Assessement de la Situation du Sud-Vietnam-Mars 1975

Ce document de la CIA , déclassifié le 18/1/2005, est daté le 27/3/1975. En ce moment-là, Pleiku dans le 2è Corps d’Armée est tombée; et Danang dans le 1er Corps d’Armée est en train de s’écrouler.

Je me souviens qu’à l’époque j’étais à Nhatrang. Un jour, très tôt dans le matin, je vais à la plage et vois une douzaine de véhicules blindés M113 nouvellement arrivés dans la cité, appartenant aux troupes qui viennent de se retirer de Pleiku; ils sont en train d’être nettoyés par leurs équipages avec l’eau de la mer; ce fut une scène bien pathétique, ils ressemblent à des animaux en train de lécher leurs blessures. Les écoles publiques et privées ont reçu l’ordre de mettre fin à l’année scolaire afin de devenir des centres de réfugiers pour accomoder les personnes évacuées de Pleiku. Un jeune réfugié, voyant le Président Thieu apparaître sur la télévision, tire sur l’écran avec son M-16 et le détruit par mécontentement.

Le Général Le Van Tien, à l’époque Commandant Adjoint/Territoires du 2è Corps d’Armée, me demande de venir le voir dans un ville près de la plage où il séjourne, afin de me transmettre le message de mon frère, le Général Hieu, à l’époque Commandant Adjoint/Opérations du 3è Corps d’Armée, m’ordonnant de quitter Nhatrang immédiatement, car le Président Thieu a décidé d’abandonner le 2è Corps d’Armée.

Assessement de la Situation dans le Sud-Vietnam

La situation dans le Sud-Vietnam s’est rapidement détériorisée depuis la décision du Président Thieu à passer à une stratégie de retranchement. Suivant est un assessement de la situation et une analyse des perspectives du Sud-Vietnam pour cette saison sèche.

I. LA SITUATION MILITAIRE

La Région Côtière du Nord

1. La situation est particulièrement somber dans la RM 1. Le gouvernement a virtuellement concédé la région entière aux communistes, et les forces du Sud -Vietnam sont maintenant en train de se déplacer à une enclave autour de DaNang. Les deux divisions restantes des quatres divisions sud-vietnamiennes dans la RM 1 sont éparpillées, et les communistes sont en train de les harasser tandis qu’elles se retirent vers DaNang. Il est douteux que le gros de ces troupes puisse atteindre DaNang, et le gouvernement aura de la diffulté à défendre la cité sans elles. Les communistes, d’autre part, ont deux fraîches divisions à l’ouest de la cité, et ils sont en train de se préparer pour attaquer DaNang. En plus, la 320Bè Division Nord-Vietnamienne – l’une des cinq divisions de réserve restante de Hanoï – est en train de déplacer vers le sud.

La Région Côtière du Centre

2. La position militaire du gouvernement dans la RM 2 s’est également détériorisée rapidement. Les sud-vietnamiens ont abandonné cinq provinces et des larges portions de plusieurs autres aux hauts plateaux, et les troupes gouvenementales ne semblent pas être capable d’opposer les communistes. La 23è Division Sud-Vietnamienne et deux groupes de rangers sont gravement mutilés dans la lutte dans la Province Darlac, et dinq des six groupes de rangers en retraite de Kontum et Pleiku sont en désarroi. De grandes quantités d’ammuninitions et de carburants sont abandonnées aux cités de Kontum et Pleiku. Les attaques communistes contre la colonne en retrait détruisent et dédommagent de centaines de pièces d’équipement, et les troupes sud-vietnamiennes abandonnent de larges quantités de matériel le long de la route – dont toutes sont nécessaires pour défendre les régions côtières des basses terres.

3. Les nord-vietnamiens sont beaucoup plus forts que les forces restantes du gouvernement et sont en position de délivrer le coup decisive dans cette region. Le gouvernement a tout juste un peu plus une division efficace dans la RM 2, comparée à cinq divisions nord-vietnamiennes; en plus, de larges nombres de remplacements sont arrivés dans les hauts plateaux provenant du Nord-Vietnam. Nhatrang, le quartier général militaire pour la région, est faiblement défendue et probablement tombera.

