Opération Snoul

Contexte.

Depuis qu'il a pris la commande de la 5ème Division en Août 1969, le Général Hieu a rapidement réinventé la 5ème Division comme étant passive et devenant active, comme adoptant une posture défensive et changeant en une posture offensive: en un rien de temps, l'ennemi n'a plus pu opérer avec impunité dans les régions opérationnelles de la 5ème Division, et a dû se retirer à l'autre côté de la frontière du Vietnam-Cambodge. En 1970, de Mars à Juin, la 5ème Division joignait avec les éléments du 3ème Corps, du 4ème Corps et les Divisions de l'Armée américaine à la poursuite de l'ennemi au Cambodge, par ordre du Président Nixon. De Mai à Juillet 1970, la 5ème Division en coordination avec le 3ème Corps et le 4ème Corps, poursuivait l'ennemi dans la région d'Hameçon de Poisson au nord de Loc Ninh dans l' Opération Toan Thang 46, résultant en 79 ennemis tués. De 23 Octobre au 10 Novembre, la 5ème Division attaquait l'ennemi avec 3 Forces de Frappe - FF1, FF9 et FF333 - aux alentours de Snoul dans l' Opération Toan Thang 8/B/5, résultant en 189 ennemis tués. Dans toutes ces grandes opérations, l'ennemi constamment évitait les contacts et se retirait de plus en plus loin dans le Cambodge, hors de la portée des unités amies. Conséquemment nos unités de combat n'ont été seulement capables que de détruire de nombreuses caches d'armes, de munitions, de nourriture, aussi bien que les camps de service arrière et les stations de relai, les centres d'entraînement et les hôpitaux, mais n'ont pas été capable d'infliger des pertes ennemies en effectif de soldats tués.

Concept de la Stratégie.

Le Général Hieu suggérait au Général Tri qu'un changement de stratégie était nécessaire: au lieu de chercher l'ennemi, nous devrions attirer l'ennemi vers un piège puis le détruire. Dans les régions opérationnelles de la 5ème Division, l'ennemi opère au niveau de division avec deux régiments - le 174ème et 275ème - de la 5ème Division de l'ANV. Afin de réussir, nous devrions attirer l'ennemi avec l'ampleur d'un régiment. Si l'ennemi tombe dans le piège en attaquant ce Régiment avec l'ampleur d'un Régiment, nous réagirons en engageant une Division. Si l'ennemi ose engager une Division, nous lancerons une attaque générale avec l'ampleur de trois Divisions.

Exécution

Afin d'exécuter ce plan d'appât, il était essentiel de pouvoir obtenir des données de renseignement exactes qui indiqueraient avec précision le moment où l'ennemi mordait l'hameçon. Par conséquent, le Général Hieu a secrètement inséré dans l'Opération Toan Thang 8/B/5 deux petites Opérations d'implantation de Détecteurs aux alentours de Snoul, où le piège serait placé. Il y avait 11 emplacements de détecteurs implantés le long de la route nationale QL13 au nord et sud de Snoul. La station d'écoute était établie à Loc Ninh et était opérée par les éléments de la 5ème Division vietnamienne.

Ces dispositifs détectent les activités d'intrusion d'un Régiment de l'ANV dans la région sud est de Loc Ninh: le 22 Décembre à XU.83723; le 23 Décembre à XU.793110; le 24 Décembre à XU.792113; le 25 Décembre à XU.762076.

Le 4 Janvier 1971, l'opération d'appât commence avec l'envoi de la 9ème Force de Frappe dans la région d'Hameçon de Poisson au nord ouest de Loc Ninh. La 9ème Force de Frappe est composée du 9ème Régiment renforcé par les unités suivantes: 74ème Bataillon de Rangers, 1er Régiment de Cavalerie Blindée, 5ème Compagnie de Génie. Pendant les deux mois qui suivent, l'ennemi constamment évite les contacts lourds avec les éléments de la 9ème Force de Frappe. Ce n'est qu'en mi-mars 1971 que l'ennemi montre des signes qu'il est en train de se diriger vers le piège.

