(Le lecteur est averti que cet article est pris d'une presse de propagande Viet Cong. On se demande si le Général Hieu, qui était l'Assistant Spécial du Vice-Président Tran Van Huong, en charge d'Anticorruption, au moment où cet article était publié, l'ait ou non connu? On peut être cependant certain qu'il était bien informé au sujet de ces problèmes. En outre, cet article ne révèle rien qu'il ne ait été déjà largement couvert par la presse de Saïgon à l'époque. NVT)

Thieu et Co.

Un Parti Etrange

Un parti étrange domine la vie politique à Saïgon. C'est le parti militaire, connu sous le sobriquet colorant de Parti de Kaki. Il n'a ni lois, programme, siège, ni emblème, pourtant il est le favori des Américains. Ses membres sont les généraux, colonels et autres officiers, qui ont été promus non à cause de leur mérite personnelle mais sur la recommandation du proconsul Bunker. Bien sûr qu'il détient le monopole sur les affaires lucratives et est une cause de ressentiment et de jalousie amers.

Phan Huy Quat, qui était le Premier Ministre du temps de Nguyen Khanh, s'est complaint: "Leur boulot (les militaires) est de combattre, pourtant ils s'interfèrent dans tout. Ils sont président de la République, vice-président, premier ministre, ministres, chefs de province, etc. Maintenant il n'y a qu'un parti politique dans le Sud Viet Nam: le Parti de Kaki."

Ce parti a poussé les autres partis dans les coulisses. Dang Van Sung, un dirigeant Dai Viet et une fois un favori du Général Taylor, a dit amèrement dans un banquet à l'hôtel Continental: "Quoi de bon de fonder un parti politique? Le parti militaire domine la scène."

A tous les virages vous rencontrez les militaires. Les rues sont gérées par les sergents, les arrondissements par les lieutenants, les districts par les commandants, et la ville même par un colonel maire. Au Congrès Culturel National, ce sont les hommes en kaki qui donnent le ton. Le Vice-Maréchal de l'Air Nguyen Cao Ky, vice-président de la Réupublique, dont l'intérêt culturel est uniquement le combat de coqs, donne ses directives, et les officiers de la guerre psychologique louent jusqu'aux cieux les travaux "litéraires" du Capitaine parachutiste Nguyen Vu...

Dans l'arène économique, le contrôle du militaire est même plus apparent. Tout est dans leurs mains: l'industrie chimique (Dosuki Co. sur le boulevard Dong Khanh appartient aux anciens Généraux Don, Xuan, Kim et Thuan); le commerce d'import-export, avec des imports annuels de 500 millions de dollars; le secteur bancaire (le Général Nguyen Huu Co, ancien Ministre de la Défense, est le propriétaire d'une important banque); le contrôle monopolisé sur toutes les sources de richesse: bois et produits forestiers dans les Plateaux Centraux, écorce de cannelle et résine de pins à Quang Nam et Lam Dong, poissons et autres produits maritimes à Phan Thiet et Phu Quoc, le commerce des crevettes gelées à Vung Tau, etc., les compagnies immobilières, avec les bâtiments élevés, les hôtels luxueux, les villas princiers avec des courts de tennis et des piscines privées, etc. Tout est fermement dans la main des chefs militaires.

Les personnes au bas de la hiérarchie militaire sont propriétaires des chaînes de snack-bars, bordels, bains turcs, salons de massage, blanchisseries servant les GIs. Les civils sont bien amers envers ces empiétements militaires, mais ils parlent aux sourdes oreilles. Le militaire réplique que l'entreprise libre est le règlement de jeux et quiconque a assez d'argent et d'ambition peut s'y engager comme il plaît. C'est très bien à eux de dire comme cela, car ils y mettent tous leur poids, ont accès aux secrets militaires et économiques, détiennent le contrôle sur la distribution de l'aide américaine, et, plus important que tout, brandissent les fusils! Plusieurs hommes d'affaires et commerçants riches du Nord qui sont descendus au Sud après 1954, ont été bousculés à la faillite par la compétition venant des entrepreneurs en kaki. Un commerçant très prospère d'or et de bijoux de Hanoï s'est suicidé en avalant une grande dose de somnifères.

Otarie et Vautours Noirs

Les méthodes "devenir rich rapidement" des généraux sont vraiment originales, et leur réussite météorique. Vers 1970-71, ils sont devenus des hommes très riches, même par standards internationaux, leurs fortunes individuelles s'élevant à de millions de dollars. Les places d'honneur sont évidemment prises par des chefs tels que le Général Nguyen Van Thieu et son Chef d'Etat Major Général Cao Van Vien.

Regardons de près un cas, les affaires de l'Amiral Tran Van Chon, le commandant de la Marine, par exemple. Lui et son prédécesseur, l'Amiral Chung Tan Cang, à présent le gouverneur militaire de Saïgon, ensemble avec leurs subalternes des forces navales de Saïgon, sont tous devenus riches "à la vitess des vedettes PT" selon l'expression colorante des soldats de la Marine.