Le Sud

4. Le combat a diminué en quelque sorte au nord de Saïgon, mais la situation demeure grave. Le gouvernement est en train de se retiere de la Province Binh Long et a perdu la portion ouest de la Province Binh Duong. Le communistes ont ainsi évité un assaut frontal contre la Cité Tay Ninh, mais plusieurs divisions et régiments indépendantes communistes font pression contre les troupes gouvernementales de trois côtés. Comme la cité sera coûteuse pour soutenir et défendre et la plupart de la population s’est déjà enfui, un examen sérieux est en train d’être entretenu d’abandonner la capitale provinciale et tracer de nouvelles lignes de défense dans la portion sud est de la province. En plus, des gains communusites récents à l’est de Saïgon ont forcé le commandant de la région de divertir certaines troupes du front de Tay Ninh et Saïgon, et ceci a limité ses capacités de lancer une contre-attaque au nord et ouest de la capitale.

5. Dans le delta, la situation est, pour le moment, relativement stable. Plusieurs des unités de la principale force communiste subissent de lourdes pertes dans le combat autour du tournant de l’année, mais elles sont maintenant reconstitutuées. Cette situation stable, cependant, pourrait rapidement changée si Saïgon déplace quelqu’une forces considérables du delta pour fortifier les défenses de la RM 3.

II. LES IMPACTES DE LA STRATEGIE DE THIEU

6. Thieu decide d’évacuer les haux plateaux et concentre ses sorces le long de la côtière peuplée et autout Saïgon parce qu’il sent qu’elles sont trop répandues, faisant face avec une force de l’Armée Nord-Vietnamienne grandement supérieure, et confronté avec la perspective d’une diminution d’aide américaine. Il souhaite clairement de prendre les communistes par surprise, en extrayant inctactes ses forces et prêtes à combatttre avant que les communistes puissent réagir. Thieu probablement également calcule que en prenant sa décision secrètement et en la présentant à ses commandants militaires comme un fait accompli il préviendrait tout coup d’état de leur part ou un refus direct d’obéir ses ordres.

7. Cependant le résultat est que Thieu surprend ses propres forces autant que les communists. Son Etat Major Général et ses commandants régionaux ont tous indiqué qu’ils n’ont pas été brifés ni consultés. Les responsables américains n’ont également pas été notifiés. Avec sans aucune planification préalable ou indication claire des limites du retrait, le redéploiement est en général désordonné. Dans les deux tiers portions nord du pays, la plupart de forces gouvernementales sont coupées l’une de l’autre et saisies par une mentalité d’évacuation. Sous ces conditions certaines unités refusent de combattre.

8. Le leadership militaire supérieur a été clairement pris par surprise par la direction formulée par les événements, et leur réaction est celle d’étonnement et de dépression. Ces attitudes réflètent également à traves les rangs.

9. Mécontentement vis-à-vis le leadership de Thieu augmente à la veille des revers militaire. Mais les événements changent si rapidement qu’il y a peu de discussions parlant d’un coup. Il est généralement reconnu qu’un coup en ce moment serait désastreux.* Mais la situation est telle que les pressions pour une démission ou un enlèvement forcé de Thieu pourraient émerger rapidement.

10. Une source de désordre demeure dans le problème des réfugiés, qui a surpris le gouvernement mal préparé pour faire face avec les nombres massifs de réfugiés générés dans les RMs 1 et 2. Selon les toutes dernières estimations, il serait à présent à plus d’un million de personnes déplacées entassées dans DaNang attendant à être évacuées à la région côtière de la RM 2. Mais le gouvernement a des resources inadéquates pour accomplir cette évacuation massive en une période de temps courte, et il y un risque grave d’émeutes et de bagarres dans la ruée pour évacuer. En plus, ceux qui en sortent auraient besoin d’être déplacés de nouveau – créant ainsi des pressions supplémentaires sur le gouvernement.

11. A part les revers subis dans le Sud-Vietnam, il y a des facteurs extérieurs qui pourraient sapper le gouvernement. L’écroulement du Cambodge, par exemple, pourrait apporter une pression psychologique supplémentaire sur Saïgon. Le débat continu aux Etats Unis sur la question d’aide américaine au Sud-Vietnam est également un facteur énervant. Thieu probable présume qu’il devra se contenter de ce qu’il a déjà; mais si les sud vietnamiens en général viennent à croire que les Etats Unis ne répondront plus avec une assistance supplémentaire pour faire face à la nouvelle situation, ceci alimentera le défaitisme.