Le 26 Février, le Général Tri est tué dans un accident d'hélicoptère, et est remplacé par le Général Nguyen Van Minh. Le Général Hieu briefe le Général Minh sur le plan d'appât et l'avise que cette opération pourrait éventuellement exiger l'implication des 18ème et 25ème Divisions. Le Général Minh est d'accord de continuer le reste de l'opération, cependant sans beaucoup d'enthousiasme, en partie parce que ce plan n'a pas été conçu par lui, et en partie parce qu'il ne possède pas la stature et une connaissance militaire comparable au Général Tri, et ainsi n'est pas capable de comprendre et d'appliquer les détails compliqués d'une opération de cette envergure.

Le 8 Mars 1971, le Poste de Commande de la 9ème Force de Frappe à 1 km sud ouest de Snoul essuie des tirs considérables de mortiers à 17h45, résultant en 1 tué, 3 blessés, 2 jeeps détruites et une large quantité de munitions explosées quand le bunker dans lequel les munitions sont entassées reçoit un coup de tir direct.

Le 17 Mars 1971, deux Bataillons du 9ème Régiment sont héliportés dans la région XU.488459 nord est de Snoul. L'opération héliportée est supportée par 4 canons de 155mm localisés dans la base de tir située au sud de Snoul. À cause du mauvais temps, l'AFVN n'a pu exécuter que 4 parmi les 10 sorties originellement conçues pour la préparation tactique de la zone de débarquement. L'un des hélicoptères UH-1 piloté par les unités de l'AFVN est descendu par le tir ennemi. La première vague d'hélicoptères a pu décharger 190 soldats sans incident. Mais alors, le feu ennemi, venant du nord et sud est de la zone de débarquement, abat 2 hélicoptères et dédommage 8 autres, l'opération héliportée a dû être annulée. Le un et demi Bataillon déjà en place est ordonné de se retirer hors de la région de contact parce que ce n'est pas encore l'emplacement où le piège serait placé et que la mission de l'opération est seulement de tester la force et l'intention de l'ennemi. L'Equipe des Conseillers Américains, sans connaître toute l'histoire, accusent le Commandant du 9ème Régiment d'être un lâche pour avoir refusé de combattre deux Bataillons ennemis qu'il a découverts: Lieutenant Colonel William L. Golden, Conseiller du 3ème Bureau fait le rapport au Général de Brigade Arthur S. Hyman, Conseiller Chef Adjoint qui fait ensuite le rapport au Général de Corps Michael Davison, Conseiller Chef qui ensuite complaint au Général Nguyen Van Minh, Commandant Général du 3ème Corps! Pendant ce temps-là, le côté vietnamien fait la sourde oreille à toute la commotion qui se déroule du côté américain.

Appliquant la tactique de rotation de troupes, la 9ème Force de Frappe se retire du Cambodge, et est remplacée par la 8ème Force de Frappe (composée par le 8ème Régiment, le 74ème Bataillon de Rangers et le 1er Régiment de Cavalerie Blindée). Cette Force de Frappe est désignée comme l'appât.

Le Général Hieu évalue la situation et détermine que l'ennemi est sur le point d'entrer dans le piège. Le 23 Mars 1971, il écrit à sa femme:

Aujourd'hui je pars pour Loc Ninh pour commander une opération au Cambodge. Bien que l'opération dure une période indéfinie, j'aurai certainement l'occasion de retourner à Lai Khe. Quant à retourner à Saigon, cela dépendra de la situation là-bas.

Quand il écrit: "cette opération durerait une période indéfinie," le Général Hieu implique que nos troupes sont prêtes à escalader le niveau de combat en réponse du nombre d'unités que l'ennemi engagerait dans l'arène, selon la formule "force ennemie 1, force amie 3" qui dicte le bilan final décisif d'un combat; par conséquent, l'opération n'est pas limitée à 6 jours, 10 jours ou 15 jours comme les autres normales opérations.