Chaque trimestre, l'amiral enverrait le personnel aux Etats Unis pour prendre possession des navires de guerre passées par les Américains à leurs alliés de Saïgon. Ce sont là des occasions bien précieuses à la fois à ceux qui sont confiés avec le travail et leurs patrons à la maison. Les envoyés vivent dans les meilleurs hôtels dans les cités chaudes le long de la côte pacifique et ont plein d'occasions pour se familiariser avec la "culture" américaine et les conditions du marché américain. Leurs cargaisons d'héroïne, opium et marijuana changeraient rapidement de mains, leur apportant autant que 500% de profit. Les voyages aux Philippines et à Okinawa sur les "missions" variées sont également hautement lucratifs et divertissants. Ce n'est pas étonnant qu'il arrive souvent que les collisions entre navires sont délibéramment causées pour procurer les occasions de naviguer jusqu'à Manila pour "réparation".

Les régions côtières du Sud Viet Nam sont sous la surveillance de la Marine, dont les vaisseaux peuvent jeter l'ancre à n'importe quel port et ont en outre des zones "de sécurité spéciale" à leur disposition. Elle possède également la multitude de bateaux qui font la navette sur les rivières sudvietnamiennes. Le Vice-Amiral Lam Nguon Tanh a plusieurs amis et parentés parmi les commerçants chinois de Cho Lon. Et ainsi le commerce des produits maritimes est évidemment dans les mains des Messieurs les officiers supérieurs de la Marine et leurs clans: poissons, homards, nuoc mam (sauce de poissons) de première qualité, les nids d'hirondelles qui commandent hauts prix sur le marché de Hongkong, etc.

Les cales des vaisseaux de la Marine sont bourrées non seulement de marchandises telles que, écorce de cannelle du Centre ou de fruits et légumes frais du delta, mais également de toutes sortes de narcotiques pour les clients GIs, stationnés à Cam Ranh, Da Nang, Cua Viet, etc. On doit ajouter bien évidemment les "butins de guerre" volés de la population côtière et les hommes de pêche dans de fréquents raids, incursions et confiscations: or et bijoux, vêtements et meubles, montres, appareils de radio, motocyclettes, même bateaux et équipements de pêche. La taille du partage qui pourrait être revendiquée par chacun est déterminée bien sûr par son rang. Les "pieds-à-terre", livides d'envie, appellent les marins "corsaires", qui non seulement dérobent les autres gens mais également volent l'état. En fait, aux marchés de puces de Saïgon, on peut trouver en vente n'importe quel pièce d'équipement de la Marine: bouées, compas, couvertures, hamacs, générateurs électriques et d'autres bricoles!

Les aviateurs, de leur part, font les affaires à leur propre manière, avec la vitesse et l'efficacité dignes de leur temps de jet, sous le leadership d'abord du Général Nguyen Cao Ky, puis du Général Tran Van Minh. Ils font le commerce en des marchandises légères et de hautes valeurs, or en feuille ou en barres, diamants, héroïne... Les missions à Phnom Penh, Vientiane, Bangkok, Manila ou Taipei sont des occasions hautement profitables dans lesquelles les commandants de base, d'aile et de vol opèrent en étroite coordination avec les trafiquants internationaux basés au Sud Est Asie. Les marchandises voyagent sous la protection de la police de la force de l'air, qui garde les officers de douane et la police économique d'interférer. Une fois arrivées à l'aéroport, des camions spéciaux de la force de l'air viennent les chercher, ou des hélicoptères si des ennuis menacent. Les officiers de la force de l'air à la grande base Tan Son Nhut dirigent également un service de transit servant les commerçants privés qui souhaitent leurs marchandises spécialement de valeurs à voyager en vitesse et sécurité maxima. Les coûts de fret sont bien raisonables: 200 000 piastres pour le transport d'un kilo d'héroïne de Saïgon à Nha Trang; 300 000 à Da Nang; et 350 000 à Phu Bai plus loin au nord. L'argent est versé à l'avance et pas de reçu est donné. L'envoyeur donne l'adresse, la plupart du temps une place publique ou un restaurant de luxe, le signal par lequel le receveur sera reconnu.

Large somme d'argent vient également aux commandants de base de la vente des équipements d'air approvisionnés par les Américains: bougies (2 000 piastres la pièce), montres spéciales (40 000), débris d'avions (50 000 par tonne)...

