SERGE GAINSBOURG


Allez à la partie 2, la partie 3, ou la partie 4 ou la partie 5


Le poinçonneur des lilas
VOL. 1 : 1958-1959-1960

Le poinçonneur des lilas
La recette de l'amour fou
Douze belles dans la peau
Ce mortel ennui
Ronsard
La femme des uns sous le corps des autres
L'alcool
Du jazz dans le ravin
Charleston
La jambe de bois " Friedland "
Le claqueur de doigts
La nuit d'octobre
Adieu créature
L'anthracite
Mambo miam miam
Indifférente
Jeunes femmes et vieux monsieurs
L'amour a la papa
Cha cha cha du loup
Sois belle et tais toi
Laissez moi tranquille
Judith
L'eau a la bouche
La javanaise
VOL. 2 : 1961-1962-1963

La chanson de Prévert
En relisant ta lettre
Le rock de Nerval
Les oubliettes
Chanson de Maglia
Viva villa
Les amours perdues
Les femmes c'est du chinois
Personne
Le sonnet d'Arvers
Les goemons
Black trombone
Baudelaire
Intoxicated man
Quand tu t'y mets
Les cigarillos
Requiem pour un twister
Ce grand méchant vous
L'appareil à sous
Vilaines filles et mauvais garçons
Un violon, un jambon
La javanaise



Le poinçonneur des lilas

Le poinçonneur des lilas


Je suis le poinçonneur des Lilas
Le gars qu'on croise et qu'on n'regarde pas
Y'a pas d'soleil sous la terre
Drôle de croisière
Pour tuer l'ennui j'ai dans ma veste
Les extraits du Reader Digest
Et dans c'bouquin y a écrit
Que des gars s'la coulent douce à Miami
Pendant c'temps que j'fais l'zouave
Au fond d'la cave
Paraît qu' y a pas d'sot métier
Moi j' fais des trous dans des billets

J'fais des trous, des p'tits trous, encore des p'tits trous
Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous
Des trous d' seconde classe
Des trous de première classe
J'fais des trous, des p'tits trous, encore des p'tits
Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous

Des petits trous, des petits trous
Des petits trous, des petits trous

J'suis l'poinçonneur des Lilas
Pour Invalides changer à Opéra
Je vis au coeur d'la planète
J'ai dans la tête
Un carnaval de confettis
J'en amène jusque dans mon lit
Et sous mon ciel de faïence
Je n'vois briller que les correspondances
Parfois je rêve je divague
Je vois des vagues
Et dans la brume au bout du quai
J'vois un bateau qui vient m'chercher
Pour m'sortir de ce trou où je fais des trous
Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous
Mais l'bateau se taille
Et j'vois qu'je déraille
Et je reste dans mon trou à faire des p'tits trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous

Des petits trous, des petits trous
Des petits trous, des petits trous

J'suis le poinçonneur des Lilas
Arts-et-Métiers direct par Levallois
J'en ai marre j'en ai ma claque
De ce cloaque
Je voudrais jouer la fill' de l'air
Laisser ma casquette au vestiaire
Un jour viendra j'en suis sûr
Où j'pourrais m'évader dans la nature
J'partirai sur la grand' route
Et coûte que coûte
Et si pour moi il n'est plus temps
Je partirai les pieds devant

J'fais des trous, des p'tits trous, encore des p'tits trous
Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous

Y'a d'quoi devenir dingue
De quoi prendre un flingue
S'faire un trou, un p'tit trou, un dernier p'tit trou
Un p'tit trou, un p'tit trou, un dernier p'tit trou
Et on m'mettra dans un grand trou
Et j'n'entendrais plus parler de trou plus jamais d'trou
De petits trous de petits trous de petits trous

La recette de l'amour fou

Dans un boudoir introduisez un cœur bien tendre
Sur canapé laissez s'asseoir et se détendre
Versez une larme de porto
Et puis mettez-vous au piano
Jouez Chopin
Avec dédain
Égrenez vos accords
Et s'il s'endort
Alors là, jetez-le dehors

Le second soir faites revenir ce cœur bien tendre
Faites mijoter trois bons quarts d'heure à vous attendre
Et s'il n'est pas encore parti
Soyez-en sûr c'est qu'il est cuit
Sans vous trahir
Laissez frémir
Faites attendre encore
Et s'il s'endort
Alors là, jetez-le dehors

Le lendemain, il ne tient qu'à vous d'être tendre
Tamisez toutes les lumières et sans attendre
Jouez la farce du grand amour
Dites « jamais » dites « toujours »
Et consommez
Sur canapé
Mais après les transports
Ah ! S'il s'endort
Alors là, foutez-le dehors

Douze belles dans la peau

Quand t'auras douze belles dans la peau
Deux duchesses et dix dactylos
Qu'est ce que t'auras de plus sinon
Sinon qu'un peu de plomb
Un peu de plomb dans l'aile
Pas plus dans la cervelle !

Quand t'auras claqué ton grisbi
Dans toutes les boîtes à coups d'fusil
Tu n'seras jamais qu'un pigeon
Avec un peu de plomb
Un peu de plomb dans l'aile
Pas plus dans la cervelle !

Quand dans le feu de la passion
Aux échelles des bas nylon
Tu grimperas, tu grimperas
Après qu'est-ce que t'auras ?
T'auras du plomb dans l'aile
Pas plus dans la cervelle !

Quand t'auras aimé à tout vent
Et que tes poules n'auront plus de dents
Pour te bouffer l'cœur dans la main
Et ben, mon gros malin
T'auras du plomb dans l'aile
Pas plus dans la cervelle !

Et quand t'auras passé ta vie
Derrière les barreaux de ton lit
Tu diras qu'tu t'en es payé
Et oui, et puis après ?
T'auras du plomb dans l'aile
Pas plus dans la cervelle !

Mais p't'êtr' bien qu'tu n'feras pas d'vieux os
Avec tes douze belles dans la peau
Tu tomberas un jour sur un gars
Un gars qui t'enverra
Du plomb dans la cervelle
Et il t'poussera des ailes !

