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時事フランス語(第25号)
(1998年10月13日発行)
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今回は新しい試みです。時事フランス語の翻訳の勉強をしてみませんか。
今回お送りするコンピュータと教育の記事を、訳してみませんか。
少し長いなぁと思われるでしょうから、自分のできそうなところ、気に入ったところだけで
もかまいません。少なくとも2パラグラフ以上訳して、てらだまでお送りください。
次回に講評とともに掲載します(もちろん匿名で)。
ぼくは長年翻訳を専門にしてきているので、これから翻訳の勉強をしたいという方に、少
しは参考になると思いますよ。
ぜひ試してみてくださいね。なお、翻訳される場合には、アクサンつきの文章か、HTML
ファイルを参照してくださいね。
http://www.nouvelobs.com/obsweek/1768/lordinateur_fait-il.html
に原文がありますよ。
以下問題文です。一週間ほどお待ちしてますね。
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L'ordinateur fait-il des petits genies ?
Avant de se lancer - a son corps defendant - dans l'education sexuelle
de la planete via Internet, Bill Clinton etait deja un ardent avocat des
vertus pedagogiques de l'ordinateur. Des 1993, il met en place, avec son
vice-president Al Gore, une ≪ Task force ≫ pour developper les autoroutes
de l'information. Objectif : connecter toutes les ecoles au web d'ici l'an
2000.A la cle, un programme national d'informatisation des ecoles qui doit
rendre l'ordinateur ≪ aussi habituel dans la salle de classe que le tableau
noir ≫. Il coutera entre 40 et 100 milliards de dollars pour les cinq
prochaines annees.
L'enthousiasme presidentiel n'en est pas moins communicatif. Le
republicain Newt Gingrich reve d'un enseignement ≪ disponible vingt-
quatre heures par jour, sept jours par semaine ≫, entrainant un
bouleversement des attitudes vis-a-vis de l'apprentissage. Et les ecoles
americaines se mettent a remplacer les cours de musique ou de dessin par
des classes d'informatique.
On appreciera l'ironie de l'histoire qui piege le maitre de la Maison-
Blanche dans la toile d'araignee electronique qu'il a contribue a tisser. Les
parents qui tentent d'interdire a leur progeniture l'acces au rapport Starr
sur Internet peuvent remercier Clinton et ses megabits didactiques... Mais
treve de futilites, la revolution pedagogique est en marche. Les esprits
chagrins objecteront que ce n'est pas la pemiere fois. Comme le rappelle
Todd Oppenheimer dans la revue ≪ The Atlantic Monthly ≫, Thomas Edison
prophetisait en 1922 que le cinema remplacerait les manuels scolaires (1).
En 1945, un certain William Levenson, directeur d'une station de radio a
Cleveland, assurait que le poste de radio supplanterait le tableau noir. Plus
tard, le psychologue Benjamin Skinner fit l'eloge de machines a enseigner
et d'une instruction programmee qui devait multiplier par deux les
performances des eleves. Le magnetophone, la television, l'ordinateur ont
tour a tour joue le role de professeur thaumaturge (pas le lave-vaisselle,
allez savoir pourquoi). Bref, chaque nouvelle technologie de
communication ressuscite le mythe de la machine merveilleuse capable de
transformer sans efforts le cancre le plus endurci en petit Newton. Et les
deceptions repetees n'empechent pas l'histoire de begayer.
Aujourd'hui, la nouvelle vague informatique prend l'allure d'un
tsunami irresistible et planetaire (2). L'Europe a emboite le pas a Bill
Clinton, bien decidee a ne pas manquer le train des nouvelles technologies
(a supposer qu'une autoroute, fut-elle de l'information, puisse etre
consideree comme un train). Les Scandinaves, qui etaient les mieux
equipes, ont passe la vitesse superieure. Depuis 1994, le reseau d'ecoles
ODIN relie par Internet la Suede, le Danemark, la Finlande, la Norvege et
l'Islande. Les plans danois et finlandais, demarres en 1995, prevoient la
connection des ecoles primaires et secondaires a l'horizon 2000.En 1996,
l'Allemagne a entrepris de brancher 10 000 ecoles sur les 52000 du pays.