Le 5 Avril 1971, l'ennemi augmente les tirs de mortiers sur les éléments de la 8ème Force de Frappe et celle ci fait contact avec l'ennemi deux fois dans les régions ZU.153330 au sud ouest de Snoul. L'ennemi implante également des mines sur la route nationale QL13 pour perturber le ravitaillement de Loc Ninh à Snoul. Le Général Hieu donne l'ordre à la 8ème Force de Frappe de tenir en alerte et d'assurer la sécurité des lignes de défense en renforçant les bases d'artillerie, en solidifiant les bunkers de défense, en utilisant au maximum les mines pour prévenir les attaques de nuit et les embuscades ennemies, en utilisant les télescopes starlight pour détecter et détruire les positions de mortiers ennemis et d'interdire le mouvement ennemi dans la région ouest et nord ouest de Snoul afin de l'endiguer vers la piste qui l'amène vers le piège. (Ordre d'Opération code numéro 1135 le 052200H/4/71)

Le 13 Avril 1971, le Général Hieu notifie le quartier général de la 8ème Force de Frappe que le 3 Avril 1971, le E6ème Régiment de l'ANV, stationné à 10 kms nord est de Snoul s'est déplacé à la région 16 kms nord est de Snoul, et le 13 Avril 1971, s'est déplacé de nouveau à la région carrée délimitée par XU.480350-665350-665460-580460. Cette région a été créée comme la base et service arrière du E6ème Régiment de l'ANV. Le Général Hieu ordonne à la 8ème Force de Frappe d'utiliser le 1er Régiment de Cavalerie Blindée et 2 Bataillons d'Infanterie pour lancer une opération de chercher et détruire l'ennemi dans la région carrée avec l'intention d'attirer l'ennemi hors de cette région. (Ordre d'Opération numéro 1310/B/HQ/M le 131700H/05/71).

Le 14 Avril 1971, la 8ème Force de Frappe lance une attaque contre les bases du E6ème Régiment de l'ANV, avec les soutiens d'artillerie et d'hélicoptères tactiques. De nouveau l'ennemi évite le contact et les éléments amis infligent seulement des pertes aux bâtiments de service arrière ennemis et détruisent les caches du E6ème Régiment de l'AVN.

Le 21 Avril 1971, le Général Hieu écrit à sa femme: "Je demeure à Loc Ninh le lundi et viens tout juste de retourner à Lai Khe le jeudi soir et dépendant de la situation resterai ici jusqu'à lundi prochain." Il apparaît que la bête s'est retirée se cacher et s'enfonce bien loin dans la jungle, ce qui permet au chasseur de se tenir debout et de dégourdir ses jambes avant de retourner à la position d'affût.

Le 4 Mai 1971, le Général Hieu communique, à travers l'Ordre d'Opération numéro 3685/BCH/HQ/SD5/P3/M avec son Commandant de la 8ème Force de Frappe et son Commandant du 1er Régiment de Cavalerie Blindée:

(1) bien que l'ennemi ait souffert de grandes pertes, il est encore capable d'initier d'embuscade au niveau de compagnie pour attaquer et lancer des attaques de tir de mortier pour coincer nos unités;
(2) bien que la force principale de l'ennemi se soit retirée hors de la portée de nos unités, il est encore capable d'assembler les troupes au niveau de régiment supporté par un bataillon d'artillerie en 48 heures pour nous attaquer;
(3) nos deux forces principales de réserve de cette opération - les 18ème et 25ème Divisions - sont dans la position prête, maraudant pas loin dans la région sud est de la Plantation Chup;
(4) de rappeler fréquemment les unités de prendre l'action appropriée dans la défense des bases et des camps, de creuser des tranchées individuelles de défense et de combat afin de résister et soutenir l'attaque ennemie jusqu'à l'arrivée des unités de renforcement.