Ce mortel ennui

Ce mortel ennui
Qui me vient
Quand je suis avec toi
Ce mortel ennui
Qui me tient
Et me suit pas à pas
Le jour où j'aurai assez d'estomac
Et de toi
Pour te laisser choir
Ce jour-là, oh oui ce jour là, je crois
Oui je crois
Que
Je
Pourrai voir
Ce mortel ennui
Se tailler
À l'anglaise loin de moi

Bien sûr, il n'est rien besoin de dire
À l'horizontale
Mais on ne trouve plus rien à se dire
À la verticale
Alors pour tuer le temps
Entre l'amour et l'amour
J'prends l'journal et mon stylo
Et je remplis
Et les a et les o

Il faudra bien que j'me décide un jour
Mon amour
À me faire la malle
Mais j'ai peur qu'tu n'ailles dans la salle de bain
Tendre la main
Vers
Le
Gardénal
Comme je n'veux pas d'ennui
Avec ma
Conscience et ton père
Je m'laisse faire !

Ronsard

Tant qu't'auras ma belle de chouettes avantages
T'auras des amants t'auras du succès
T'auras des vacances sur les beaux rivages
Et des bikinis à tout faire craquer
T'auras des visions t'auras des bagnoles
Des types bien sapés te f'ront du baisemain
Tu f'ras des sourires tu joueras ton rôle
Mais tu n'seras jamais qu'une petite putain

Putain des trottoirs putain des palaces
Pour les mecs dans l'fond c'est le même tabac
On lui paye son prix on s'en débarrasse
Faut qu'elle fasse l'amour et pas d'embarras
D'ailleurs un beau jour ma bath petite môme
Faudra qu'tu t'décides à passer la main
Alors en chialant tu t'diras qu'ma pomme
Elle avait du bon en tant qu'écrivain

C'est tout ce que t'auras mes vers à gomme
Ma littérature dont tu t'es foutu
C'est tout ce que t'auras pour t'rappeler les hommes
Tes anciens mordus qui t'regarderont plus
C'est le seul miroir où tu n'seras pas moche
Il est garanti pour l'éternité
Le vieux père Ronsard n'était pas une cloche
Quand il disait ça à sa mijaurée
À sa mijaurée, à sa mijaurée

La femme des uns sous le corps des autres

La femme des uns
Sous l'corps des autres
A des soupirs de voluptés
On s'en fout quand
C'est pas la nôtre
Mais celle des autres
D'abord on s'dit vous
Et puis on s'dit tout
On s'envoie un verr'
On s'envoie en l'air
Et tout là-haut
Là-haut
Tout là-haut
Là-haut
On regarde en bas
Et qu'est-ce qu'on y voit
La femme des uns
Sous l'corps des autres
Et on commence
À s'inquiéter
On se dit qu'si
C'était la nôtre
Là qui se vautre
On lui f'rait passer
L'goût d'recommencer
Et pour changer d'air
On l'enverrait fair'
Un tour là-haut
Là-haut Tout là-haut Là-haut
Et pour s'consoler
Alors on irait
On irait voir
La femme des autres
Et quand elle é-
Cart'rait les bras
On s'dirait elle
Est comme la nôtre
La femme des autres
On irait chasser
Dans les beaux quartiers
Et dans l'ascenseur
On f'rait l'joli cœur
Et tout là-haut
Là-haut
Tout là-haut
Là-haut
Venu d'Amérique
Y aurait d'la musique
Car pour des pin-up
Il faut les pick-up
Faut pour les soul'ver
Pour les envoyer
Là-haut, là-haut
Tout là-haut
Là-haut
Des disques longue durée
Haute fidélité
Haute fidélité
Haute fidélité
Haute fidélité

L'alcool

Mes illusions donnent sur la cour
Des horizons j'en ai pas lourd
Quand j'ai bossé toute la journée
Il ne me reste plus pour rêver
Qu'les fleurs horribles de ma chambre
Mes illusions donnent sur la cour
J'ai mis une croix sur mes amours
Les p'tites pépées pour les toucher
Faut d'abord les allonger
Sinon c'est froid comme en décembre
Quand le soir venu j'm'en reviens du chantier
Après mille peines et le corps harassé
J'ai le regard morne et les mains dégueulasses
De quoi inciter les belles à faire la grimace
Bien sûr y'a des filles de joies sur le retour
Celles qui mâchent le chewing-gum pendant l'amour
Mais que trouverais-je dans leur corps meurtri
Sinon qu'indifférence et mélancolie
Dans mes frusques couleurs de muraille
Je joue les épouvantails

Mais nom de Dieu dans mon âme
Brûlait pourtant cette flamme
Où s'éclairaient mes amours
Et mes brèves fiançailles
Où s'consumaient mes amours
Comme autant de feux de paille
Aujourd'hui je fais mon chemin solitaire
Toutes mes ambitions se sont fait la paire
J'me suis laissé envahir par les orties
Par les ronces de cette chienne de vie

Mes illusions donnent sur la cour
Mais dans les troquets du faubourg
J'ai des ardoises de rêveries
Et le sens de l'ironie
J'me laisse aller à la tendresse
J'oublie ma chambre au fond d'la cour
Le train de banlieue au petit jour
Et dans les vapeurs de l'alcool
J'vois mes châteaux espagnols
Mes haras et toutes mes duchesses

À moi les petites pépées les poupées jolies
Laissez venir à moi les petites souris
Je claque tout ce que je veux au baccara
Je tape sur le ventre des maharajas
À moi les boîtes de nuit sud-américaines
Où l'on danse la tête vide et les mains pleines
À moi ces mignonnes au regard qui chavire
Qu'il faut agiter avant de s'en servir
Dans mes pieds-de-poule mes prince-de-galles
En douceur je m'rince la dalle

Et nom de Dieu dans mon âme
V'la que j'ressens cette flamme
Où s'éclairaient mes amours
Et mes brèves fiançailles
Où se consumaient mes amours
Comme autant de feux de paille
Et quand les troquets ont éteint leurs néons
Qu'il ne reste plus un abreuvoir à l'horizon
Ainsi j'me laisse bercer par le calva
Et l' dieu des ivrognes guide mes pas

Du jazz dans le ravin

Écoute
C'est toi qui conduit ou moi ?
C'est moi, bon alors tais-toi
Y'a du whisky dans la boîte à gants
Et des américaines t'as qu'à taper dedans

