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Cahiers du Cinéma #540
*TO BE TRANSLATED*
Réalisme animé
JIN-ROH, LA BRIGADE DES LOUPS.
Lorsque Jin-Roh débute, on ne saisit pas immédiatement la nature des images qui défilent sous nos yeux : l'explosion nucléaire d'Hiroshima, la ville détruite, le lent retour à la vie, ces "archives" en noir et blanc sont-elles des prises de vue réelles ou appartiennent-elles au monde de l'imagination? Si le doute est vite balayée par la venue d'images finement colorées et dénuées d'ambiguïté, les scènes et les péripéties qui suivront n'auront de cesse de plier l'animation à la xxxxxxxx du réalisme. C'est la beauté paradoxale de ce film de décrire l'humain dans sa globalité, ses contrastes xxxxxx et ses subtilités comportementales, avec, xxxxxxx outil, l'animation sur celluloïd.
Jin-Roh nous plonge dans un Tokyo d'après guerre dominé par de violents troubles sociaux. Le xxxxxx de ce Japon militarisé a anéanti toute xxxxxx politique, laquelle s'est atomisée en de xxxxxxxx groupuscules aux activités terroristes. Déterminer à les éradiquer, le gouvernement crée l'unité xxxxxx division armée de la Police de Sécurité. Fusé Kazuki, un membres de cette unité, voit sa vie basculée le jour où, lors d'une mission, alors qu'il se révèle incapable de tirer sur une fillette rebelle, celle-ci se tue devant lui en activant une bombe.
(suite bientôt)
Fant-Asia film festival
In an alternate Japan, some 10 years after a major war, poverty and crime stoke the flames of civil unrest. Anti-government guerillas, calling themselves the Sect, spark bloody clashes in the streets. The police respond with a crack unit of heavily-armoured cop-soldiers, prepared to tackle the increasingly well-armed Sect. The members of the anti-terrorist unit find themselves in a very high-pressure position.On the one hand, their very presence escalates the climate of violence with the Sect. On the other hand, regular cops resent and distrust them. At the center of this firestorm is a young cop named Fusé.
When a young woman commits a suicide bombing in front of him, Fusé is held esponsible and demoted back to training camp. Deeply troubled by the experience, Fusé visits the girl's grave, and there meets her sister, with whom he begins a complex relationship. At the same time, a sinister conspiracy is brewing deep in the labyrith of the police system, on that threatens the lives and well-being of all involved.
Jin-Roh is the brainchild of masterful Japanese
animator Mamoru Oshii, best known for the Patlabor series and for the smash
hit Ghost in the Shell. Like those works, Jin-Roh displays a very adult
sensibilty in animation. Not in the sense of graphic gore and sex, but
in the sense of its profound philosophical ramifications and moral questioning.
Jin-Roh was written by Oshii but directed by Hiroyuki Okiura, who cut his
teeth as key animator on films such as Akira, Memories and Ghost in the
Shell. Together, this pair bring new depth to the world of anime,
and a film not to be missed.
Radio-Canada
*TO BE TRANSLATED*
Il est difficile de résumer l'histoire
de ce film foisonnant qui entremêle plusieurs récits.
Fuse est un agent double au service de la section spéciale anti-terroriste
et de la brigade des loups (les Jin-Roh du titre).
Il lutte pour le gouvernement contre la rébellion sanglante de la
Secte, jusqu'à sa rencontre avec une jeune fille en manteau rouge
et aux cheveux courts qui se fera exploser sous ses yeux. Psychologiquement
dévasté, pris de remord de n'avoir pu empêcher son
suicide, Fusé se rend au funérarium, et y découvre...
la soeur aînée de la terroriste! Petit chaperon rouge aux
longs cheveux, jeune fille timide et aimante, elle tente de le racheter
par sa douceur.. et l'entraîne, en fait, dans un jeu de dupes.
Pour survivre, Fusé devra déjouer les complots gouvernementaux,
agir en loup parmi les loups, renier ses amis et son humanité, dévorer
les petitschaperons...
Jin-Roh est le fruit de l'imagination sombre
de son scénariste, Mamoru Oshii (auquel on doit Ghost in the Shell),
et de l'espoir de son jeune réalisateur, Hiroyuki Okiura. Si le
film est principalement basé sur l'histoire nihiliste d'un Mamoru
Oshii plus noir que jamais, il doit ses moments d'amour et de réconfort
à Hiroyuki Okiura.Deux générations (les deux hommes
ont 15 ans de différence) et deux visions du monde synthétisées
en une oeuvre adulte très ambitieuse. Oubliez ce que vous savez
de l'animation japonaise, des visages aux grands yeux, des histoires de
robots géants où les bons sont affreusement bons et les méchants
désespérément méchants. Jin-Roh donne des clefs,
des indices. Mais les apparences y sont trompeuses, les conflits moraux
obsédants, les enjeux embrouillés. Et d'ailleurs, on ne comprend
pas tout. L'équilibre des forces change rapidement et le spectateur
n'a pas la partie facile puisqu'il n'y a ni méchants ni gentils,
ni méchants un peu gentils, ni gentils un peu méchants. Comme
dans la nature, chacun se bat pour sa survie et celle de son groupe. Ici,
l'humain est presque en deçà de la moralité, il est
presque animal. Et d'ailleurs, les parallèles entre humains et animaux
sauvages sont nombreux dans le film. Qu'ils soient empaillés au
musée, qu'ils hantent les rêves de Fusé, qu'ils dévorent
les petites filles, les loups constituent la référence constante.
Référence d'autant plus intéressante qu'ils furent
longtemps considérés au Japon comme des divinités
bénéfiques qui protégeaient les récoltes des
dégradations des herbivores... avant d'être chassés
et exterminés par la modernisation et l'influence occidentale.
Dans Jin-Roh, les loups agissent selon leur instinct;
ils ne sont ni condamnés ni glorifiés, mais ils sont tout
puissants et implacables. Ils dévorent des petits chaperons rouges
déboussolés et vaguement consentants, des petits chaperons
rouges qui boivent le sang et mangent la chair de leur propre mère,
enfants dénaturés qui se souviennent encore vaguement de
leur humanité, mais qui ne savent plus l'exercer. Ce qui fascine
également, c'est la qualité photographique de l'animation.
Les visages sont tous différents, tous humains dans leurs traits
imparfaits, leurs anglessaillants, leurs expressions de détresse,
de joie vague ou de peur. On jurerait que certaines scènes ont d'abord
été tournées avec de véritables acteurs, et
simplement décalquées. Et pourtant non. Ce n'est que
le talent et le sens de l'observation des animateurs qui ont secondé
Hiroyuki Okiura, et du réalisateur lui-même, qui transparaît.
Hiroyuki Okiura a tenu à contrôler le dessin cadre par cadre,
recommençant lorsqu'il n'était pas satisfait, et le film
a pris trois années à être complété.
Les genoux tremblants de la terroriste; la silhouette figée de Fusé,
incroyablement humaine sous son armure de soldat; sa détresse lors
de la scène finale; le mélange de réserve, de désespoir
et d'amour sur le visage de la jeune fille
sonnent totalement juste. On n'oublie pas
ces instants de grâce...
L'un des producteurs du film déclarait
récemment (lors d'une conférence de presse donnée
dans le cadre de la Berlinale 99) qu'il s'agissait d'un des derniers films
entièrement produits à la main. Après Jin-Roh, le
studio passera à l'informatique pour explorer d'autres voies.
Espérons que la finesse et le savoir-faire déployés
ici ne se perdent pas.
Première
*TO BE TRANSLATED*
Chaperon rouge. Dans un Japon fictif d'après-guerre, les forces de l'ordre affrontent des mouvements de résistance terroriste dont les messagers sont des enfants. En s'accrochant au souvenir d'une résistante, un soldat de la police secrète réveille au fond de lui des sentiments oubliés.
Le loup est un loup pour l'homme. Si vous pensez que le cinéma d'animation est définitivement réservé aux enfants, vous risquez de passer à côté de Jin-Roh. C'est un film pour adultes qui pose des questions d'ordre politique, historique et moral. Qu'il le dise en animation ne lui retire rien. Au contraire. Jin-Roh a été conçu, écrit et découpé avec autant de rigueur, sinon plus, qu'un film classique. Thématiquement et visuellement, le résultat est exceptionnel.
L'histoire est racontée au conditionnel passé, imaginant ce qui se serait passé dans un Japon qui n'aurait pas connu l'occupation américaine après la guerre. Le résultat est effrayant dans sa description d'un monde ultra fliqué et déshumanisé. Il est d'autant plus effrayant qu'il est vraisemblable. Il suffit de se rappeler l'histoire du Japon contemporain, marquée par d'incessants affrontements dans lesquels les libéraux modérés ont fini, provisoirement, par l'emporter sur les nationalistes, mais il s'en est fallu de peu. Ce n'est donc pas un hasard si l'esthétique de Jin-Roh rappelle l'Allemagne nazie. De tous les pays occidentaux, l'Allemagne a probablement exercé la plus grande influence au Japon.
On retrouve ici la propension du scénariste Mamoru Oshii à demander ce qui reste d'humanité chez des personnages transformés par leur conditionnement (Patlabor) ou la technologie (Ghost in the Shell). Par ailleurs, il avait développé dans une série de mangas l'idée d'une humanité qui se distinguait par son animalité, les prédateurs étant naturellement des hommes-loups. C'est le quatrième épisode de la série qui a été adapté ici à l'initiative du jeune animateur Okiura. Ce dernier a imaginé de l'enrichir en y incluant le conte du Petit Chaperon rouge.
D'un coup, l'histoire prend la dimension d'un
drame cornélien: voilà l'homme-loup amoureux du Petit Chaperon
rouge, poussé dans ses derniers retranchements logiques et affectifs.
On a toujours loué la capacité des Américains à
pointer, par le biais du cinéma, leurs propres défauts. En
rappelant avec une
lucidité glaçante le potentiel
totalitaire de la société nippone, ce film prouve que le
cinéma japonais n'est pas en reste.