Le 6 Mai 1971, le piège est établi comme suivant:

Co de Recon: 2 éléments opèrent dans la région XU.5255 - 5335 -5230 - 5303, le reste des éléments est commis pour Snoul.
1/8ème Bataillon: une compagnie opère dans la région XU.557385 - 557387 - 550384 - 536350; une compagnie opère dans la région XU.55735 - 568370 - 532358; le reste du Bataillon protège le Poste de Commande de la 8ème Force de Frappe.
2/8ème Bataillon: en réserve pour FF8; 2 éléments opèrent dans la région XU.535343 - 535305 - 564307 - 550345 - 537348.
3/8ème Bataillon: en réserve pour FF8; 2 compagnies escortent le convoi.
2/7ème Bataillon: opère dans la région XU.595297 - 633327 - 568358 - 555355.
3/9ème Bataillon: opère dans la région XU.645248 - 694258 - 627328 - 596296.
74ème Bataillon de Rangers: opère dans la région XU.680200 - 730200 -694358 - 675248.
1er RCB: 3/1er Escadron + 1 3/8ème Compagnie fournissent la protection de déplacement et la direction au convoi allant de Snoul à XU.603313; 2/1ème Escadron, TQV + 1 3/8ème Compagnie fournissent la protection de déplacement et la direction au convoi allant de XU.603313 à XU.660250; 1er RCB(-) en réserve au QG/FF8.
(Ordre d'Opération numéro 1652 on 062330H/05/71)

Le 11 Mai 1971, le Général Hieu lance une Force de Frappe d'environs 5000 combattants, assistée par le soutien aérien américain, pour nettoyer une longueur de 25 miles de la ville cambodgienne de Kandol Chrum sur la Route 7 jusqu'au sud de Kompon Trach, une région de 75-100 miles au nord ouest de Saïgon. Opérant jusqu'à 12 miles à l'intérieur du Cambodge, deux Forces de Frappe se déplacent vers le sud de Kandol Chrum pour rencontrer une Force de Frappe se dirigeant vers le nord de Kompong Trach. De nouveau l'ennemi évite le contact et ne souffre que 14 ennemis tués.

Le 15 Mai 1971, le Général Hieu essaie d'attirer l'ennemi vers le piège en initiant une autre poussée qui est concentrée dans le Bec de Perroquet de l'est du Cambodge jusqu'au sud de la première opération. Plus de 1000 troupes y participent. En appui de ces deux opérations, les Américains volent 320 missions d'hélicoptères de combat et 32 missions de bombardement. L'Air Force du Sud Vietnam volent 125 sorties d'hélicoptères et 32 missions de bombardement dans les mêmes secteurs.

Le 25 Mai 1971, le Général Hieu ne pense pas que l'ennemi soit sur le point de s'engager dans le piège parce que la saison de pluie est proche et l'ennemi n'a pas encore bougé. Il écrit à sa femme: "Cette opération sera un peu moins dure parce que la saison de pluie est bien proche."

Mais le 26 Mai 1971, à peu près 1000 troupes de l'ANV frappent à Snoul et poussent leur voie dans la ville le jour suivant, mais sont repoussées par les défenseurs avec l'appui des bombardements aériens américains. Ils ont également repoussé quatre autres assauts de l'ANV aux alentours de Snoul.

Le 27 Mai 1971, les unités de l'ANV lancent une grande attaque à peu près un quart d'un mile ouest de la ville, mais sont arrêtées par les défenseurs. Quatre-vingt-neuf soldats ennemis sont tués dans une bataille qui a durée trois heures.