Écoute
Écoute un peu ça, poupée
T'entends ? Mon air préféré
Mets-moi la radio un peu plus fort
Et n'aie pas peur, j'vais pas aller dans les décors

Soudain
Juste avant Monte-Carlo
C'est ça, c'est ça l'manque de pot
V'là qu'la Jaguar fait une embardée
Et droit devant la v'là qui pique dans le fossé

Et pendant que tout deux agonisaient
La radio, la radio a continué d'gueuler

Demain, on les ramassera à la petite cuillère

Charleston

C'est nous les déménageurs de pianos
Des Steinway, des Pleyel et des Gaveau
Du tintement des pourboires économiques
Nous on connaît la musique
Pour ce qui est du reste, ça c'est pas nos oignons
Artistes nous on ne l'est pas pour deux ronds
Quand la musique vous a brisé les reins
Y'a pas de charleston qui tient

Pour nous prendre aux tripes
Faut se lever de bonne heure
Dire qu'il y a des types
Qui sur c't'engin d'malheur
Arrivent à faire croire à tous les ballots
Que la vie c'est comme au piano

D'l'amour ils en font tout un cinéma
À les écouter, de vrai, y'aurait que ça
Qu'est-ce qui resterait pour les déménageurs
Qu'en ont des tonnes sur le cœur
Il nous resterait qu'à nous noircir sur le zinc
Mais là encore faut se farcir le bastringue
Il se trouve toujours parmi nous un tocard
Pour y glisser ses pourboires

Pour tous les faire taire
Y'a vraiment qu'une façon
Les envoyer faire
Un p'tit tour au charbon
Sur le piano massacre d'la réalité
Ils toucheraient du doigt la purée

C'est nous les déménageurs de pianos
Des Steinway, des Pleyel et des Gaveau
Du tintement des pourboires économiques
Nous on connaît la musique
Au fond à quoi qu'ça sert de discuter
Comme l'a dit l'autre « à chacun son métier »
Tirer sur l'pianiste c'est pas not' boulot
Nous on tire sur le piano
Nous on tire sur le piano

La jambe de bois " Friedland "

Il était une fois
Une jambe de bois
Qui cherchait un amateur
Elle se dit « ma foi
Si personne ne veut de moi
Je me fous une balle en plein cœur »
Mais voilà qu'soudain
Elle entend au loin
Une sonnerie de clairon
Elle se dit : « Parfait
C'est le moment ou jamais
D'me trouver une situation »
Arrivée sur l'champ de bataille
Au plus fort de la mitraille
Elle croise un boulet d'canon
Qui sifflait à pleins poumons

Elle lui dit : « mon pote
Ta petite gueule me botte
Toi qui vas tuer les cosaques
Soit donc un amour
Fais pour moi un p'tit détour
Avant d'partir à l'attaque
Mais voilà le hic
J'aime pas les moujiks
Et si tu veux m'arranger
Tourne plutôt casaque
Passe du coté des cosaques
Vise moi c't'officier français
Si tu lui fauches une guibole
Tu peux me croire sur parole
Que si la gangrène s'y met pas
Je serai sa jambe de bois »

« C'est bien délicat
Ce que tu m'demandes là »
Répondit le boulet de canon
« T'as une tête de bois
C'est pour ça qu'tu comprends pas
Que c'est de la haute trahison
Mais va, te frappe pas
N'fais pas cette gueule-là
Allons n'aies plus d'amertume
Que n'ferait-on pas
Pour une jolie jambe de bois
Je vais lui voler dans les plumes »
Et le voilà qui s'élance
Mais pour comble de malchance
L'officier qui vient d'le voir
Se baisse et l'prend en pleine poire

« Espèce de crétin
Ça c'est pas malin »
S'écria la jambe de bois
« Maint'nant qu'il est mort
Il n'a plus besoin de support
J'ai eu tort d'compter sur toi »
« Tu me prends pour un con »
Dit l'boulet d'canon
« Mais moi j'vais bien t'posséder
La colère le saoule
Et le v'là qui perd la boule
Il s'en va tout dégoiser

Ils passèrent en cour martiale
Et pour sauver la morale
La petite fut condamnée
À avoir l'boulet au pied

« Mais c'est qu'ça me fait une belle jambe
De t'voir toujours dans ma jambe »
S'écria la jambe de bois
« Pourvu qu'ça dure Je touch' du bois... »

Le claqueur de doigts

Juke Box
Juke Box
J'suis le claqueur de doigts devant les Juke Box !
Juke Box
Juke Box
Je claqu' des doigts devant les Juke Box

Quand ils n's'baladent pas sur toi
Je n'sais qu'faire de mes dix doigts
Je n'sais qu'faire de mes dix doigts
Alors je l'claque claque claque claque devant les
Juke Box
Juke Box
J'suis le claqueur de doigts devant les Juke Box !
Juke Box
Juke Box
Je claqu' des doigts devant les Juke Box

J'ai encore pour la machine
D'la mitraille dans mes blue jeans
D'la mitraille dans mes blue jeans
Faut que j'la claque claque claque claque dedans les
Juke Box
Juke Box
J'suis le claqueur de doigts devant les Juke Box !
Juke Box
Juke Box
Je claqu' des doigts devant les Juke Box

Oh Sylvie regarde-moi
Qui est c'type qui t'fait du plat
Qui est c'type qui t'fait du plat
J'en ai ma claque claque claque claque de ce gars
Juke Box
Juke Box
Si jamais il s'approche du Juke Box
Juke Box
Juke Box
J'lui claquerai la gueule devant le juk'
Box !