III. LES POSSIBILITES

12. Les Communistes ont la capacité d’exploiter leurs avantages, et nous croyons qu’ils en profieront. En se faisant, ils vont tenter de détruire les forces restantes du gouvernement dans les RMs 1 et 2. En ce moment, la situation à DaNang est chaotique. Tenant compte des forces que le Nord-Vietnam peut apporter pout peser contre DaNang, l’état lamentable des défenses gouvernementales à DaNang, et la panique répandue dans la cité, ses défenses pourraient tout simplement s’écrouler. En tout cas, elle sera perdue en deux semaines à une attaque nord-vietnamienne, peut être en quelques jours si la division de Marine est enlevée. Thieu est déjà en train de considérer cette action, sa stratégie est de sauvegarder ses forces d’être détruites dans des positions trop étendues.

13. Dans la RM 2, les forces gouvernementales étendues à l’extrême ne tiendront pas contre cinq divisions nord-vietnamiennes. Il y a déjà des signes que les communistes ont l’intention d’attaquer plusieurs centres majeurs de population dans la région. En face des attaques communistes fortes, les sud-vietnamiens ne pourront pas maintenir ces enclaves.

14. Dans les RMs 3 et 4, le gouvernement en ce moment a une force substantiellement plus nombreuse et a la possibilité de maintenir une ligne de défense solide autour des régions peuplées et rizières, mais quelque rétrécissement de défenses est probable. La Cité Tay Ninh a été un but majeur des communistes pendant cette saison sèche. Les sud-vietnamiens se sont battus fortement pour tenir la cité jusqu’en ce moment, et nous croyons qu’ils peuvent continuer ainsi, bien qu’ils puissent décidé de l’abandonner à cause des risques et du prix requis pour la défendre.

15.En résumé, les retraits sud-vietnamiens sont equivalents à une défaite majeure. Tenant compte de l’état présent des choses, Thieu fait face à:

- rétablir le contrôle efficace sur ses commandants;

- soustraire les unités clé et équipements des RMs 1 et 2;

- organizer une défense solide de la région de Saïgon et la RM 4.

Il serait difficile, cependant, d’arrêter le momentum communist, et les nord-vietnamiens pourraient être tenter d’engager le reste de leur réserve stratégique pour exploiter la situation. Même s’ils le font ainsi, nous croyons que la force militaire gouvernementale dans la partie sud du pays sera capable de survivre la saison sèche présente, bien qu’il puisse avoir certainement des pertes supplémentaires.

16. Les facteurs logistiques, par exemple, probablement ne permettraient pas un assaut rapide sur Saïgon comme les communistes manquent pour le moment de ravitaillements en stock dans les positions d’avant dans la RM 3 et leurs prédispostions prendraient du temps. En plus, même la décision d’engager la réserve stratégique signifie que les forces devront être rassemblées et déployées. En se faisant, les communistes butteront contre les facteurs temps et distance, et les complexités d’assembler les unités et les déplacer à travers de longues lignes de communiction dans un environement où le déploiement rapide et en ordonné est empêché. Finalement, les forces sud-vietnamiennes dans les RMs 3 et 4 – y compris les forces territoriales – demeurent intactes et capable de monter une opposition redoutable.

17. Même ainsi, le gouvernement probablement sera réduit à contrôler un peu plus que le delta et Saïgon et les régions peuplées d’alentours. Il devrait ainsi faire face à davantage de pression communiste d’une position substantiellement plus faible que nos estimations préalables, avec le résultat probable d’être vaincu environ tôt 1976. Les communistes continueront à exercer leur pression militaire pour renverser le gouvernement avec une défaite totale à moins qu’il y ait des changements politiques dans Saïgon qui ouvrent la voie à un accord nouveau basé sur des conditions quasi capitulation.


* Le 27 mars le gouvernement arrête des «conspirateurs» contre le gouvernement. Cette action est fondamentalement un avertissement aux éléments d’opposition. Les gens impliqués ne représentent pas une menace grave à Thieu.

Nguyen Van Tin
22 janvier 2006

generalhieu