Le 29 Mai 1971, l'ennemi commence à attaquer avec la force d'un Régiment dans la ville de Snoul, directement au poste de commande de la 8ème Force de Frappe, localisé à XU.545337, causant la perte d'une Station d'Ecoute et détruit quelques appareils (5 dispositifs d'enregistrement numéro 449-183-197-126-243; 1 boîte de relai numéro 121; 2 antennes). Le Général Hieu demande au Général Minh de commencer à envoyer les unités de renforcement comme prévu par le plan. L'Equipe des Conseillers Américains auprès du 3ème Corps recommande au Général Minh de ne pas écouter le Général Hieu et qu'il laisse l'ennemi engager davantage d'unités dans la bataille et puis faire pleuvoir sur leur tête avec les bombes B-52. Le Général Hieu conseille au Général Minh qu'une opération de cette envergure ne devrait pas être à la merci d'un soudain changement d'humeur et qu'il serait mieux de rester avec le mécanisme de l'opération en cours. En outre, si les bombes B-52 sont utilisées trop tôt, l'ennemi se disperserait avant de subir de grande perte, et si on attend jusqu'à ce que l'ennemi s'amasse, on devrait alors tuer les unités ennemies et amies aveuglément. Le Général Hieu dit qu'il n'accepterait pas cette action cruelle et conseille au Général Minh que s'il ne veut pas maintenir le plan original, il devrait retirer la 8ème Force de Frappe immédiatement avant qu'il soit trop tard. Le Général Minh est paralysé par le débat qui tourbillonne dans sa tête, soit écouter le Général Hieu, soit obéir son Equipe de Conseillers Américains. Quand les messages de S.O.S. atteignent le quartier général du 3ème Corps, soulignant que l'ennemi est sur le point d'envahir les lignes de défense, le Général Minh agit à la façon de Ponce Pilate et congédie le Général Hieu en lui disant: "Faites ce que vous voulez"!

C'était le 30 Mai 1971. Le Général Hieu se hâte de soutirer les cartes du plan de repli parmi le tas des cartes de l'Opération d'appât de Snoul, saute dans son hélicoptère et se dirige directement à Snoul. Habituellement, à bord de l'hélicoptère de commande C&C, le Commandant du champ de bataille est accompagné de son état major comprenant les chefs du 2è, 3è et 4è bureau. Cependant, parce que le feu de tir ennemi sur le champ de bataille de Snoul était si intense, - chaque fois qu'un hélicoptère entre dans la région, le tir anti-aérien ennemi arrose comme la pluie, à maintes reprises, l'hélicoptère du Général Hieu a essayé de 8 heures du matin jusqu'à 3 heures de l'après-midi à atterrir sans succès - cette fois ci le Général Hieu laisse derrière son état major et risque le vol en solo. Les pilotes vietnamiens volent l'hélicoptère à ras le sommet d'arbres tout le long du trajet. En chemin, le Général Hieu demande au Général Minh de donner l'ordre de bombarder avec les B-52 le long de la route de retrait pour détruire les emplacements d'embuscade déjà établis par l'ennemi en préparation du repli qui va bientôt se dérouler. La demande a été ignorée par les Conseillers américains comme un coup de poing mesquin au-dessous de la ceinture visé contre le Général Hieu.

Parce que l'ennemi a déjà serré étroitement l'encerclement autour des unités de la 8ème Force de Frappe, le Général Hieu a dû prendre le moyen de délivrer ses instructions oralement en se déposant directement au centre du Poste de Commande de la FF8 sous le barrage de tirs de grandes et petites armes ennemies de toutes sortes. Le Commandant de la FF8, le Commandant du 1er RCB, les Commandants des 1/8ème, 2/8ème, 3/8ème, 2/7ème, 3/9ème Bataillons et le Commandant du 74ème Bataillon de Rangers, tous s'entassent autour du Général Hieu et suivent attentivement ses doigts se déplaçant sur la carte tactique tandis qu'il leur explique son scénario de repli des unités. Le moral de tout le monde est élevé, sans broncher, avec pleine confiance dans le leadership de leur Commandant Général, même en face d'une situation aussi précaire. Quand les Commandants rejoignent les positions de combat de leurs unités, leur confiance se propage rapidement à chacun des soldats sous leur commande.

L'hélicoptère du Général Hieu soudainement s'élance tout droit en l'air, signalant l'ordre de repli. Les véhicules militaires commencent à rouler. Le retrait à travers l'encerclement ennemi progresse dans ordre, avec les unités changeant leur rôle entre celui d'une lance pointue et celui d'un bouclier, avec tous les combattants prenant tour à couvrir les uns les autres, en dépit des tirs de blocage et de poursuite de l'ennemi.