Fin 1997, Tony Blair annonce un plan de connexion de l'ensemble des
ecoles et declare 1998 ≪ annee du Net ≫. A la meme epoque, Claude
Allegre fixe un objectif ambitieux : tous les etablissements publics, de la
maternelle a l'universite, seront equipes d'ici l'an 2000.En juin dernier, le
ministre de l'education claironne qu'avec 80% des lycees relies a Internet,
la France se place avant la Grande-Bretagne, l'Allemagne et les Etats-Unis.
Affirmation pour le moins rapide. Mais l'essentiel n'est pas la. Du point de
vue de l'education, savoir combien les ecoles francaises possedent
d'ordinateurs en plus ou en moins que les Anglais est aussi pertinent que le
fut jadis la connaissance precise du nombre de boutons de guetres dans
l'armee.
D'ailleurs, est-ce vraiment le souci de rendre nos enfants plus
intelligents qui pousse les gouvernements des pays developpes a
informatiser les classes ? A l'evidence, c'est d'abord une formidable
pression politique, economique et technologique. L'explosion d'Internet et
le defi americain ont relance les plans d'informatisation europeens en
sommeil depuis dix ans. Claude Allegre peut bien repeter qu'il faut ≪ de la
pedagogie plus que des tuyaux ≫, la priorite visible est de poser les tuyaux.
Il s'agit avant tout de rester dans la competition economique mondiale.
Point barre.
Dans le contexte actuel, rien ne prouve que l'introduction massive
de l'ordinateur a l'ecole ameliorera quoi que ce soit a la qualite de
l'enseignement. ≪ Ce qui cloche dans l'education ne peut pas etre resolu
avec de la technologie... On ne resoudra pas les problemes en mettant
toute la connaissance sur des cederoms. On peut installer un site web dans
chaque ecole - il n'y a rien de mal a le faire. Sauf si cela nous endort dans
l'illusion que nous sommes en train de resoudre le probleme de l'education.
≫ Qui tient ces propos retrogrades ? Steve Jobs, le co-fondateur d'Apple,
l'homme qui revendique avoir distribue plus d'ordinateurs aux ecoles que
n'importe qui d'autre sur la planete. Pas precisement un conservateur
technophobe...
Depuis vingt ans, on affirme regulierement que l'ordinateur va
supprimer les blocages pedagogiques, ameliorer les performances des
eleves, rendre l'apprentissage facile et amusant. En-dehors de quelques
reussites aussi rares qu'exemplaires (voir l'interview de Monique Linard p.