L'adoration des Marines de Mammon ne peut être si discrète. La presse de Saïgon est remplie de nouvelles et de rumeurs déplaisantes qui offensent grandement le commandant de la Marine Le Nguyen Khang, un général bien charpenté, de béret vert dont le quartier général est au numéro 15 rue Le Thanh Tong aux quais de Saïgon. Les officiers avec l'insigne de vautours noirs parlent encore avec nostalgie de la grande aubaine de 1970: l'invasion du Cambodge dans la région de Neakluong. Leurs hommes pillent systématiquement les dépôts de nourriture et de produits textiles de leur "allié" Lon Nol et pas moins systématiquement dépouillent la population indigène de leur propriété: or, bijoux, scooters Vespa, motocyclettes Honda...qui sont empilés sur des camions militaires et dépêchés aux marchés aux puces qui se multiplient le long de la frontière. Un commandant d'une brigade de Marine, agissant sous l'avis de son patron Le Nguyen Khang, envoie sa propre femme à Neakluong où elle établie rapidement, conjointement avec la femme du colonel cambodgien Tasavat, un canal efficace liant Saïgon et Pnom Penh à travers Neakluong pour le commerce profitable en opium et diamants. Ainsi s'est construite et consolidée une amitié entre les nations et les armées de Nguyen Van Thieu et de Lon Nol. L'année 1970, après coup, s'avère être l'apogée de la fortune de Le Nguyen Khang. La scène pitoyabble que ses Vautours Noirs étalent au sud Laos en 1971 est due, selon les agitants à l'Etat Major Général de Saïgon, à l'absence de tels stimulants que l'or et l'opium qui sont plutôt difficiles à trouver dans la jungle épaisse de ce champ de bataille.

Cependant, dans cette course "devenir riche rapidement", les hommes du Commissariat sont les plus rapides entre eux tous. Son nom vietnamien est Quan Tiep Vu, QTV en court. Il prend soin des approvisionnements à l'armée entière de Saïgon: toute l'aide militaire et économique américaine à l'armée passe à travers ses services. Les hommes de QTV apprennent très vite les quelque trucs de leurs collègues des services d'approvisionnement américains, qui gèrent les boutiques PX et s'adonnent dans des activités du marché noire prospère.

Visitons par exemple le PX sur la rue Nguyen Tri Phuong, le plus grand d'entre eux. En dépit de toutes les annonces de "retrait de troupes" américain, il est bourré de clients GIs. Les serveuses, portant de maquillage voyant et minijupes, servent avec zèle ces soldats américains, les regardant en faisant la timide dans l'espoir d'obtenir des pourboires généreux. Les salles sont remplies de toutes sortes de marchandises: motocyclettes, réfrigérateurs, appareils de télévision, caméras, tissus, les produits les plus nouveaux des Etats Unis, Japon, France, Canada...- vendus à des prix spécialement bas.

En principe les PX sont hors-limite pour les Vietnamiens. Ne vous inquiétez pas. Les GIs au coeur d'or vous procureront avec tout ce que vous voulez, en échange d'argent. Les trafiquants du marché noir attendent en masse à la porte, avec des liasses de billets de 500 piastres dans leurs poches. Obtenir un appareil de TV de 9 inches pour eux apportera au GI 15 000 piastres de profit, un moped Honda 10 000. L'affaire entière ne prend que cinq minutes et environ vingt pas. Rien d'étonnant pourquoi plusieurs GIs ont loué Saïgon comme étant le nouveau Eldorado. Les commissaires américains, cependant, regardent ces affaires dérisoires avec d'un oeil méprisant. Leurs propres affaires sont d'une ampleur tout à fait différente! Suivons par exemple un convoi militaire américain (normalement de 5 à 20 camions) le long d'une route nationale principale amenant de Saïgon à Vung Tau, Tay Ninh, ou même Bien Hoa tout à côté. A un emplacement donné, le convoi s'arrêterait tout à coup et les camions seraient rapidement déchargés. Les marchandises sont immédiatement amenées à des endroits de caches convénients, et le convoi démareraient de nouveau. Tout cela ne dure que quelques minutes. Il n'y a pas de discussion, pas d'argument. Les prix ont été fixés au préalable et sont payés à la livraison: 10 000 piastres pour une grande caisse, 6 000 pour une plus petite. Les contenus ne sont pas connus à l'avance, et là gît le grand intérêt de l'affaire pour les acheteurs: les trafiquants du marché noir vietnamiens, soit civils ou les hommes du QTV. C'est comme un jeu de roulette. Quand les caisses sont ouvertes, ils seront bien contents si les marchandises sont des articles de vêtements ou de couvertures; fous de joie si les caisses sont remplies de montres, soupapes électroniques, ou allumettes à silex. Par contre, les cargaisons de manuels d'entraînement des soldats, de casques de PM, ou de papiers hygiéniques doivent être débarassées rapidement. Il peut aussi arriver que les caisses contiennent certains articles métalliques ou plastiques de formes étranges: des pièces détachées de quelque pièce mystérieuse de machinerie. Justement trop mal pour les acheteurs-joueurs, mais ils compenseront leurs pertes plus tard.