Heureusement, le Général Hieu a pu obtenir que le Général de Brigade Tran Quang Khoi amène la Force de Frappe d'Assaut du 3ème Corps qui est à cet époque-là mise à la dispostion de la 5ème Division pour venir au secours de la FF8 à temps, avançant de Loc Ninh le long de la route nationale QL 13 vers Snoul, et ainsi a réussi à dégonfler la pression ennemie. Le résultat est que 2/3 de la 8ème Force de Frappe ont pu atteindre Loc Ninh. Cependant, le Commandant Adjoint du 8ème Régiment a été mortellement blessé quand son véhicule blindé a reçu un coup de tir direct d'une roquette B-42 et meurt quand il arrive à Loc Ninh. (Parce que le Général Khoi a répondu à l'appel du Général Hieu sans la permission du Général Minh, plus tard ce dernier - avec l'intention mauvaise d'éliminer les Généraux Hieu et Khoi - rapporte au Président Thieu (qui a la trouille des coups d'état) que les Généraux Hieu et Khoi ont profité du prétexte de Snoul pour amasser les chars à Loc Ninh avec l'intention de monter un coup d'état!).

Le Général Hieu se tient à la croisée des routes conduisant vers Loc Ninh pour recevoir le convoi de ses troupes en retrait. Soudainement ses yeux se dilatent avec étonnement quand il aperçoit que certains véhicules parmi le convoi ont le luxe de transporter des troupeaux de boeufs cambodgiens (est-ce une excursion de piquenique ou quoi?!)

Le Capitaine Tran Luong Tin, Commandant du 2/8è Bataillon, écrit, "Tran Van Thuong, Commandant du 1/8è Bataillon et Le Si Hung, Commandant du 4/9è Bataillon, Hai, Commandant Adjoint du 2/8è Bataillon étaient ceux qui parcouraient dans mon M113 (et de Minh) sur le chemin de retour au camp du 174è Bataillon des Rangers pour rencontrer le Général Hieu ensemble avec le Colonel Dzan, Commandant du 8è Force de Frappe."

Le Colonel Dzan, Commandant du 8è Force de Frappe, écrit, "De retour à la frontière, j'ai été si fâché que j'ai voulu entrer dans le QG du 3è Corps d'Armée pour m'emmerder; heureusement, le Général Hieu était là; il m'a physiquement empêché d'entrer dans le QG du Corps d'Armée et m'a poussé à l'hélicoptère pour rentrer à Lai Khe."

Conclusion.

La bataille de Snoul aurait été une victoire glorieuse à être ajoutée dans les annales militaires de l'ARVN, mais parce que le Général Tri n'était plus là, remplacé par le Général Minh, qui a grimpé l'échelle militaire à travers un canal administratif, a tout gâché, causant le phénomène "commencer avec une tête d'éléphant et terminer avec une queue de rat". Le 2 Juin 1971, quand le Général Hieu, à l'invitation de Madame la Générale à 4 étoiles Tri, assistait à la commémoration de 100 jours de la mort de son mari (voir lettre datée le 25 Mai 1971), au lieu de rapporter avec plaisir au Général Tri: "Mon cher frère Tri, nous avons gagné grand!", peut être le Général Hieu aurait pu seulement lamenter au Général Tri: "Pourquoi nous as-tu quitté si tôt pour permettre à cette situation pénible de surgir!"

Avant d'être relevé de la commande de la 5ème Division, le Général Hieu n'a pas oublié d'exprimer ses remerciements aux combattants de l'US 3rd Squadron, 17th Cavalry pour leur soutien de combat aérien intrépide qu'ils ont fourni au 8ème Régiment vietnamien dans la bataille de Snoul du 25/5 au 1/6/1971; et le Général Hieu "regrette seulement que je n’ai pas le pouvoir de rendre honneur à tous mes frères combattants de la bataille de Snoul".


Nguyen Van Tin
20 Septembre 1998

Mis à jour le 22.07.2005

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