Lorsqu'ils retirent leurs lunettes de soleil, l'oeil du vainqueur apparaît, celui que le peuple attendait pour pacifier, enrichir et nourrir tous les braves qui se sont ralliés à lui. Vous avez devant vous un nouveau chef d'état africain, un nouveau génocidaire.

Pour arriver à ce poste, il en a fallu faire des kilomètres, mais maintenant ça y est. Il mérite enfin son titre et peut dire d'un ton bonhomme "soyons simples entre nous mon cher ami, appelez-moi Excellence".

Excellence, celui qui excelle. Président, celui qui préside aux destinées de son peuple pour le bien-être de celui-ci, mais tout cela ce sont des histoires de Blancs. C'est comme la justice des Blancs ou celle de l'ONU, eux ils s'en moquent. S'ils sont les premiers à condamner l'épuration ethnique en Yougoslavie par exemple, par l'intermédiaire de leurs délégués aux Nations Unies, les Onusiens n'ont pas à se mêler des affaires intérieurs de la nouvelle république démocratique ....d'Afrique. Les Blancs sont racistes, pas nous, disent-ils. Lorsque nous massacrons un million de personnes de l'ethnie voisine, ce n'est ni du racisme, ni de la barbarie. C'est simplement notre droit ancestral à faire valoir notre différence.

Et comme partout, les femmes, les enfants et les vieillards payent. Ils payent le prix du pouvoir, le prix du sang, le prix de la monstruosité pour qu'un nègre, il n'y a pas d'autre mot, s'asseye sur un trône et regarde le cul dans la soie des enfants crever, seulement occupé à compter la fortune qu'il va amasser en quelques années de règne, après avoir saigné le pays à blanc. Et que font toutes les nations bien pensantes ? Elles envoient par milliers de tonnes la nourriture qui n'arrivera pas, détournée en grande partie par ces bouffis sanguinaires qui échangent le pain du prochain contre une balle pour tuer ledit prochain, le lait destiné à l'enfant moribond contre la mitrailleuse qui va hâcher les orphelins, le riz de l'affamé contre le mortier qui va détruire l'hôpital ou l'école.

Plus son Excellence grossit, plus les pauvres maigrissent. C'est un peu le système des vases communiquants. Et il faut qu'il se dépêche, ce nouveau génocidaire, car à peine a-t-il le cul posé dans son fauteuil de président, pardon d'Excellence, qu'un nouveau génocidaire s'apprête à le renverser. Lui aussi a de bonnes raisons, les meilleures du monde, et de bon commanditaires. Comme par miracle, ce général, ce lieutenant ou ce caporal de province voit affluer armes et munitions et il entame sa conquête de la capitale, foulant aux pieds les survivants de l'épuration précédente, et tout cela pour le bien-être du peuple. Et lui aussi est pressé, pressé de devenir une Excellence, un président, pressé lui aussi de poser son cul maigre dans la soie en attendant qu'il s'étoffe, pressé lui aussi de s'enrichir avant qu'un autre libérateur entreprenne à son tour la délivrance du peuple opprimé.

Que fait l'ONU dans tout cela, que font les nations civilisées, vous savez, celles qui gouvernent le Monde et qui imposent leurs lois ? Rien, ou si peu. Une fois de plus, ces nations évacuent leurs concitoyens et ferment ou baissent pudiquement les yeux sur ce nouveau libérateur qui pointe son nez en tenant en réserve quelques envoyés spéciaux qui vont, dès que cette Excellence sera enfin à la place qu'elle mérite, venir présenter les voeux du pays qu'ils représentent en même temps que leurs lettres de créances et quelques contrats commerciaux, si importants pour l'avenir de cette nouvelle démocratie !

Après avoir écouté les discours de tous ces personnages si nouvellement importants, pour une fois, pourrait-on écouter le discours des enfants moribonds au ventre gonflé et aux os saillants. Je suis sûr qu'ils diraient tous d'une même voix :

-"S'IL VOUS PLAIT, PLUS DE NOUVEAU LIBERATEUR. LEUR NOM COMMUN EST GENOCIDE."