Cette façon originale de conduire les affaires est également pratiquée par les chefs de QTV le long des routes telles que Saïgon-BaRia, Saigon-LaiKhe et DaNang-ChuLai.

Récemment un grand scandale éclate dans Saïgon au sujet d'un vol de 420 tonnes de matériaux de cuivre et d'équipement électronique de la base logistique gigantesque de Long Binh. Les marchandises volées sont chargées sur le navire de cargaison Dong Nai en voie de Singapore, au même temps que le prix du cuivre s'élève très haut dans le marché mondial. L'affaire implique les hauts placés de plusieurs services, vietnamiens et américains: le Ministère d'Economie, le QTV, l'administration du port, le service de douane, les officiers supérieurs américains, etc. Le graissage de pattes, comme il est plus tard révélé, a coûté autant que 30 millions de piastres, mais il a failli satisfaire tout le monde et c'est pourquoi le chat a été éventuellement laisser hors du sac. Les marchandises - des étuis d'obus et des équipements de transmission tous neufs - ont été transportés par des camions militaires américains aux quais pendant 15 nuits consécutives, pendant les heures de couvre-feu!

L'Homme Numéro Un et sa Profession de Foi

Tard 1970 quand un nombre de députés se rassemblent dans la Salle de Conférence Dien Hong pour déclarer leurs protestations amères au sujet de la corruption dans le gouvernement, le nom du Général Do Cao Tri, le bras droit de Thieu, ne cesse pas d'être mentionné.

Qui est Do Cao Tri? Il a gagné une réputation parmi les parachutiste. Il joint l'armée coloniale française à l'âge de 17 ans, a été envoyé en France pour sa formation et a fait son premier saut à l'âge de 18 ans, et a été par la suite promu au rang de second lieutenant. C'était en 1946. Plus tard Tri aime se souvenir de ses supérieurs de l'époque, les colonels français Gilles, Ducourneau, Konal et autres, et au sujet de sa participation dans les opérations du corps expéditionnaire français le long de la frontière sino-vietnamienne et dans le Nord Ouest. Il ne manque jamais de vanter le fait qu'il a été décerné la Légion d'Honneur en 1951, soulignant qu'il avait seulement 23 ans à ce moment-là. Il répète avec fierté à ses subalternes qu'il a fait son premier saut en parachute "avant le Général Nguyen Chanh Thi, et même le Général Cao Van Vien!"

Il a été surnommé le Roi des Parachutistes dans une cérémonie de la Division de Parachutistes tenue en 1966. Mais ses sobriquets plus généralement connus sont "Roi de la Corruption", "Roi des Jeux d'Argent" ou "Trémie de Putains."

Passons rapidement en revue les éléments de bonne fortune qu'il a bénéficiés tout au long de sa carrière. Son plus grand coup de chance vînt en 1970 quand il a été mis à la commande des forces de Saïgon qui envahissaient le Cambodge. Quand ses troupes entrent dans les régions de caoutchouc de Chup et Minot, il ordonne de réquisitionner toutes les propriétés des planteurs français et de la population indigène cambodgienne. Ce pillage a été systématiquement mis en pratique par les unités spéciales même tandis que le reste de ses forces sont en train de souffrir de lourdes pertes aux mains des forces de la libération. Le butin est ramené à travers la frontière au Sud Viet Nam en de longs convois de camions avec l'escorte des QC (Quan Canh: police militaire). Sous des bâches les camions transportent une douzaine de boeufs ou buffles la pièce. Environ 4 000 têtes de bétail ainsi passent la frontière par semaine. Mais ce qui enrage en particulier les planteurs français est le pillage des stocks de latex. De milliers de tonnes de caoutchouc cru sont transportés par les camions militaires, comme cette opération a été donnée la priorité même à l'évacuation des soldats blessés. Tôt, des balles de caoutchouc cru portant les inscriptions en Français: "Plantation Chup" ou "Plantation Minot" sont en vente à Saïgon. Après qu'environ 200 convois de camions aient vidé les maisons dépôts, les avions sont appelés à les bombarder avec du napalm. Lorsque que les officiers supérieurs cambodgiens portent plainte, Tri répond avec une secousse d'épaules: "Le latex est si enflammable. Juste quelque obus Viet Cong sont suffisants pour réduire tout en cendres. Qu'en puis-je faire? Quant au bétail, eh bien, ils se dispersent au moins bruit de bataille et nous sommes trop occupés pour leur prêter aucune attention."

