Interviews

AnimeLand, #56
*TO BE TRANSLATED*

Okiura Hiroyuki

Entretient avec le réalisateur de Jin-Roh

Animeland: Votre parcours, s'il vous situe dans un courant précis de la production d'animation au Japon, n'est pas nécessairement évident à percevoir depuis
l'étranger. Né en 1966, à Osaka, vous vous êtes lancé professionnelement dans l'animation à votre sortie du collège, en 1983. Pouvez-vous expliquer les tenants de
votre surprenante précocité?

Okiura Hiroyuki: En fait, je n'ai pas commencé à travailler tout de suite après le collège, je suis d'abords entré au lycée, mais deux mois de cours m'ont suffi pour
regretter cette décision, et je me suis alors tourné vers l'animation.
J'ai toujours dessiné depuis l'enfance, et j'ai découvert le travail de l'animation à mon entrée au collège. Pendant toute ma scolarité là-bas, j'ai continué à m'y
consacrer avec des amis, dans le cadre d'un club que nous avions crée. C'est ce qui explique que, quand j'ai décidé d'abandonné les études, j'avais déjà un niveau
de compétence me permettant de travailler dans ce secteur.

AL: Le studio "Anime R", où vous avez fait vos débuts en tant qu'intervalliste sur des séries télévisées comme Votoms ou Galient, fait partie des structures de
production basées à Ôsaka, souvent dédiés à la sous-traitance... Quelle en étainet les principales activités, et combien de temps y êtes-vous restés?

OH: Il s'agit en effet d'un studio de sous-traitance qui à l'époque travaillait principalement auz séries animées de robots de la société Sunrise. J'y ait travaillé pendant sept ans, jusqu'en 1990, date à laquelle je suis devenu free-lance.

AL: Au sein de ce studio vous vous voyez confier en 1985 le poste d'animateur-clé, mais aussi et surtout de directeur de l'animation sur la série Vismark (Sab Rider), et dirigez pour la première fois l'animation de l'ensemble des engins et éléments mécaniques (créés par Ôgawara Kunio) pour la série télévisée SPT Layzner l'année suivante : comment expliquez-vous cette étonnante rapidité dans l'accès aux responsabilités techniques les plus élevées?

OH: Ce que je peux dire, c'est qu'ayant bien sûr commencé, comme tout le monde, en tant qu'intervalliste, c'est sur Vismark que j'ai réellement "animé" pour la première fois. C'est après le lancement de la série que pris part en tant qu'animateur-clé, et seulement vers la fin qu'on m'en a confié la direction de l'animation.. Il faut savoir que cette série, qui a duré à peu près un an, avait été dirigé depuis le début (NDLR : pour les épisodes sous-traités à Anime R) par TAIGUCHI Moriyasu, le dirigeant d'Anime R ; quand il a été trop occupé par d'autres travaux, on a eu besoin d'un remplaçant. C'est ainsi qu'avec un animateur du nom d'ÔSAKA Hiroshi,qui ces derniers temps a dirigé l'animation d'épisodes de titres comme Escaflowne ou Cowboy Bebop, nous nous sommes vus confier la direction commune de l'animation sur cette série, chacun se chargeant à chaque fois d'une moitié d'épisode. Quant à savoir si la rapidité à laquelle j'ai gravi les échelons de la profession est chose courante, ce type de progression varie sensiblement selon les studios, et je ne peux donc pas dire grand-chose de portée générale… Mais je pense en effet que dans mon cas, les choses ont avancé plus vite que la moyenne.

AL: Akira et Venus Wars, en 1988, sont vos premiers travaux sur des films de cinéma., et les loongs métrages suivants de votre parcours, comme Hashire Melos ou Patlabor, confortent encore dans l'impression qu'à ce moment est apparue une génération d'animateurs formant un groupe spécifique, marqué par une tendance à l'hyper-réalisme et par une recherche très minutieuse en ce sens.
 

OH: Il faut dire qu'Ôtomo Katsuhiro, venu de la bande dessinée auquel il a imprimé la marque de son talent, et où il avait fait sensation depuis des années par son trait et ses univers, a également marqué les professionnels de l'animation d'une empreinte semblable. Nombreux les animateurs de ma génération qui, ayant lu ses bandes déssinées dans leur jeunese ou à leurs débuts, ont été profondemment impressionné par son graphisme, son sens du dessin, et y ont puisé une influence décisive dans leur vocation ou leur travail. Il a apporté une touche et une orientation bien à lui, dans ses travaux animés aussi bien que ses bandes dessinées.

