VERS UNE APPROCHE ISLAMIQUE DU DEVELOPPEMENT
Docteur Lahcen DAOUDI, ASMECI
Au sein de la théorie économique le concept de développement
revêt un caractère spécial. Il a été
l’objet d’un riche débat mais malheureusement la pensée islamique
n’y pas pris part la réalité actuelle l’interpelle.
L’Islam, par sa vision globale, se présente comme un projet
de société, mais les économistes qui s’en réclament
n’ont pas encore suffisamment investi au niveau d’un concept aussi fondamental
que celui du développement. Ceci à un moment où d’autres
considèrent le débat à ce sujet comme déjà
clos.
Pour apporter un point de vue nouveau nous proposons la définition
suivante.
<< Le développement est un prolongement de soi, par soie
et chez soi dans le cadre d’une maîtrise sociale des sciences et
des techniques. >>
Cette définition interpelle les éclaircissement suivants
:
a) L’idée de << prolongement de soi >> renvoie au refus
catégorique d’identifier “ supériorité technique ”
et “ supériorité culturelle ”. Ainsi, a priori, toutes les
cultures sont relativement perméables à la science et aux
techniques, aux procédés de “ produire vite et moins cher
”. En conséquence, l’Occident, par sa trajectoire, ne peut pas prétendre
détenir la seule option socioculturelle à même de conduire
au progrès technique et à l’accumulation des richesses. Chaque
“ soi ” porte en lui-même sa propre trajectoire. Cette diversité
des choix véhicule nécessairement l’idée d’enrichissement
mutuel et de “ dialogue des civilisations ”.
b) L’idée de << Par soi >> renvoie à l’absence
d’une caisse à outils valable en tout lieu et en tout espace ou
au fait que ce sont les mêmes planificateurs, les mêmes démographes
les mêmes financiers, ... les mêmes techniciens - ceux de la
Banque Mondiale, du F.M.I. ou leurs “ nains ” - qui proposent les mêmes
solutions et les mêmes recettes à des entités socio-économiques
parfois radicalement différentes. Ce nivellement qui s’opère
justement au niveau des spécificités ou de “ l’identitaire
” tend à homogénéiser le monde conformément
à un moule déterminé. Cet aménagement sans
ménagement constitue un appauvrissement pour l’humanité et
non un développement.
c) L’idée de << chez soi >> interpelle l’espace culturel
et non plus l’Etat-Nation comme cadre spatial d’un développement
harmonieux et global. Cet espace peut être plus ou moins grand. Le
système se détermine ici à partir des valeurs qui
légitiment et assurent la cohésion d’un ensemble humain.
* Concrètement, le Monde Musulman, par exemple, constitue une
aire culturelle, un ensemble dont le “ ciment ” est représenté
par l’Islam. Cet ensemble est susceptible de subdivisions en fonction de
telle ou telle spécificité (coutumes, langue ...) locale
ou régionale. Mais ces spécificités obéissent
à la logique du système de valeurs-ciments (Islam).
* La réalisation d’un développement cumulatif stable
et général ne saurait être envisageable sans la réunion
d’un ensemble de conditions humaines, spatiales, économiques que
l’Islam a mis en relief depuis plusieurs siècle tels que l’éthique,
l’alphabétisation et l’apprentissage, la protection de l’environnement...
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