Des détails de l'opération sont plus tard fournis par un officier le la 18ème Division au cours d'une beuverie: "Tout marchait comme sur des roulettes. Les convois sont reçus à la frontière par un personnage pas moins que le Général Lam Quang Tho, commandant de la 18ème Division d'Infanterie. Sous la protection des ses troupes les merchandises sont transportées aux maisons de dépôts secrètes ou confiées aux mains des intermédiaires fiables. Les officiers de sécurité sont incapables de lever un doight car les commandants de l'escorte sont plus hauts placés en grade qu'eux et en plus possèdent les ordres de mission signés soit par le Général Do Cao Tri personnellement ou par son chef d'état major, le Général de Brigade An. Ces ordres de mission coûtent des millions de piastres la pièce!"

Ce n'est pas tout. Il y a davantage de coups de chance. Par exemple le cas des deux valises bourrées de liasses de notes de banque - dollars américains, piastres vietnamiennes, riels cambodgiennes, kips laotiennes,..- totalisant l'équivalent de quatre billions piastres dans la devise à Saïgon, soutirées des ventes des plantations françaises et des poches de la population indigène. Ce fut un grand scandale et les députés de Saïgon en font grand tapage. Mais le Général Tri trois jours plus tard, leur a répliqué en colère: "C'est une insulte impardonnable aux commandants sur le champ de bataille, une diffamation qui nuit à la prestige nationale!" Puis il défie le député Pham Nam Sach à un débât à son quartier général à Bien Hoa, suivi si nécessaire par un duel de pistolets! Sans dire, le député n'est pas si fou que d'entrer dans la tanière du lion.

En fait, dans sa carrière météorique, le Général Tri a connu de nombreux coups de fortune. Au début, il a empoché de tas d'argent dans les opérations ordonnées par Ngo Dinh Diem contre les Binh Xuyen en 1955. En 1963 il sert dans la Région du 1er Corps quand Diem et son frère Nhu ont été liquidés. Il reçoit l'ordre d'arrêter leur frère Ngo Dinh Can qui est alors en train de régner à Hue et dont il a l'habitude de l'adresser respectueusement comme "Grand Oncle." Parmi les propriétés confisquées de ce dernier, il y a une boîte pleine de diamants (242 en tout, parmi lesquels 30 sont de première qualité) que Tri a rapidement saisi pour lui-même.

A partir de 1965, comme la guerre se répand, la fortune de Tri a également connu une montée fantastique. Un de ses jeunes frères est nommé commandant du secteur Bien Hoa, la région de sa famille natale. Un autre est confié le haut poste de l'administration forestière tandis qu'un troisième travaille dans les forces de sécurité militaire. L'objectif du clan est de devenir des chefs guerriers-cum-financiers de premier choix.

Malheureusement pour lui, Do Cao Tri est tué en mars 1971 quand son hélicoptère, ayant à bord ses plus proches conseillers américains, est abattu par les guérilleros tôt après le décolage de la piste d'aviation de Trang Lon.

Sa mort a peiné grandement Thieu. Les deux hommes sont liés par des intérêts communs, financier et autre. La femme de Tri, Nguyen thi Kim Chi, est la fille de Nguyen Huu Tri, le gouverneur du Tonkin sous l'occupation française, et un grand ami et partenaire d'affaires de la femme de Thieu.

Tôt avant sa mort, Tri a déclaré ce qui pourrait être considéré la profession de foi des hommes en kaki à Saïgon. Dans une entrevue avec le journaliste français Jean Lartequy, après avoir évoqué nostalgiquement son service passé avec les Français et rappelé au sujet des ses supérieurs, Colonels Gilles et Vanuxem, Tri confie au Français: "Dans la guerre il y a normalement deux sortes de gens: ceux qui l'exerce et ceux qui s'en profitent. Je suis tous deux! Je fait la guerre et j'en soutire de gros profits." Il éclate en rires et déclare avec pompes: "La vie est courte, on devrait en profiter au maximum!" Quatre jour plus tard, les guérilleros de Tay Ninh a mis fin à sa vie.

Le Vice-Roi des Hauts-Plateaux

Ce sobriquet a été donné à Ngo Dzu, un autre bras droit de Thieu, Commandant de la Région du 2ème Corps depuis 1968, il règne sur les Hauts-Plateaux du Centre, une région vaste avec d'immense richesse naturelle, peuplée par de plusieurs minorités ethniques. La presse de Saïgon a observé: "Le bras droit du Président Thieu, le Général Do Cao Tri, détient Saïgon, tandis que son bras gauche, le Général Ngo Dzu, contrôle les Hauts-Plateaux."

Pourquoi s'est-il tombé de la bonne grâce? L'histoire, comme largement circulée dans les restaurants somptueux dans Cho Lon, est comme suit: Tout commence avec l'éclat de colère du Président Nixon en mai 1971. La dépendance de drogue a atteint une proportion alarmante chez le corps expéditionnaire américain. Les membres en panique du Congrès soupçonnent un truc satanique de l'adversaire qui "empoisonne nos garçons en leur vendant des drogues à des prix très bas à travers un réseau de collaborateurs omniprésents." La presse saïgonnaise sonne également l'alarme: "Un marée montante d'héroïne s'est élevée au Viet Nam!"

Tôt, cependant, un rapport secret de la CIA conclue: l'héroïne a été fournie au GIs par personne autre que les généraux de Saïgon. Une liste attachée cite 24 noms, tous des piliers de la République de Thieu. Le nom de Ngo Dzu est à la tête de la liste.

Après un débât pleinier de la National Security Council du danger mortel menaçant les troupes américaines au Sud Viet Nam, le Président Nixon écrit une lettre personnelle à Thieu dans laquelle il demande brusquement qu'une fin soit mise à ce trafic honteux et que la punition soit imposée à ceux qui, pour des intérêts matériels, sont en train de séduire leurs "alliés" américains dans une morte lente mais certaine.

Le contenu de la lettre d'une manière ou d'une autre a été transpiré. Ngo Dzu descend en hâte à Saïgon pour une campagne de "rénovation d'image" dans laquelle il va jusqu'à lancer un défi de duel de pistolets à quiconque qui ose "souiller les généraux de la République et le prestige national."

Mais personne n'est aussi fou. Le genre d'affaires dans lequel le Général Dzu s'est impliqué est bien connu. Quiconque visite Da Lat, un lieu de vacances à la mode dans les Hauts-Plateaux du Centre, aurait pu l'entendre discuté ouvertement dans ses hôtels luxueux. A Da Lat vous pouvez facilement trouver des choses qui sont plutôt difficiles à trouver à Saïgon: des pilules jaunes de LSD à 19 000 piastres le flacon; les pilules vertes à un plus bas prix; des tablettes qui sont un mélange de mescaline et LSD sont offertes aux touristes par des trafiquants de drogues. Des drogues moins fortes sont à très bas prix: l'héroïne Red Rock coûte deux dollars le flacon (100 aux Etats Unis); un paquet de cigarettes marijuana, complet avec des bouts filtrés, 30 cents. Les exécutif et les pétroliers américains prospères qui visitent Da Lat pour le repos parmi les bosquets de sapins et les ruisseaux montagneux en sont tous ébahis!

Au début 1971, tandis que l'invasion de Laos par les troupes de Saïgon est en train de tourner dans un désastre, Ngo Dzu, sur les ordres de Pentagone, se rend deux fois à Pakse pour conférer avec Phasouk, le général commandant laotien du secteur. Ils sont d'accord que l'opération conjointe conçue à aller dans Saravan-Attopeu serait un autre désastre, et l'abandonnent. Mais le temps de Ngo Dzu n'a pas été inutile, car il a conclue une affaire fructueuse avec Phasouk dans laquelle les deux établissent un canal conduisant l'opium et l'héroïne entre Pakse et Pleiku. L'affaire prospère jusqu'à la chute de Dac To et Tan Can qui a coûté Dzu son poste.

Ngo Dzu a été très habile dans des affaires profitables. En 1970, il a devisé une combine qui cadre bien avec le plan de M. Nixon pour la "Vietnamisation." Il débute avec la remise du camp américain à Duc Co à la commande vietnamienne de la Région du 2ème Corps: des centaines de barraques en bois recouvertes de toits en tôles équippées de climatiseurs, générateurs électriques, appareils de radio et de télévision, ventilateurs électriques, coffres-forts, cabinets de fiches, baignoirs, immeubles en duralumin, machines à écrire, machines à mimeographie, etc. En deux semaines tout a été vendu aux enchères. A qui? Aux généraux, leurs proches, et leurs acolytes, évidemment. Environ un-dixième des prix du marché. La plus grande part va naturellement à Ngo Dzu, dont le compte bancaire de millions de dollaars à Hongkong grossit nettement.

Les démantèlements suivants des autres camps américains ont bénéficiés énormément de l'expérience acquise. Il ne prend plus deux semaines, mais seulement deux jours pour s'en débarasser de chacun des camps américains à Dac To, Le Thanh, Play Mo rong, An Khe...De longues colonnes de camions GMC se tiennent en attente, et les marchandises sont rapidement délivrées aux clients à des prix préalablement arrangés. Les Américains portent plainte au Général Cao Van Vien et même au Président Thieu, mais tout ce qu'ils obtiennent était: "Merci, nous examinerons l'affaire." Bien évidemment tout le monde est au courant de l'affaire mais toutes bouches demeurent fermées aux moyens de larges paiements. Colby, le chef d'USAID, demande au Premier Ministre Khiem de mettre un fin à ce sabotage et a obtenu une réplique polie, mais ferme: "Une fois passés aux mains des Vietnamiens, les camps deviennet la propriété vietnamienne et nous les Vietnamiens savent quoi faire avec eux." En d'autres mots: "Laissez-nous seuls, voudrez-vous?" Le Colby furieux ne peut que maudire les "généraux incompétents et mauvais" de Saïgon. C'est le seul cas dans lequel les chefs militaires de Saïgon, normalement si rapide à obéir les ordres des Américains, osent les mettre en défi.