AL: La plupart des films de ce courant "réaliste", et en particulier Akira, ont fortement marqué le public comme les animateurs de la jeune génération, en France également. De façon plus particulière, le développement des studios d'Ôsaka est très mal connu ;a l'étranger, et personellement, le principal exemple qui me vient à l'esprit, en terme de parcours, est celui de SADAMOTO Yoshiyuki (Evangelion)...

OH: Pour SADAMOTO et quelques autres membres de Gainax, il me semble qu'ils ne sont pas réellement originaire d'Ôsaka, mais y seulement fait leurs classes... C'est là qu'avec ANNO, nottamament, ils ont animé les séquences des Daikon Films )NDLR : coutres animations réalisées en amateur pour le compte dMune convention de science-fiction).

AL: Dans votre cas, à quel moment vous êtes vous installé à Tôkô?

OH: Au temps de la réalisation de Rôjin Z, en 1991. Ce projet coïncide avec mon passage au statut d'indépendant. Jusqu'alors, mêm pour les films de cinéma comme Venus Wars, j'avais invariablement travaillé depuis Ôsaka, à l'exception d'Akira, film pour lequel j'étais venu séjourner à Tôkyô pendant six mois...

AL: Ce déplacement entraîna aussi un changement de niveau dans votre parcours puisque depuis lors, vous avez travaillé presque exclusivement sur des productions pour le cinéma. À ce sujet, Hashire Melos, votre long métrage suivant et votre première expérience dans la création de presonages, est un film unique dans votre parcours par son thème et son registre historique. L'apparence de ces protagonistes occidentaux, assez particulières aussi, vous a-t-elle été inspirée d'une source grecque?

OH: Pour ce film, Ôsumi Masâki, le réalisateur (NDLR : metteur en scène nottamament sur les Moomins et la première série de Lumpi III) m'a guidé de ses conseils dans ce travail de création, que j'ai intégrées dans l'apparence générale des personnages. À l'époque, il n'y avait pas tant d'occasions qu'aujourd'hui de montrer ce genre de film à l'étranger, et personnellement je n'ai jamais pensé que celui-ci serait visible hors du Japon. C'est pourquoi j'ai avant tout visé à des personnages qui puissent sembler naturels aux yeux du public japonnais... En particulier pour le héros, Melos, je l'ai conçu brun, avec une ligne de regard plutôt proches des standards japonais et une forme de visage facilement attendrissante à nos yeux, par contraste avec les autres personnages, aux traits occidentaux plus marqués.

AL: Ce film se distingue également, me semble-t-il, par sa description d'un quotidien historique, ses enjeux comme le statut qu'a pu lui conférer la recommendation du Ministère japonais de l'éducation.

OH: En somme, il n'y a rien de commun avec mes autres travaux. Quant j'ai pris connaissance de ce projet, au d.but, je me suis dis moi-même que cela ne me correspondait pas, et c'est seulement après en avoir discuté avec M. Ôsumi, et après avoir pris connaissance de sa vision de l'oeuvre et de l'adaptation qu'il projetait, que j'ai pris la décision de me lancer sur ce long métrage. Quant au résultat, je dois vous dire que mis à part Jin-Rô, c'est mon film préféré parmi tous mes travaux...

AL: Vous êtes ensuite animateur-clé sur le socond film de Patlabor, et sur le premier segment de Memories, projet sur lequel vous croisez à nouveau Ôtomo après Akira et Rôjin Z. Comment avez-vous été amené à participer au sketch Magnetic Rose?

OH: En fait, sur Memories, leprincipe a constitué à réunir une équipe pour le sketch, et si Stink Bomb, la seconde partie (à laquelle j'ai aussi un peu participé), a été réalisée à Madhouse, les deux autres l'ont été à 4oC (NDLR : le studio d'Ôtomo). Le réalisateur de Magnetic Rose était MORITOMO Kôji, et le directeur de l'animation INOUÉ Toshiyuki, avec qui j'ai travaillé à maintes reprises depuis Akira. Sur Melos, nottamament, sa présence m'avait été très précieuse, et il m'a semblé naturel de l'aider à mon tour pour son travail suivant.