Le Général Hieu Et La Formule de Tandem Infanterie-Blindée

Bien qu'il n'ait jamais été assigné à une unité d'Arme Blindée, ou suivi les cours d'une Ecole de Formation d'Arme Blindée soit à Thu Duc (Vietnam), à Saumur (France), ou à Fort Knox (Etats-Units), le Général Hieu a démontré une capacité excellente dans l'emploi de la formule de tandem Infanterie-Blindée dans tous les combats qu'il a conduits. Avant d'avancer les preuves d'une telle capacité, examinons pourquoi il était difficile de résoudre et d'appliquer cette formule de tandem; en d'autres mots, pourquoi il n'était pas facile d'employer les chars et véhicules blindés sur les champs de bataille au Vietnam.

Une Formule de Tandem Difficile À Résoudre

Le Général Westmoreland a fortement prononcé: "À l'exception de certaines régions côtières du Centre Vietnam, on ne peut pas utiliser les chars au Vietnam." Ce ne fût qu'en 1968 qu'il a changé d'avis, après avoir vu les unités d'arme blindée vietnamiennes employer avec succès la combination des unités d'infanterie et de chars/véhicules blindés, et puis a donné l'ordre aux troupes américaines d'imiter leur alliés diminutifs.

Non seulement les Forces Armées des Etats-Unis ont de la difficulté à utiliser les chars sur les champs de batailles du Vietnam, mais il était de même avec les autres Forces Alliées (coréenne, australienne, nouvelle-zelandaise et thai, y compris nord-vietnamienne). Les Viet Cong introduisent leurs T-54 dans le siège de Kontum-Tan Canh, dans la bataille de Quang Tri et dans le siège d' An Loc pendant l'été 1972. Au début, les soldats de l'ARVN réagissent maladroitement quand ils font face à ces chars pour la première fois dans leur vie. Mais après, du fait que les chars Viet Cong ne sont que rarement accompagnés des soldats de l'infanterie et ainsi avancent sans protection, ils sont devenus des cibles faciles pour les soldats vietnamiens armés d'armes anti-chars individuelles M-72. Il semble que les soldats et officiers nord-vietnamiens ont été envoyés en Russie pour apprendre à conduire et à maintenir les chars, mais non pas l'art tactique de l'emploi des chars.

Trois facteurs principaux font qu'il est difficile d'utiliser avec efficacité les chars/véhicules blindés. Le premier facteur est le terrain. Les chars fonctionnent le mieux sur un terrain plat, bien ouvert, ferme et dénudé d'obstacles. Sur ce point, le Vietnam était divisé en quatre zones de terrain différentes: le Delta (rizières aux alentours de Saigon, My Tho, Can Tho), les Montagnes (régions le long de la Chaîne Annamite), les Plaines Côtières (les régions sableuses aux alentours de Qui Nhon, Phan Thiet, Tuy Hoa, Danang, Hue), et le Plateau Central (régions aux alentours de Kontum, Pleiku, Ban Me Thuot). Les unités d'Arme Blindée vietnamiennes ont montré que leurs chars légers M41 et les véhicules blindés M113 modifiés pouvaient être utilisés avec efficacité sur tous les terrains à l'exception aux Montagnes, qui constituaient le repaire inaccessible des troupes de l'AVN.

Le deuxième facteur est le volume massif des chars. Afin de les utiliser avec efficacité, on doit acquérir une connaissance précise du terrain et maîtriser les complications logistiques en matière d'essence et de munitions à ravitaller aux chars, aussi bien que de leur maintenance. Une comparaison entre la manipulation d'un escadron de chars et celle d'une troupe de 30 ou 40 éléphants donnerait immédiatement une idée du degré de difficulté: au lieu de devenir une arme redoutable, elle s'avèrerait une lourde charge encombrante dans les bras.

Le troisième facteur est l'attitude des soldats d'arme blindée. Dans n'importe quelle Force Armée, les soldats aux bérets noirs sont toujours une classe à part de guerriers imbus de fierté. Ils ont un complexe de supériorité envers les soldats de l'infanterie, une partie du seul fait qu'ils perchent haut sur leur tourelle (regardant ces derniers marcher lamentablement au-dessous d'eux) et en partie du fait que leur fonction demande une certaine connaissance technique relativement sophistiquée. Comme résultat, les Commandants d'arme blindée ne reçoivent pas facilement les ordres des Commandants de l'infanterie. Ce qui explique pourquoi les Commandants d'arme blindée n'étaient pas contents lorsque les Régiments d'Armure ont été renommés Escadron d'Arme Blindée, ce qui les mettait un niveau plus bas que les Commandants d'un Régiment d'infanterie. Néanmoins, les soldats d'arme blindée savent bien que sans l'appui des soldats de l'infanterie, un char serait vulnérable comme un cheval aux yeux bandés et serait abattu facilement par les armes anti-chars individuelles.

C'est à cause de tous ces facteurs ci-dessus mentionnés qu'un Commandant doit être exceptionnellement compétent et bien respecté pour pourvoir manoeuvrer avec efficacité la formule de tandem Infanterie-Blindée. Ce qui explique pourquoi le Général Nguyen Van Minh, un leader militaire faible, a dû congédier la Brigade de Cavalerie Blindée du 3ème Corps et la Force de Frappe d'Assaut du 3ème Corps à la fin de 1971, plutôt que d'utiliser ces deux grandes unités formidables mais alors encombrantes.

Le Général Hieu possède une profonde connaissance des éléments de terrain, de renseignement vis-à-vis des forces ennemies et commande le respect et la confiance à la fois des unités d'infanterie et celles d'arme blindée. En fait, l'utilisation de la formule de tandem Infanterie-Blindée avec efficacité est devenu le style unique de combat du Général Hieu.

Il a pu être ainsi grâce à sa capacité naturelle d'apprendre par procuration. Le Général Hieu a appris la manoeuvre tactique des tanks et des véhicules blindés simplement en écoutant les officiers d'arme blindée chaque fois qu'il avait l'occasion de bavarder avec eux, par exemple avec le Commandant George E. Kimball (son sponsor militaire quand le Commandant Hieu suivait les cours à l'US Army College of Command and General Staff, à Fort Leavenworth, en Kansas, en 1963), avec le Capitaine Tran Quang Khoi (Chef du 3ème Bureau, quand le Colonel Hieu était le Chef d'Etat Major du 2ème Corps sous la commande du Général Tri en 1964), avec le Général Harry Kinnard (Commandant de la 1ère Division de Cavalerie américaine quand il était encore le Chef d'Etat Major du 2ème Corps sous la commande du Général de Brigade Vinh Loc, en 1965), avec le Colonel John Hayes (1er Conseiller américain auprès de la 5ème Division en 1969-1970), avec le Commandant Shouse (Conseiller du 3ème Bureau, 5ème Division de l'ARVN en 1970). Colonel Le Khac Ly, Chef d'Etat Major de la 22ème Division, raconte que quand le Général Hieu prît la commande de la 22ème Division, il lui a confié: "Je ne suis pas fait pour être un commandant tactique, mais plutôt pour être un stratège dans un haut état major international." Colonel Ly ajoute: "Le Général Hieu était seulement modeste en se prononçant ainsi: il a appris très vite, et en un rien de temps était devenu un Commandant chevronné d'une Division tactique."

Les Exploits Militaires du Général Hieu utilisant la Formule de Tandem

Il apparaît que le Général Hieu a appliqué la formule de tandem Infanterie-Blindée chaque fois qu'il lance une attaque avec ses troupes. Les exemples typiques suivants ont été mentionnés dans d'autres endroits de ce homepage:

La Bataille de Pleime. Dans cette bataille il a utilisé la tactique de "choc" avec l'appui de l'artillerie dans la contre-attaque de l'embuscade établie par le 32ème Régiment de l'ANV composé de trois Bataillons, le 635ème, le 344ème et le 966ème.

Phu Cu Pass Battle. Phan Nhat Nam écrit:

LeGénéral Hieu prit le commandement de la 22è Division d'Infanterie juin 1966, et vers la fin de l'année (novembre), le Commandant récemment nommé a gagné une victoire sur le champ de bataille au Col Phu Cu (District de Phu My). En ce moment là, nous, l'unité de renforcement (3è Force de Frappe de Parachutistes-Pnn) établissons une position de blocage sur la pente de la montagne, et assistons a la scène dans laquelle l'unité amie (42è Régiment/22è Division) se joindre force avec un escadron blindé de M113s menant une opération de balayage de la Route Nationale 1 à la montagne. La bataille se défile tout comme un film documentaire militaire de la 2è Guerre Mondiale. Les fantassins en formation de déploiement accompagnent les véhicules blindés M113s donnent l'assaut, à la suite d'un barrage de feux d'artillerie, tout comme les chevaliers du Moyen Age chargeant en combat. Le Commandant de la Force de Frappe de Parachutistes, Lieutenant Colonel Nguyen Khoa Nam observe la bataille de la pente de la montagne avec sa binoculaire. Bien qu'il soit parcimonieux en mots, il a exclamé avec admiration: " Le Colonel Hieu conduit ses troupes comme un officier de chars de métier, et les combattants de la 22è Division luttent autant d'élégance que nos parachutistes. " Ce sont là l'éloge sincère d'un combattant à un autre sur le champ de bataille.

L'Opération Griffe d'Aigle 800. Dans cette opération, le Général Hieu a utilisé la tactique d'"encerclement" pour couper la route de retrait d'un Régiment appartenant à la 3ème (Etoile d'Or) Division de l'AVN, l'interdisant de se retirer dans les montagnes, après avoir réussi à le faire descendre de la Chaîne Annamite.

L'Opération Toan Thang 8/B/5. Dans cette opération, le Général Hieu a utilisé la tactique de "nettoyage" avec deux Escadrons d'Arme Blindée, le 1er et le 18ème, en soutien des 1er, 9ème et 333ème Régiments dans la recherche des 174ème et 275ème Régiments de l'ANV, appartenant à la 5ème Division de l'ANV dans les régions aux alentours de la ville de Snoul à l'intérieur du territoire du Cambodge.

La Bataille de Snoul. Dans cette bataille, le Général Hieu a utilisé les tactiques de "reconnaissance", de "nettoyage", de "choc" (quand la Force de Frappe d'Assaut du 3ème Corps venait au secours de la 8ème Force de Frappe pendant le retrait de celle-ci), et était sur le point d'utilisé la tactique d'"encerclement" avec 8 Forces de Frappes formées par les unités de la 18ème et la 25ème Divisions, mais alors l'opération a été ruinée par l'intervention inopportune du Général Nguyen Van Minh.

La Bataille de Svay Rieng. Dans cette bataille, le Général Hieu a utilisé la tactique de "blitzkrieg" (guerre de foudre) racontée par deux historiens américains, Samuel Lipsman et Stephen Weiss, dans le volume intitulé The False Peace, The Vietnam Experience, Boston Publishing Company.


Nguyen Van Tin
27 Juillet 1999.

Mis à jour le 03.08.2005

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