Après le désastre Dac To-Tan Canh en avril 1972, Ngo Dzu a été rappelé à Saïgon en attendant l'enquête. On le voit souvent en compagnie de Hoang Xuan Lam, le général congédié après la chute de Quang Tri, au club sportif. Vêtu en uniforme sportive immaculée, ils jouent au tennis et se divertissent énormément.

Car les désastres militaires n'interfèrent aucunement avec le confort personnel des généraux. Ils ont maintenant plein de temps pour jouir les fortunes qu'ils ont amassées avec grand peine. Ils savent que les enquêtes ne sont que pour la forme visant à calmer l'opinion publique et apaiser les craintes et la confusin chez l'armée. Le pire qui pourrait arriver aux généraux serait leur nomination à quelque poste d'ambassade à l'étranger. Un avocat à Saïgon observe: "Dans ce pays, les courts martiaux sont des affaires vraiment étranges. Les jugements prononcés parfois causent aux accusés de sauter de joie. En fait il n'y a pas du tout de punition, mais seulement de la récompense."Hoang Xuan Lam et Ngo Dzu, les deux généraux congédiés, peuvent ainsi attendre leurs procès avec un coeur tranquille. De nouvelles faveurs leur seront conférées par leur patron, le chef du Parti Kaki, Nguyen Van Thieu.

Le replacement de Ngo Dzu est également fait dans un style typiquement saïgonnais. Le nouveau nommé est le Général de Brigade Nguyen Van Toan qui, en tant que commandant de la 2ème Division à Quang Ngai, a été accusé à maintes reprise pour des délits tels que le viol d'un jeune fille de 12 ans, le pillage des propriétés des gens en plein jour, d'avoir accepté plusieurs millions de piastres d'un subalterne en échange d'une promesse qui plus tard n'a pas été honorée, de le promouvoir à un rang plus élevé, d'avoir pillé des tonnes d'écorce de cannelle, de les avoir vendus avec la complicité de la femme du Général Hoang Xuan Lam et d'avoir partagé les profits avec elle...Il est ainsi promu à être le successeur de Ngo Dzu seulement en vertu de son abilité avérée de gérer les affaires profitables qui ont été établies par ce dernier de la part de Thieu, Khiem, Vien et Co.

Quelques Autres Requins

Plus haut est votre rang et plus grand est votre pouvoir, davantage de pillage vous commettez aux dépenses de peuple: tel est la loi qui gouverne l'administration de Saïgon. Autour de Thieu et Vien, se tiennent quatre "piliers du régime": les Généraux Do Cao Tri, Dang Van Quang, Lu Lan et Dang Van Quang. Nous avons examiné le cas de Tri. Passons en revue la carrière des autres.

Dang Van Quang a été une fois le commandant de la Région du 4ème Corps (le Mekong Delta) où il a eu plein d'occasions de prouver sa capacité de pillage du riz. Il est maintenant le conseiller de sécurité du Président Thieu. Lu Lan, ancien chef de la province de Quang Ngai puis commandant du 2ème Corps, est également réputé par sa corruption et en particulier de son pillage du riz de secours destiné aux victimes d'inondation. Il est maintenant inspecteur général au Ministère de la Défense. Dam Van Quang, ancien sergent-chef de l'armée coloniale française a été plus tard promu à être l'aide-de-camp de Bao Dai, puis commandant de sa garde personnelle. Dans le régime financé par les Américains à Saïgon, il a été le commandant des Forces Spéciales et s'est fait un nom dans le trafic de dollars et le détournements de fonds de l'aide américaine et est un habitué des casinos de jeux. Il est maintenant l'adjoint de Lu Lan.

Sous le régime de Saïgon, où "la corruption est le carburant et lubrifiant de la machinerie d'Etat," comme l'a admis l'un de ses piliers, les quatre généraux jouent un rôle principal. Ils maintiennent une liaison étroite et efficace entre les vicerois des quatre Corps, la Présidence et l'Etat Major Général. Pour avoir travaillé eux-mêmes dans les divers Corps, ils connaissent bien la situation - c'est-à-dire, les occasions de pillage et de détournement de fonds.

