbécilité des hommes qui croupissait dans une cellule construite pour lui dans la prison du New Jersey, quartier des condamnés à mort, allait être exécuté.

Beaucoup s'en rappellent encore, mais pour les autres, voilà le résumé de la vie de TARO:

Dans une cellule de condamnés à mort, un pauvre être attendait son exécution. Chaque matin était un jour de plus, mais combien lui en restait-il à vivre, il ne le savait pas. Chaque repas était peut-être son dernier. Depuis deux ans et demi, il attendait là son exécution pour un matin à l'aube, selon la tradition.

Contrairement aux milliers d'autres condamnés à mort qui attendent d'être exécutés dans les prisons américaines, ce condamné-là n'avait pas tué un enfant, ni violé, ni commis un crime impardonnable. Il avait voulu un jour se montrer trop affectueux. Contrairement aux autres accusés, il n'avait jamais pu présenter sa défense puisqu'il était muet. Contrairement aux autres accusés, ce condamné à mort n'était pas un homme ni une femme, mais seulement TARO le chien.

TARO était un lourdeau avec des yeux pleins d'amour qui traînait ses 80 kg dans la propriété de ses maîtres. Il vivait heureux et aimé de tous. Il jouait comme tous les animaux de son âge et spécialement avec les enfants, mais il était gros. Et c'est en jouant qu'il a commis son crime. Qui fallait-il blâmer, le chien ou les parents des enfants qui laissent ceux-ci sans surveillance ? TARO commit son crime aux environs de Noel. En jouant avec une petite fille de 10 ans, gentiment comme font tous ses congénères pour demander encore caresses et affection, il donna la patte un peu trop lourdement. Sa grosse patte en arrivant sur le visage de la gamine lui griffe profondément le visage. Partout dans le monde cela n'aurait pas été une affaire d'état, mais en Amérique oui. Moins de 3 minutes après, police, sheriffs, pompiers et ambulance sont là, entourant la petite fille griffée dont la blessure ne saigne déjà plus. Partout ailleurs dans le monde, une claque sur les fesses du chien pour lui apprendre à être plus doux et un peu de désinfectant sur la frimousse de la gamine auraient fait l'affaire, mais pas en Amérique. Sirènes hurlantes, la gamine est transportée à l'hôpital "avec tous les égards dus à une blessée si gravement atteinte" tandis qu'une voiture de police part à toute vitesse enfermer le coupable à la fourrière locale. Dès son arrivée au chenil, TARO apprend, ou du moins ses maîtres, qu'il entre dans la famille des chiens vicieux selon la loi du New Jersey et TARO est automatiquement CONDAMNE A MORT. Pour ne pas qu'il s'échappe ou qu'il soit libéré, il est transféré à la prison du New Jersey, section des condamnés à mort, où un enclos lui est construit dans la cour des prisonniers. Après deux ans et demi de batailles juridiques et la ruine de sa famille en frais d'avocats, TARO demeure dans la cellule des condamnés à mort. Dans l'état du New Jersey, si un homme viole et tue, il a toutes les chances de retrouver la liberté, mais un chien qui griffe une gamine d'un coup de patte affectueux doit mourir. Et ces gens se disent chrétiens.

En désespoir de cause, ayant sonné à toutes les portes, à la suite d'une émission de télévision, le propriétaire de TARO nous contacte. Il n'y a pas à hésiter, TARO doit être sauvé. Nous ne pouvons accepter les procès d'animaux, nous avons quitté depuis quelques années déjà le Moyen Age. Conférences de presse succèdent aux conférences de presse. Nous contactons Brigitte Bardot qui, comme toujours lorsqu'un animal est injustement condamné, vole à son secours. Contacté également par nos soins, le Prince Aga Khan et sa famille volent également au secours de cet innocent. Mais le gouverneur de l'époque, M. James Florio, reste inflexible. Nous lançons un boycott des produits du New Jersey et le temps des élections approchant, nous reprenons espoir. Le gouverneur candidat déclare dans son programme électoral que si il est élu son premier acte sera de gracier TARO. Le peuple décide et le gouverneur sans coeur est balayé, TARO est donc libre. Malgré la bonne volonté du gouverneur, la loi lui interdit de laisser vivre un animal si dangereux dans son état, TARO est donc banni. C'est sous escorte policière qu'il gagnera la frontière de l'état.

Nous adoptons provisoirement TARO, juste le temps pour son propriétaire de trouver une maison dans l'état voisin et de s'y installer. Cette famille exemplaire a abandonné maison, amis pour ne pas abandonner leur compagnon. Ils sont maintenant dans l'état de New York où TARO a pu les rejoindre.

Hier, 13 juillet, TARO, le chien martyr de l'imbécilité et de l'obstination des hommes, est mort en chien libre dans la maison de ceux qui l'ont toujours aimé. Il a rejoint le paradis des gamelles, là où les hommes sont toujours bons et les animaux heureux.

Francite


La suite du journal du Monde des Animaux

Continuez la visite avec nous.: