La famille des Atrides

 

Cette famille doit son nom au personnage d'Atrée qui incarne, comme la plupart des membres de cette terrible dynastie, la férocité sanguinaire. Elle est née de l'union de Zeus et d'Europe. Sa vie durant, Atrée poursuivit de sa haine son frère Thyeste, qui avait séduit sa femme. Pour se venger, il lui fit servir au cours d'un festin les corps des trois fils que Thyeste avait eu d'une naïade puis il lui révéla la vérité.

  L'un des enfants de Zeus et d'Europe, Minos, compta parmi ses descendants, à la suite de son union avec Pasiphaé, Phèdre, Ariane, et Aéropé, qui épousa Atrée. D'Aéropé il eut deux fils, Agamemnon, roi d'Argos, et Ménélas.

  Agamemnon, partant à la conquête de Troie, accepta le sacrifice d'Iphigénie, la fille qu'il avait eue de son épouse Clytemnestre. Après la victoire des Grecs sur les Troyens, il fut assassiné par son neveu Egisthe, avec la complicité de Clytemnestre, dont ce dernier était devenu l'amant.

  Son frère Ménélas ne connut pas une destinée aussi tragique: il se réconcilia avec sa femme Hélène, dont le rapt par Pâris (fils de Priam, roi de Troie) avait déclenché la guerre de Troie, et mourut âgé, de mort naturelle, avant d'être emporté par les dieux jusqu'aux champs Elysées.

  Clytemnestre, elle, fut tuée par son fils Oreste, aidée de sa soeur Electre, qui exécuta aussi Egisthe. Persécuté par les Erinyes, Oreste fut protégé et purifié par Apollon. Il finit ses jours sur le trône d'Agamemnon à Argos. Ainsi s'acheva le destin sanglant des Atrides.

 

La fortune littéraire des Atrides. Leur histoire a fourni la matière de nombreuses oeuvres littéraires et théâtrales de la Grèce antique. L'Iliade d'Homère a fait d'Agamemnon l'un des personnages principaux des chants relatifs à la guerre de Troie. Eschyle, surtout, a conté l'histoire des Atrides dans sa totalité tout au long de sa trilogie de l'Orestie (vers 460 av. J.C.), dont les trois pièces, Agamemnon (son assassinat), les Choéphores (retour d'Oreste), et les Euménides (harcèlement et pardon accordé par les dieux), vont du retour d'Agamemnon après la chute de Troie jusqu'à l'acquittement d'Oreste par le tribunal d'Athènes. Dans cette oeuvre, il y a une forte thématique funèbre, annoncée par Oreste. Electre s'efface au moment où l'action est la plus tragique, mais se révolte par les mots et par les pleurs.

  Dans l'oeuvre d'Euripide, les tragédies d'Iphigénie en Tauride, d'Iphigénie à Aulis et d'Oreste évoquent certains épisodes de cette histoire. Là, Electre est présentée comme une femme de raison, mariée à un paysan qui la fait vivre laborieusement dans une chaumière. Elle est hantée par l'adultère de sa mère (avec Egisthe) et a honte d'elle. Sa grossesse déclenche une volonté de vengeance. Elle redécouvre Oreste et ils tuent ensemble Egisthe et Clytemnestre pour arrêter la malédiction de la famille.

  Sophocle est le troisième auteur à avoir traité de la famille des Atrides. Il nous propose une renaissance d'Electre. Oreste apparaît dès le début, dans le prologue, accompagné de son vieux précepteur, et annoncent tous deux une vengeance. La tonalité dominante est la souffrance et la détermination.  Electre ne rencontre Oreste qu’aux eux tiers de la pièce.  Sa mère et Egisthe sont corrompus et ont corrompu l’ordre politique et moral de Mycènes.  Elle incite son frère à tuer Egisthe et Clytemnestre.

  Les Atrides n'ont cessé d'inspirer les écrivains au fil des siècles. Parmi les auteurs classiques, Racine est celui qui utilisa le plus souvent des éléments de cette légende  (dans Andromaque, Iphigénie, et Phèdre). Jusqu'à aujourd'hui, auteurs et compositeurs européens ont continué à s'attacher à ces figures: Voltaire (Oreste, 1750), Gluck (Iphigénie en Tauride, 1779), Alfieri (Agamemnon, 1783), Goethe, et au XXe siècle, D'Annunzio (Phèdre, 1909), Giraudoux (Electre, 1938), Sartre (Les mouches, 1943).