FFS Statement on Troika mission

    FRONT DES FORCES SOCIALISTES - FFS
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    Alger, le lundi 19 Janvier 1998.
    
    MEMORANDUM
    
    A l'intention de la Troïka européenne
    
    Depuis l'interruption du processus démocratique en janvier 1992, le 
    FFS n'a cessé de préconiser une réconciliation nationale fondée sur 
    une solution politique globale, pacifique et démocratique, à la crise
    algérienne au moyen du dialogue.  Malheureusement, les autorités de 
    fait ont préféré une approche purement sécuritaire fondée sur 
    «l'éradication» du terrorisme. Cette option à courte vue n'a fait 
    que plonger encore plus le pays dans un cercle infernal de violence 
    et de répression. Aux exactions de plus en plus barbares des groupes 
    armés ont répondu les violations systématiques des Droits de l'Homme 
    de la part des autorités.
    
    Fin 1994, les autorités décrètent l'échec du dialogue et annoncent le 
    retour au processus électoral. L'élection présidentielle, en novembre 
    1995, a vu une relative participation de la population en raison de 
    l'engagement du Président Zéroual  à ramener la paix. Cet espoir a 
    vite été déçu. Non seulement les autorités ont persisté dans 
    l'option du tout sécuritaire mais elles ont délibérément choisi 
    les risques d'une guerre civile à grande échelle en décidant de 
    créer des milices, par la distribution d'armes de guerre à la 
    population.
    
    Parallèlement, une normalisation autoritaire est menée au pas de 
    charge avec la promulgation d'une nouvelle constitution qui remet 
    totalement en cause les maigres acquis démocratiques arrachés à 
    la suite des événements d'octobre 1988. Des lois scélérates sont 
    venues compléter cet arsenal répressif, notamment la loi sur les 
    partis politiques. Les élections législatives et locales, présentées 
    pompeusement à l'étranger comme étant le parachèvement de l'édifice 
    institutionnel et un moyen de sortie de crise, ont été marquées par 
    une fraude massive et éhontée qui a été unanimement dénoncée par la 
    population lors des manifestations d'octobre 97, en dépit des 
    interdictions.
    
    Ce processus électoral engagé sous état d'urgence et dans un climat 
    de terreur, n'a nullement permis une quelconque sortie de crise mais 
    il a contribué à porter la violence à un degré jamais atteint 
    auparavant. Des centaines d'Algériens et d'Algériennes sont 
    quotidiennement victimes de manière horrible de massacres dans 
    des tueries collectives, faux barrages et attentats à la bombe. 
    Depuis l'été dernier, les carnages succèdent aux carnages  et les 
    autorités semblent totalement impuissantes à endiguer cette vague 
    de terreur.
    
    Qui plus est, les forces de sécurité, pourtant omniprésentes à 
    proximité des localités où se sont déroulées les tueries, ont 
    tardé, voire refuser de porter secours aux victimes. Il y a 
    manifestement non-assistance à population en danger. Faut-il en 
    conclure que l'État n'a pas les moyens de garantir la sécurité des 
    citoyens ou s'il refuse pour des raisons obscures d'assumer sa 
    responsabilité ? Pour le FFS, la sécurité des personnes et des 
    biens est une obligation de l'état et elle est de son ressort 
    exclusif.
    
    
    
    Depuis longtemps le FFS n'a cessé d'alerter l'opinion nationale et 
    internationale ainsi que les partenaires de l'Algérie sur la gravité 
    de la situation et les dangers qui menacent l'intégrité physique du 
    peuple algérien. En l'absence de recours interne, nous n'avons cessé 
    d'exhorter la communauté internationale à prendre des initiatives de 
    bons offices et de médiation en faveur de la paix et d'une solution 
    politique et démocratique.
    
    En fait, derrière la recherche par les autorités d'un «consensus 
    national contre le terrorisme » et «l'internationalisation de la 
    lutte contre le terrorisme », deux axes auxquels le FFS adhère, se 
    cache un objectif non avoué : occulter, disculper et préserver les 
    violences et les terreurs de l'État. L'objectif du maintient du 
    système avec ses pratiques est à peine dissimulé.  En invoquant le 
    principe de la non-ingérence et en exerçant le chantage économique, 
    voire sécuritaire, vis-à-vis des partenaires de l'Algérie, les 
    autorités veulent dissuader tout geste de solidarité internationale 
    et bloquer toutes les initiatives des institutions internationales, 
    des organisations des Droits de l'Homme et des ONG dévouées à la 
    cause humanitaire.
    
    Le FFS a accueilli  avec satisfaction la décision de l'Union 
    européenne d'envoyer la Troïka à Alger. Malheureusement, L'Union 
    européenne a cédé aux pressions des autorités algériennes acceptant 
    que la Troïka n'ait qu'une mission limitée. Le FFS dénonce ce 
    nouveau diktat des autorités algériennes et espère que l'Union 
    européenne parviendra à réviser sa politique à l'égard des autorités 
    algériennes pour ne prendre en considération que l'intérêt supérieur 
    du peuple algérien.
    
    
    Dans ce cadre, Le FFS demande à l'Union européenne :
    
    D'appuyer les initiatives des ONG en faveur d'une commission 
    d'enquête internationale pour faire la lumière sur les massacres 
    et dégager les responsabilités ; D'agir auprès des opinions publiques
    et des médias occidentaux pour briser le huis-clos imposé par les 
    autorités ; De prendre des initiatives fortes de bons offices et de 
    médiation en faveur de la paix et d'une solution politique associant 
    toutes les forces qui rejettent la violence et le terrorisme.
    
    
    Pour le Secrétariat national
    Le Premier secrétaire
    Ahmed DJEDDAI
    
    *DOCUMENT REMIS PAR LA DELEGATION DU FFS RECUE PAR LA TROIKA 
    EUROPENNE, LE MARDI 20 JANVIER 1998, A L'AMBASSADE DE GRANDE 
    BRETAGNE A ALGER.