104), ce n'est pas du tout ce que l'on observe. L'enquete tres approfondie
menee par ≪ The Atlantic Monthly ≫ sous le titre ≪ The computer delusion
≫ (l'illusion informatique) abonde en temoignages qui vont dans le meme
sens. Sherry Dingman, professeur de psychologie dans un college de l'Etat
de New York, estime que si les enfants se mettent a l'ordinateur avant
d'avoir de bonnes bases fournies par la lecture de livres, ils perdent des
chances de developper leur imagination. Marilyn Darch, professeur
d'anglais en Californie : ≪ Les ordinateurs sont des bonbons qui gatent les
dents... Quand les enfants sont accros, cela fait paraitre la lecture d'un
livre ennuyeuse. Les livres n'ont pas d'effets sonores... ≫ Sherry Turkle,
professeur au MIT, observe depuis plus d'une decennie les relations entre
les enfants et l'ordinateur : ≪ Les possibilites de s'en servir d'une maniere
pauvre excedent tellement celle d'un bon usage, dit-elle, que cela me rend
tres reticente, moi qui suis fondamentalement optimiste a propos des
ordinateurs. ≫ (3)
L'Europe fait-elle mieux que l'Amerique ? Dominique Pasquier,
sociologue, a dirige une toute recente enquete sur l'ensemble des
pratiques liees a l'ecran (TV, jeux video, ordinateur) des jeunes de 7-17
ans, menee dans onze pays europeens. ≪ En France, la moitie des foyers
qui ont des enfants de 7 a 17 ans sont equipes d'un ordinateur, un niveau
comparable a celui de la Grande-Bretagne ou de l'Allemagne, mais tres
en-dessous des Pays-Bas, du Danemark ou de la Finlande, dit-elle. Les
parents investissent l'ordinateur comme un element utile a la formation de
leurs enfants. Dans les milieux favorises, l'ordinateur cree un lien entre les
peres et leurs fils, les filles etant peu concernees. Les parents des milieux
defavorises achetent l'ordinateur avec l'idee de donner une chance a leurs
enfants, mais ils ne s'en occupent pas. Dans tous les milieux, l'utilisation
de l'ordinateur est peu controlee, contrairement a la television, plutot
surveillee dans les classes moyennes (mais pas dans les milieux
defavorises). ≫ Bref, les parents attendent de l'ordinateur qu'il favorise le
developpement intellectuel de leur enfant. Seulement voila : a l'arrivee,
les usages ≪ intelligents ≫ - cederoms, Internet, traitement de texte... -
sont tres minoritaires. ≪ On utilise trois fois les cederoms educatifs et on
passe aux jeux, autout desquels les garcons organisent toute une activite
sociale, poursuit Dominique Pasquier. Un enfant qui est bon joueur de jeux
video n'est pas seul, il a des copains, avec qui il echange des jeux, des
magazines, des astuces, etc. Apres 15 ans, on observe une baisse d'interet
pour l'ecran, remplace par les activites sociales adolescentes, sorties,
boites, musique... Chez les filles, la socialite adolescente demarre plus tot.

Il ne s'agit, bien sur, que d'une photographie provisoire. A l'heure
ou les grandes surfaces proposent des ordinateurs familiaux a moins de
4000 francs, le prix d'une television, il faut se garder de vouloir figer une
situation en pleine evolution. D'un autre cote, la concordance et la
constance des observations dans des pays tres differents devrait faire
reflechir. Sans doute est-il rassurant de voir les momes se passionner pour
les traquenards de ≪ Tomb Raider ≫ et de ≪ Virtua Fighters ≫ plus que pour
la gestion du budget familial a l'aide d'un tableur. Mais il ne saute pas aux
yeux que cela les prepare mieux au monde de demain que des
apprentissages ≪ traditionnels ≫.
Ici, on pressent une pointe d'agacement chez le lecteur.
Comment l'initiation de nos mouflets a ces instruments qui penetrent
chaque jour le moindre secteur de la vie sociale ne serait-elle pas un
progres ? Comment s'insereront-ils dans le monde professionnel de
demain s'ils ne savent pas manipuler la souris, charger un cederom, surfer
sur le web ? A ce compte-la, autant leur apprendre a ecrire en cuneiforme
sur des tablettes d'argile, a chasser le bison au javelot et a tailler des
silex !