Quelle est l'ampleur de leur richesse? Il est difficile à le dire. Un indicateur est la vantardise de Quang au cours d'une beuverie que sa propre fortune a grossi plus large que celle de Nguyen Huu Co, l'ancien ministre de la défense, maintenant un propriétaire d'une grande banque dont la fortune aurait dépassée la marque de 6 millions de dollars américains. Chaque mois Co et sa femme soutirent deux millions de piastres provenant du loyer de leurs immobiliers: une immeuble à 3 étages à Dalat. 60 bungalows loués aux Américains à Nhatrang, un villa luxueux à Vung Tau, deux hôtels modernes à Saïgon...Les immobiliers, que tout le monde peut voir et estimer, ont une valeur de billions de piastres. Mais les comptes bancaires et l'argent comptant demeurent un mystère. Il y a seulement quelques indications éloquentes. Par exemple, l'histoire au sujet de Madame Co, dont la grande passion est le jeu. Une fois, ayant perdu 300 000 piastres dans une seule nuit, elle allume nonchalamment une cigarette et dit avec une secousse d'épaules: "C'est rien, rien du tout. Le prix de trois soldats."

Ce qui est certain est que les fortunes des généraux de Saïgon surpassent de loin celle de la famille de Ngo Dinh Diem, qui en fait a été incorporée dans les leurs après la chute de Diem en 1963. La soit-disante "confiscation de la propriété de la famille Diem pour l'intérêt de l'Etat" était juste frapper un sprat pour attraper une baleine.

Pendant leur temps au pouvoir, Diem, son frère Nhu, et la femme de Nhu, Le Xuan, ont leur main dans presque toutes les affaires profitables dans le pays. Ils détiennent le monopole du commerce de riz dans le Centre et l'exportation de l'écorce de cannelle, sable blanc, ferraille, caoutchouc, homards, plumes de canard, etc., qui apportent plusieurs billions de piastres chaque année d'intérêt. Maintenant les affaires sont solidement dans les mains de Ngo Dzu, Hoang Xuan Lam et Dang Van Quang.

L'entreprise Tan Mai à Bien Hoa, qu'au temps de Diem détenait le monopole de l'exploitation forestière et le traitement du bois, est maintenant confiée à un général en retraite, un ami de Dang Van Quang.

Diem avait de grands intérêts dans l'industrie textile. Son frère, l'Evêque Ngo Dinh Thuc, gère l'usine de papier Cogido, qui est maintenant contrôlé par les Généraux Cao Van Vien et Lu Lan. Dans l'industrie de la nourriture, Madame Nhu avait investi de larges sommes d'argent dans la Compagnie Intraco: une usine de mise en boîte de la viande à Gia Dinh, une autre de poissons à Phan Thiet, un champ de 200 hectares d'élevage de crevettes à Vung Tau, une usine de congélation pour crevettes et homards à Van Don (Saïgon). Les actionnaires principaux de ces entreprises sont maintenant les généraux de Saïgon.

Diem en son temps s'était entouré par des serviteurs fidèles tels que son neveu Nguyen Van Buu et son valet Nguyen Huu Khai. La suite des généraux de Saïgon est plus nombreuse: leurs frères, neveux, cousins et bien sûr leurs parents et leurs épouses. Sans mentionner leurs subalternes.

En tant que conseiller de sécurité du Président, Dang Van Quang est en fait en train de travailler la plupart du temps avec la femme de ce dernier car il gère le trafic d'opium et les comptes bancaires à Rome et Berne de la femme de ce dernier. "Un vrai Kissinger", dit un journaliste à un député, qui répond rapidement: "Kissinger ne peut pas tenir une bougie à Quang au point de vue de la gestion financière pour le patron."

Les épouses des généraux sont également notoires. Ces dames parrainent les soit-disantes organisations charitables qui sont un paravent convenable pour des activités moins innocentes. Ainsi Madame Thieu est Président de l'association des Femmes Servant la Société, tandis que les Madames Quang, Lan et Quang sont les membres de son commité central. Pour leurs opérations fiancières elles ont une armée d'aides efficaces et ainsi ont plein de temps pour des orgies du style américain.

Leur nombre respectable cause qu'elles forment une classe spécialement privilégiée. Car alors qu'il y a seulement 137 généraux (de brigade et au-dessus) le nombre de leurs conjointes est beaucoup plus large. Une fois un général de brigade a été tué en bataille: pas moins de huit veuves viennent à ses obsèques, des endroits aussi éloignés que Da Nang, Hue, Da Lat, Can Tho, et chacune des trois arrondissements de Saïgon. Chacune essaient d'exprimer leur deuil plus fortement que les autres, afin de justifier leur droit à une partage plus large de l'héritage de 600 millions de piastres!

Comme mentionné ci-dessus, la charité est l'occupation favorite des femmes des généraux. Les victimes des calamités naturelles, les réfugiés de guerre, les veuves et orphelins sont l'objet de leur sollicitude attentive. Car elles font attention au moindre typhon que sévisse leurs compatriotes unfortunés. Non pas qu'elles ont du souci au sujet de leur sort. Mais elles sont énormément intéressées dans leur partage qu'elles ne manquent pas d'obtenir du fonds de secours collecté du public: normalement pas moins que soixant pourcent.

Vietnam Courier #4 (Septembre 1972)
Courtoisie d'Adam Sadowski