La nuit d'octobre

Honte à toi qui la première
M'a appris la trahison
Et d'horreur et de colère
M'a fait perdre la raison

Honte à toi femme à l'œil sombre
Dont les funestes amours
Ont enseveli dans l'ombre
Mon printemps et mes beaux jours

C'est ta voix c'est ton sourire
C'est ton regard corrupteur
Qui m'ont appris à maudire
Jusqu'au semblant du bonheur

C'est ta jeunesse c'est tes charmes
Qui m'ont fait désespérer
Et si je doute des larmes
C'est que je t'ai vu pleurer

Honte à toi j'étais encore
Aussi simple qu'un enfant
Comme une fleur à l'aurore
Mon cœur s'ouvrait en t'aimant

Certes ce cœur sans défense
Pu sans peine être abusé
Mais lui laisser l'innocence
Était encore plus aisé

Honte à toi, qui fut la mer
De mes premières douleurs
Et tu fis de ma paupière
Jaillir la source des pleurs

Elle coule sois-en sûre
Et rien ne la tarira
Elle sort d'une blessure
Qui jamais ne guérira

Mais dans cette source amère
Du moins je me laverai
Et j'y laisserai j'espère
Ton souvenir abhorré

Adieu créature

Adieu, créature
J'm'en vais dans la nature
Et ne m'en veuille pas
Tu ne seras jamais pour moi
Qu'une jolie créature
Perdue dans la nature
Aimant un peu, beaucoup
Trop, pas assez ou pas du tout

Je suis là pour je n'sais qui pour je n'sais quoi
Tu m'as pris pour je n'sais quoi pour je n'sais qui
Et moi je n'sais ce qui m'a pris ce qui m'a pris
De venir ici

Adieu, créature
J'm'en vais dans la nature
Et ne m'en veuille pas,
Une de ces nuits on s'reverra
Adieu, créature
Adieu, créature
On se reverra
Quelque part dans la nature !

L'anthracite

Les pensées que je médite
Sont plus noires que l'anthracite
Mais que faire quand tu te fous
Si éperdument de nous
Si à rire je t'incite
C'est que mon humour anthracite
A tourné en dérision
Ton dédain et ma passion
Mais prends garde ma petite
À mon humeur anthracite
J'arracherai animal
Le cri et les fleurs du mal
Fleurs de serre fleurs maudites
À la nuit noire anthracite
Je les prendrai malgré toi
Sous les ronces de tes doigts
Allons viens, viens et fais vite
Que ta chaleur anthracite
Vienne réchauffer mon coeur
Et refroidir ma fureur
Tout contre moi tu t'agites
Dans une rage anthracite
Mais qu'importe si tu mords
Je veux ton âme et ton corps
C'est ton regard que j'évite
Car le mien est anthracite
Et je ne veux point que tu vois
Tout l'amour que j'ai pour toi
Je t'aime ô ma belle Aphrodite
A l'âme noir anthracite
Mais plus t'aime t'aimerai
Plus me mine minerai

Mambo miam miam

J'ai dans l'œsophage
Un anthropophage
Qui avait dans l'idée
De m'empoisonner
Il disait p'tite tête
Ôte-toi d'là qu'j'm'y mette
Je me suis résigné
À l'bouffer l'premier

Mambo miam miam X4

Sauvage ou pirate
On s'tire dans les pattes
Et le moins malin
Peut crever de faim
Soldat ou artiste
On est tous des tristes
Sires et malheur à
Qui manque d'estomac

Mambo miam miam X4

Dans ma garçonnière
Misère de misère
La femme du voisin
S'fait couler un bain
Quand la mienne s'déhanche
J'ai le cœur qui flanche
D'voir les autres tudieu
La bouffer des yeux

Mambo miam miam X4

Viendra le jour certes
Où la gueule ouverte
Comme ça d'butte en noir
J'irais me faire voir
J'ferais des orphelines
Et par la racine
J'boufferai les orties
Et les pissenlits

Mambo miam miam X4
Miam miam

Indifférente

Comme le chien de monsieur Jean de Nivelle
Tu ne viens jamais à moi quand je t'appelle
Qu'importe le temps
Qu'emporte le vent
Mieux vaut ton absence
Que ton inconséquence

Quand par hasard dans mon lit je te rencontre
On ne peut pas dire que tu sois pour ni qu'tu sois contre
Qu'importe le temps
Qu'emporte le vent
Mieux vaut ton absence
Que ton impertinence

Dans tes yeux je vois mes yeux t'en as d'la chance
Ça te donne des lueurs d'intelligence
Qu'importe le temps
Qu'emporte le vent
Mieux vaut ton absence
Que ton incohérence

En d'autres occasions je chanterais les transes
De l'amour mais aujourd'hui je m'en balance
Qu'importe le temps
Qu'emporte le vent
Mieux vaut ton absence
Que ton indifférence

Jeunes femmes et vieux messieurs

Toi qui as un pied dans la tombe
Fais gaffe où tu poses la main
Si elle glisse si tu tombes
Sur une peau d'vache c'est pas malin

Jeunes femmes et vieux messieurs
Si elles n'ont pas d'amour quelle importance
Jeunes femmes et vieux messieurs
De l'amour ils en ont pour deux

Si t'as plus un cheveu sur la tête
Qu'est-ce que t'as besoin de te frapper
Tu r'prendras du poil de la bête
Quand tu iras la décoiffer

Jeunes femmes et vieux messieurs
S'ils n'ont plus d'cheveux quelle importance
Jeunes femmes et vieux messieurs
Des cheveux elles en ont pour deux

Toi qui descends la rue Pigalle
À ton régime fais attention
Quand tu vas remonter aux Halles
Le fil de la soupe à l'oignon

Jeunes femmes et vieux messieurs
S'ils sont au régime, quelle importance
Jeunes femmes et vieux messieurs
D'l'appétit elles en ont pour deux

Mais avant d'froisser ses dentelles
En la couchant sur le divan
Faudra pour être bien avec elle
La coucher sur ton testament

Jeunes femmes et vieux messieurs
Si elles sont fauchées quelle importance
Jeunes femmes et vieux messieurs
Du pognon ils en ont pour deux

Quand elle te dira qu'elle t'aime
Fais bien attention à ton cœur
Si elle habite au quatrième
Et qu'il y a une panne d'ascenseur

Jeunes femmes et vieux messieurs
À cet âge ça n'a plus d'importance
Jeunes femmes et vieux messieurs
Ils peuvent attendre un jour ou deux

L'amour a la papa

L'amour à la papa
Dis-moi, dis-moi
Dis-moi ça ne m'intéresse pas
Ça fait des mois
Des mois d'émoi
Que j'attends autre chose de toi
Ça fait des mois qu'ça dure
Je me perds en conjectures
Que pourrais-je te dire
Te dire de lire
L'amour à la papa
À moi, à moi
Ça ne me fait ni chaud ni froid
Je suis le lierre
Tu es la pierre
Je prends racine autour de toi
Mais tu t'écailles
Quand je t'entaille
Tu es de pierre et je deviens de bois

L'amour à la papa
Dis-moi, dis-moi
Dis-moi ça ne m'intéresse pas
Ça fait déjà des mois
Des mois d'émoi
Que j'attends autre chose de toi
Quatre-vingts-dix à l'ombre
De mon corps et tu sombres
Tu n'es pas une affaire
Tu ne peux faire
Qu'l'amour à la papa
Crois-moi, crois-moi
Y'a trente-deux façons de faire ça

Si d'amertume
Je m'accoutume
Il est fort probable qu'un jour
En ayant marre
C'est à la gare
Que je t'enverrai toi et tes amours

L'amour à la papa
Dis-moi, dis-moi
Dis-moi ça ne m'intéresse pas
Ça fait déjà des mois
Des mois d'émoi
Que j'attends autre chose de toi
À la gare maritime
Tu gagneras mon estime
En prenant la galère
Jusqu'à Cythère
Et là-bas écris-moi
Dis-moi, dis moi
Si on fait l'amour à la papa

Cha cha cha du loup

Connais-tu l'histoire
Que m'racontait ma nounou ?
C'est une belle histoire
Qu'j'écoutais sur ses genoux
Si le cœur t'en dit
Ma jolie
Écoute-moi
J'vais te la dire à mi-voix
L'était une fille
Douce et tendre comme toi
Toute aussi gentille
Se promenait dans les bois
Et voilà soudain
Qu'en chemin
Elle aperçoit
L'grand méchant loup aux abois

Hou ! Hou ! Hou ! Hou !
Cha cha cha du loup

Tu es encore à l'âge
Où les filles ont peur de nous
Tu es bien trop sage
Pour venir sur mes genoux
Mais je t'aime bien,
Ne crains rien
Approche-toi
Je ne te mangerai pas
Ne sois pas cruelle
Viens dans mes bras ma jolie
Viens plus prêt ma belle
Et ne tremble pas ainsi
Je ne te ferai
Aucun mal
Je ne suis pas
Le grand méchant loup aux abois

Hou ! Hou ! Hou ! Hou !
Cha cha cha du loup

Sois belle et tais toi

Le ramier roucoule
Le moineau pépie
Caquette la poule
Jacasse la pie
Le chameau blatère
Et le hibou hue
Râle la panthère
Et craque la grue

Toi, toi, toi
Toi,
Sois belle et tais-toi

L'éléphant barrète
La jument hennit
Hulule la chouette
Bêle la brebis
Le crapaud coasse
Piaule le poulet
Le corbeau croasse
Cajole le geai

Toi, toi, toi
Toi,
Sois belle et tais-toi

Le cerf brâme, l'âne
Brait, le lion rugit
Cancane la cane
Le taureau mugit
Le dindon glougloute
Et braille le paon
La caille margotte
Siffle le serpent

Toi, toi, toi
Toi,
Sois belle et tais-toi

Laissez moi tranquille

Pour leur plaire aux femmes
Dites donc
Dites-moi Madame
Qu'ai je donc
Perfides ou sincères
C'est selon
Quand faut s'en défaire
C'est coton

Avec une gueule pareille
Nom de nom
N'me manqu'aux oreilles
Des pompons
Et si je marchais à
Croupetons
J'aurais tout du pauvre A-
Liboron

Laissez-moi
Laissez-moi tranquille
Laissez-moi
Laissez-moi
Laissez-moi tranquille
Laissez-moi

Allez sans esclandre
Mes chatons
Allez vous faire pendre
Allez donc
Ailleurs qu'à mon gilet
À quoi bon
Je n'suis pas le gibet
D'Montfaucon

Laissez-moi
Laissez-moi tranquille
Laissez-moi
Laissez-moi
Laissez-moi tranquille
Laissez-moi
Judith

Judith que veux-tu de moi
Que veux-tu ?
Judith
Je n'aime que toi
Le sais-tu ?

Hier tu m'embrasses
Demain tu te lasses
Judith
Dis-le moi
Que veux tu ?
Hier tu m'embrasses
Demain tu te lasses
Que veux-tu de moi
Que veux-tu ?

Dois-je en pleurer
En rire
Je ne saurais
Le dire
Toi qui te joues de moi
Que ne me le dis-tu pas ?
En pleurer c'est
De rage
En rire c'est
Dommage
Je ne sais plus que faire
Entre le ciel et l'enfer
Judith
C'est plus fort que moi
Que veux-tu ?
Judith
Je n'aime que toi
Le sais-tu ?
Mais si de guerre lasse
Un jour je me lasse
Judith
Ce jour là vois-tu
Je te tue

Judith
Que veux-tu De moi
Que veux-tu ?
Judith
Je n'aime
Que toi
Le sais-tu ?
Hier tu m'embrasses
Demain tu te lasses
Judith
Dis-le moi
Que veux tu ?
Hier tu m'embrasses
Demain tu te lasses
Mais moi
C'est plus fort que moi
Je n'aime
Que
Toi

L'eau a la bouche

Écoute ma voix écoute ma prière
Écoute mon cœur qui bat, laisse-toi faire
Je t'en prie ne sois pas farouche
Quand me viens l'eau à la bouche

Je te veux confiante, je te sens captive
Je te veux docile, je te sens craintive
Je t'en prie ne sois pas farouche
Quand me viens l'eau à la bouche

Laisse-toi au gré du courant
Porter dans le lit du torrent
Et dans le mien
Si tu veux bien
Quittons la rive
Partons à la dérive

Je te prendrai doucement et sans contrainte
De quoi as-tu peur allons n'aie nulle crainte
Je t'en prie ne sois pas farouche
Quand me viens l'eau à la bouche

Cette nuit près de moi tu viendras t'étendre
Oui je serai calme, je saurai t'attendre
Et pour que tu ne t'effarouches
Vois, je ne prends que ta bouche



La javanaise

La chanson de Prévert

« Oh je voudrais tant que tu te souviennes »
Cette chanson était la tienne
C'était ta préférée
Je crois
Qu'elle est de Prévert et
Kosma

Et chaque fois Les Feuilles mortes
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour
Les amours mortes
N'en finissent pas de mourir

Avec d'autres bien sûr je m'abandonne
Mais leur chanson est monotone
Et peu à peu je m'in-
Diffère
À cela il n'est rien
À faire

Car chaque fois Les Feuilles mortes
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour
Les amours mortes
N'en finissent pas de mourir

Peut-on jamais savoir par où commence
Et quand finit l'indifférence
Passe l'automne vienne
L'hiver
Et que la chanson de
Prévert

Cette chanson Les Feuilles mortes
S'efface de mon souvenir
Et ce jour-là
Mes amours mortes
En auront fini de mourir

En relisant ta lettre

En relisant ta lettre, je m'aperçois que l'orthographe et toi, ça fait deux
C'est toi que j'aime
Ne prend qu'un M
Par-dessus tout
Ne me dit point
Il en manque un
Que tu t'en fous
Je t'en supplie
Point sur le i
Fais-moi confiance
Je suis l'esclave
Sans accent grave
Des apparences
C'est ridicule
C majuscule
C'était si bien
Tout ça m'affecte
Ça c'est correct
Au plus haut point
Si tu renonces
Comme ça se prononce
À m'écouter
Avec la vie
Comme ça s'écrit
J'en finirai
Pour me garder
Ne prends qu'un D
Tant de rancune
T'as pas de cœur
Y'a pas d'erreur
Là y'en a une
J'en mourirai n'est pas français
Ne comprends-tu pas
Ça s'ra ta faute
Ça s'ra ta faute
Là y'en a pas
Moi j'te signale
Que gardénal
Ne prend pas d'E
Mais n'en prend qu'un
Cachet au moins
N'en prend pas deux
Ça te calmera
Et tu verras
Tout r'tombe à l'eau
L'cafard les pleurs
les peines de cœur
O E dans l'O

Le rock de Nerval

Allons mon andalouse
Puisque la nuit jalouse
Étends son ombre aux cieux
Fais à travers son voile
Briller sur moi l'étoile
L'étoile de tes yeux

Allons ma souveraine
Puisque la nuit sereine
Nous prête son secours
Permet que je déploie
Notre échelle de soie
Échelle des amours

Allons mon amoureuse
Puisque la nuit heureuse
Qui sert mes voeux hardis
Du balcon m'a fait maître
Ouvre-moi ta fenêtre
Porte du paradis

Les oubliettes

Les regrets fillettes
Du pauvre poète
Se valsent musette
Dans les caboulots
Se valse musette
Le pauvre poète
Pour les gigolettes
Et les gigolos

Dieu que je regrette
Mes larmes fillette
Ce vin malhonnête
Qui monte au cerveau
Y'a belle lurette
Que je n'ai plus cette
Fameuse piquette
Derrière mes fagots

Le pâle squelette
De mes amourettes
Joue des castagnettes
Comme un hidalgo
La nuit est longuette
Du pauvre poète
Voyez mes poulettes
Il a les grelots

Dans chaque guinguette
J'ai cherché Juliette
Je n'ai je regrette
Que trouvé Margot
De ces amourettes
Que l'on pickpockette
Sous sa chemisette
J'en ai plein le dos

S'il faut à perpète
Qu'à l'aube on regrette
Vaut mieux qu'on s'arrête
Mes petits oiseaux
Venez mignonnettes
Dans mes oubliettes
Que je vous y mette
Au pain et à l'eau

Les regrets fillettes
Du pauvre poète
Se valsent musette
Dans les caboulots
Se valse musette
Le pauvre poète
Pour les gigolettes
Et les gigolos

Chanson de Maglia

Vous êtes bien belle et je suis bien laid
À vous la splendeur de rayon baignés
À moi la poussière à moi l'araignée

Vous êtes bien belle et je suis bien laid
Tu feras le jour je ferai la nuit
Je protégerai ta vitre qui tremble
Nous serons heureux nous serons ensemble
Tu feras le jour je ferai la nuit

Vous êtes bien belle et je suis bien laid
À vous la splendeur de rayon baignés
À moi la poussière à moi l'araignée
Vous êtes bien belle et je suis bien laid

Viva villa

Deux fusils, quatre pistolets
Et un couteau à cran d'arrêt
S'en vont à Guadalajara
C'est pour un fameux carnaval
Que s'avance cet arsenal
Qui a pour nom Pancho Villa
Tout à l'heure au pied du calvaire
Il dira une courte prière
Puis il reprendra ses jurons
Et son chemin et sa chanson

Viva villa !
Viva villa !
Viva villa !

Quatre fusils, dix pistolets
Quinze couteaux à cran d'arrêt
Viennent de Guadalajara
C'est pour un fameux carnaval
Que s'en vient tout cet arsenal
On recherche Pancho villa
S'ils vont du côté du calvaire
Ils trouv'ront le révolutionnaire
Ils lui f'ront entendre raison
Ou bien avaler sa chanson

Deux fusils quatre pistolets
Et un couteau à cran d'arrêt
Allaient à Guadalajara
Ce fut un fameux carnaval
Quand on fit sauter l'arsenal
Qui s'appelait Pancho villa
Il est là au pied du calvaire
Il vient de mordre la poussière
Les vautours ne lui laisseront
Que les os et les éperons

Viva villa !
viva villa !
viva villa !

Les amours perdues


Les amours perdus
Ne se retrouvent plus
Et les amants délaissés
Peuvent toujours chercher
Les amours perdues
Ne sont pas loin pourtant
Car les amants délaissés
Ne peuvent oublier
Tous les serments de cœur
Tous les serments d'amour
Tous les serre-moi serre-moi dans tes bras
Mon amour
On s'aimera toujours
Toujours toujours
Toujours toujours
Toujours tou...
Les amours perdues ne se retrouvent plus
Et les amants délaissés
Peuvent toujours chercher

Mes amours perdues
Hantent toujours mes nuits
Et dans des bras inconnus
Je veux trouver l'oubli
Toi tu m'aimeras
Je ne te croirais pas
Tout reviendra comme au jour
De mes premières amours
Tous les serments de cœur
Tous les serments d'amour
Tous les serre-moi serre-moi dans tes bras
Mon amour
On s'aimera toujours
Toujours toujours
Toujours toujours
Toujours tou...