Si provocateur que cela puisse paraitre, ce ne serait pas une si
mauvaise idee. La maitrise du double-clic est plus utile dans la societe
d'aujourd'hui que l'art de polir un biface, mais elle beaucoup moins
formatrice que la plupart des arts traditionnels. Vue de l'esprit
nostalgique ? Non, constat pragmatique, partage par les dirigeants et les
ingenieurs des societes les plus hi-tech. Pour Tom Henning, professeur de
physique a San Francisco et conseiller d'une societe d'equipement
electronique de navigation, les ordinateurs sont limites : ils n'impliquent,
au mieux, que deux sens, la vue et l'ouie, et produisent un espace a deux
dimensions. ≪ Meme les modelisations en trois dimensions ne sont que des
repliques en 2D d'un monde en 3D, dit-il. Un enfant qui a grandi devant
une console Nintendo manque de competences sur l'espace. Il a besoin de
jouer avec des Tinkertoys, de l'argile, de decouper du balsa. ≫
Depuis 1992, Hewlett-Packard, geant de l'informatique, a investi
2, 6 millions de dollars pour aider des ecoles a enseigner les sciences
physiques comme au bon vieux temps d'avant les simulations sur
ordinateurs : en faisant de vraies experiences avec des materiaux reels, de
l'eau, des eprouvettes et des aimants. Meme son de cloche dans le secteur
du cinema et de l'animation, ou l'on se sert pourtant sans cesse de
l'ordinateur. Pour Karen Chelini, de LucasArts Entertainments, la societe de
jeux interactifs de Georges Lucas, les artistes qui travaillent trop a l'ecran
ont un dessin plat, ≪ qui manque de richesse et de profondeur. Avec
l'apprentissage artistique traditionnel, l'oeil s'entraine a etre attentif au
mouvement du corps. On apprend les attitudes, les sensations, les
expressions. Les bons artistes sont ceux qui ont passe leur enfance avec
leur carnet de croquis. ≫
On pourrait multiplier de tels exemples. Pendant des annees, les
chercheurs en intelligence artificielle ont essaye, sas succes, d'introduire
dans les ordinateurs la complexite et la richesse du monde reel. Par
exemple, en faisant des robots qui explorent une piece, ou manipulent des
cubes. Aujourd'hui, la machine peut battre Kasparov aux echecs, mais elle
n'a pas les savoir-faire generaux d'un enfant de quatre ans. Pour les
enfants, l'abus des univers simules risque d'etre appauvrissant, sinon
nuisible. Sherry Turkle decrit l'exemple d'un garcon de treize ans qui joue
a ≪ SimLife ≫, un jeu qui simule l'evolution. Lorsque le jeune Tim voit, dans
une partie, disparaitre les oursins, cela n'a aucune signification pour lui : ≪
Ce n'est pas important ≫, dit-il. En somme, le contenu des images
montrees a l'ecran ne fait pas sens, seule compte l'habilete operatoire a
manipuler les variables du jeu. La meme remarque s'applique a des jeux
violents, ou l'on tue des adversaires, avec des grosses flaques de sang qui
apparaissent sur l'ecran.
Sherry Turkle cite aussi ce raccourci, formule par une gamine
jouant a SimCity, celebre jeu de planification urbaine : ≪ Augmenter les
impots provoque toujours des emeutes. ≫ Pour l'enfant, l'ecran ne
remplace ni le monde reel, ni l'indispensable contact avec les parents, les
copains et les enseignants. Toutes les observations confirment que les
experiences pedagogiques reussies avec l'ordinateur sont toujours celles
qui naissent d'un echange intense et fecond entre les enfants et les
enseignants ou les educateurs. Et que ces experiences sont tres
minoritaires. Le reconnaitre n'est pas un signe de resistance au
changement et de refus du progres. Plutot que de relancer une querelle
des anciens et des modernes, il serait urgent de mettre en cause ce
mouvement culturel planetaire qui tend a privilegier le virtuel sur le reel,
l'information sur le sens, la communication electronique sur le contact
physique. Et dont le lynchage virtuel de Bill Clinton fournit, au-dela de son
aspect politique, une illustration caricaturale. Il est dangereux de laisser
croire aux enfants qu'explorer les ecrans est plus important que jouer avec
des objets reels, apprendre la musique, discuter avec un ami, un parent ou
un maitre. Les outils les plus sophistiques et les plus performants sont tot
ou tard depasses. Ne les laissons pas nous depasser.


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時事フランス語第25号 [1066部]
寺田 駿 official:terra@cyberdude.com
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