Les amours perdues
Ne se retrouvent plus
Et les amants délaissés
Peuvent toujours chercher

Les femmes c'est du chinois

Les femmes c'est du chinois
Le comprenez-vous ? Moi pas.

Celle-ci est une gamine
Qui tient tellement à sa peau
Qu'elle baisse ses yeux encre de chine
Mais jamais son kimono

Celle-là est une acrobate
Qui la nuit fait du ju-jit-shu
Il faut vous accrocher à ses nattes
Sinon c'est elle qui prend le dessus

Celle-ci est une fillette
Qu'on ne mange pas avec les doigts
Il faut la prendre avec des baguettes
Sinon elle ne veut pas

Telle autre quand elle se couche
Est avide de sensations
Vous riez jaune, la fine mouche
Compte les autres au plafond

Celle-là quand elle perd la bataille
Pour ne pas se donner à l'ennemi
De votre sabre de samouraï
Elle se fait hara-kiri

À genou vous demandez grâce
Mais celle-ci rien ne l'attendrit
Il vous faut mourir par contumace
Au treizième coup de minuit

Personne

J'ai peur de ne prendre intérêt à rien du tout
Mais à personne
Je ne m'en irai plaindre même pas à vous
Belle personne
Vous que j'aime, que j'aimerais, que j'ai aimée
Plus que personne
Vous qui faites l'innocente vous le savez
Mieux que personne

Non jamais je n'aurais dû porter la main sur
Votre personne
Il me fallait me maîtriser, être plus sur
De ma personne
Pour qui me prenez vous, mais non je n'en dirais
Rien à personne
Croyez-moi je vous ferai passer pour une ai-
Mable personne

Bien sûr si je vous dis tout ceci, je ne veux
Blesser personne
Ce sont là quelques vérités qui ne font de
Mal à personne
Peut-être aurais-je dû vous les dire à la troi-
Sième personne
Si je reconnais que je suis assez maladroit
De ma personne

Jamais plus je n'aimerai comme je t'aimais
Ma belladone
Oui, tu m'as coûté les yeux de la tête, mais
Je te pardonne
Je ne dois et je crois bien n'avoir jamais dû
Rien à personne
Jamais je ne me suis aussi bien entendu
Qu'avec personne

Le sonnet d'Arvers

Ma vie a son secret mon âme a son mystère
Un amour éternel en un moment conçu
Le mal est sans espoir aussi j'ai dû me taire
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su
Hélas j'aurais passé près d'elle inaperçu
Toujours à ses cotés pourtant solitaire
Et j'aurais jusqu'au bout fait mon temps sur la terre
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu

Pour elle quoi que Dieu l'est faite douce et tendre
Elle ira son chemin distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas

A l'austère de voir pieusement fidèle
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle
"Quelle est donc cette femme?"
Et ne comprendra pas

Les goémons

Algues brunes ou rouges
Dessous la vague bougent
Les goémons
Mes amours leur ressemblent,
Il n'en reste il me semble
Que goémons
Que des fleurs arrachées
Se mourant comme les
Noirs goémons
Que l'on prend, que l'on jette
Comme la mer rejette
Les goémons

Mes blessures revivent
À la danse lascive
Des goémons
Dieu comme elle était belle,
Vous souvenez-vous d'elle
Les goémons
Elle avait la langueur
Et le goût et l'odeur
Des goémons
Je prie son innocence
À la sourde cadence
Des goémons

Algues brunes ou rouges
Dessous la vague bougent
Les goémons
Mes amours leur ressemblent
Il n'en reste il me semble
Que goémons
Que des fleurs arrachées
Se mourant comme les
Noirs goémons
Que l'on prend que l'on jette
Comme la mer rejette
Les goémons

Black trombone

Black trombone
Monotone
Le trombone
C'est joli
Tourbillonne
Gramophone
Et bâillonne
Mon ennui

Black trombone
Monotone
Autochtone
De la nuit
Dieu pardonne
La mignonne
Qui fredonne
Dans mon lit

Black trombone
Monotone
Elle se donne
À demi
Nue, frissonne
Déraisonne
M'empoisonne
M'envahit

Black trombone
Monotone
C'est l'automne
De ma vie
Plus personne
Ne m'étonne
J'abandonne
C'est fini

Baudelaire
(Le serpent qui danse de Charles Baudelaire)


Que j'aime voir chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L'or avec le fer.

À te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ces vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohème,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon cœur !

Intoxicated man

Je bois
À trop forte dose
Je vois
Des éléphants roses
Des araignées sur le plastron
D'mon smoking
Des chauves-souris au plafond
Du living-
Room

Eh toi
Dis-moi quelque chose
Tu es là
Comme un marbre rose
Aussi glacée que le plastron
D'mon smoking
Aussi pâle que le plafond
Du living-
Room

L'amour
Ne m'dit plus grand' chose
Toujours
Ces araignées sur le plastron
D'mon smoking
Ces chauves-souris au plafond
Du living-
Room

Eh toi
Dis-moi quelque chose
Tu es là
Comme un marbre rose
Aussi glacée que le plastron
D'mon smoking
Aussi pâle que le plafond
Du living-
Room

Quand tu t'y mets

C'que tu peux être belle
Quand tu t'y mets
Tu t'y mets pas souvent
Pourtant quand tu t'y mets
Tu peux pas savoir

C'que tu peux être garce
Quand tu t'y mets
Tu t'y mets pas souvent
Pourtant quand tu t'y mets
Tu peux pas savoir

C'que tu peux m'faire mal
Quand tu t'y mets
Tu t'y mets pas souvent
Pourtant quand tu t'y mets
Tu peux pas savoir

C'que tu es dans mes bras
Quand tu t'y mets
Tu t'y mets plus souvent
Pourtant quand tu t'y mets
Tu peux pas savoir

C'qu'était notre amour
Quand on s'aimait
Il n'y a pas si longtemps
Pourtant que l'on s'aimait
Tu dois plus savoir

Les cigarillos

Les cigarillos ont cet avantage d'faire le vide autour de moi
J'en apprécie le tabac
Et la prévenance
Les cigarillos n'sont pas comme moi, empreints de timidité
Et leur agressivité
Est toute en nuance
Sans vous dire jamais rien qui vous blesse
Ils vous congédient avec tendresse

Ah ! quel tabac
Quel tabac
Quel tabac
Quel tabac

Les cigarillos me valent bien souvent les adieux éplorés
Des femmes de qualité
Et de courtisanes
Les cigarillos savent comme moi que ce n'sont pas mes beaux yeux
Qu'elles implorent, mais un peu
La fin du havane
Sans attendre que tout se consume
Elles disparaissent dans la brume

Ah ! quel tabac
Quel tabac
Quel tabac
Quel tabac

Requiem pour un twister

Dites-moi avez vous connu Charlie ?
Le contraire m'eût étonné
Il n'est pas une boîte qu'il n'ait fréquentée
Quel noceur !
Requiem pour un twister

Dites-moi l'avez-vous connu à jeun ?
Le contraire m'eût étonné
Il n'est pas soir qu'il ne fût bourré
Quel farceur !
Requiem pour un twister

Dites-moi étiez vous amoureuse de lui ?
Le contraire m'eût étonné
Il n'est pas une femme qui lui ait résisté
Quel tombeur !
Requiem pour un twister

Dites-moi tout ça ne pouvait pas durer
Le contraire m'eût étonné
Je crois quant à moi que c'est le cœur qui a lâché
Quelle horreur !
Requiem pour un twister

Ce grand méchant vous

Promenons-nous dans le moi
Pendant qu'le vous n'y est pas
Car si le vous y était
Sûr'ment il nous mangerait

J'ai peur, j'ai peur du grand méchant vous
Ah ! la vilaine bête que ce vous !
Mais je ne sais comment j'arriverai à chasser
Pour toujours ce grand méchant vous de mes pensées

Promenons-nous dans le moi
Pendant qu'le vous n'y est pas
Car si le vous y était
Sûr'ment il nous mangerait

Je me suis mis dans la gueule du vous !
Ah ! quel enragé que ce vous !
Combien de nuits ce grand méchant vous m'a sauté
À la gorge, comme j'allais le caresser

Promenons-nous dans le moi
Pendant qu'le vous n'y est pas
Car si le vous y était
Sûr'ment il nous mangerait

Je ne sais hurler avec le vous
Ah ! quel animal que ce vous !
Mais comment savoir dans cette rivalité
Qui de l'homme ou du vous l'emporte en cruauté ?

Promenons-nous dans le moi
Pendant qu'le vous n'y est pas
Car si le vous y était
Sûr'ment il nous mangerait

L'appareil à sous

Tu n'es qu'un appareil à sou-
Pirs
Un appareil à sou-
Rire
À ce jeu
Je
Ne joue pas
Je n'aime pas
Cet opéra de quatre sou-
Pirs
Cet air que tu as de sou-
Rire
Je ne pou-
Rrais qu'en sou-
Ffrir

On ne gagne que des gros sou-
Pirs
À vouloir tant assou-
Vir
Tout ce je
Ne
Sais quoi d'a-
Nimal en soi

Qui nous fait prendre à tous nos sou-
Pirs
Je te dis ça sans sou-
Rire
Je ne pou-
Rrais qu'en rou-
Gir

Au fond tu n'es pas meilleure ou
Pires
Que celles qui pour moi sou
Pirent
Mais ce jeu
Ne
M'émeut pas
Tu n'm'aimes pas

J'y perdrais le sommeil et le sou-
Rire
Jusqu'à mon dernier sou-
Pir
Et ne pou-
Rrais qu'en mou-
Rir

Vilaines filles et mauvais garçons

Dans cette vallée de larmes qu'est la vie
Viens avec moi par les sentiers interdits
À ceux-là qui nous appellent à tort ou à raison
Vilaines filles, mauvais garçons

Au fond de cette vallée coule un torrent
Il est l'image même de nos vingt ans
C'est à lui que nous devons cet air et ces façons
D'vilaines filles, d'mauvais garçons

Il n'est pas âme qui vive
Qui me plaise autant que toi
Si tu étais plus naïve
Je t'apprendrais tout ce que tu sais déjà

Les enfants du siècle sont tous un peu fous
Mais le cliquetis de la machine à sous
Couvrira cette voix qui dit à tort à raison
Vilaines filles, mauvais garçons

Demain lorsque la lune se couchera
N'existera au monde que toi et moi
Plus personne pour nous dire à tort ou à raison
Vilaines filles, mauvais garçons

Et les yeux dans les yeux tendrement nous nous dirons
Vilaines filles, mauvais garçons

Un violon, un jambon

Écoute-moi toi qui t'crois seul au monde
Tout seul abandonné
Faut trois fois rien pour entrer dans la bonde
De tout les mals aimés

Suspends un violon un jambon à ta porte
Et tu verras rappliquer les copains
Tout tes soucis que le diable les emporte
Jusqu'à demain

Ta petite amie t'a largué en route
Les filles c'est pas sérieux
L'amour est aveugle à ça aucun doute
Et oui ça crève les yeux

Suspend un violon un jambon à ta porte
Et tu verras rappliquer les copains
Tout tes soucis que le diable les emporte
Jusqu'à demain

Qu'importe si c'est chaque fois la même
Chose, t'en fais donc pas
Mon vieux quand on a pas ce que l'on aime
Faut aimer c'que l'on a

Suspends un violon un jambon à ta porte
Et tu verras rappliquer les copains
Tout tes soucis que le diable les emporte
Jusqu'à demain

La javanaise

J'avoue j'en ai bavé pas vous
Mon amour
Avant d'avoir eu vent de vous
Mon amour

Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d'une chanson

À votre avis qu'avons-nous vu
De l'amour
De vous à moi vous m'avez eu
Mon amour

Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d'une chanson

Hélas avril en vain me voue
À l'amour
J'avais envie de voir en vous
Cet amour

Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d'une chanson

La vie ne vaut d'être vécue
Sans amour
Mais c'est vous qui l'avez voulu
Mon amour

Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d'une chanson


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