Dans toute recherche, il importe d'assurer le respect des informations qui nous sont confiées en suivant des règles éthiques précises. La chronique précédente nous permettait de voir que des informations, même en apparence triviales, étaient susceptibles d'avoir des conséquence désagréables. En effet, l'importance d'une information dépendra usuellement du contexte de celui qui la donne. Il n'est pas toujours simple, pour le chercheur, de deviner ce contexte.

Dans la présente chronique, nous chercherons à examiner diverses pistes qui s'offent au chercheur afin de contribuer à un déroulement, sans qu'il n'y ait un niveau de risque trop élevé, lors de la procédure de cueillette de données. Nous constaterons que des stratégies permettant de réaliser une recherche de bonne qualité, permettront aussi de réaliser des gains éthiques. À cette fin, nous aborderons :

• Les procédures d'isolement :
  • La recherche en simple aveugle,
  • La recherche en double aveugle.
• Les procédures de gestions des données.

Les procédures d'isolement

Habituellement, les procédures que nous qualifions ici de procédures d'isolement, servent à éviter que le chercheur et/ou la personne auprès de qui les informations sont receuillies, ne soient influencés par le processus de la recherche. Ainsi, un pôle (ou les deux) du processus de recherche n'est pas informé des caractéristiques qui sont critiques pour la recherche.

Imaginons une recherche en marketing comprenant une mise en situation visant à tester deux aménagements d'un centre de loisirs. Dans le cas d'une recherche en simple aveugle, cela veut dire que le pôle représenté par les participants ne sera pas informé s'il se trouve dans l'aménagement amélioré ou non. Les participants ont donc une attitude plus neutre qui ne dépend plus d'un effet de nouveauté, mais bien du milieu. Si la recherche est en double aveugle, en plus du pôle formé des "participants", on notera que le pôle formé des observateurs n'est pas informé de l'aménagement qu'il observe. En conservant l'avantage précédent, on notera que le regard des observateurs sera plus neutre par rapport à l'objet de la recherche.

Dans le cas d'une procédure en simple aveugle, les participants ne savent pas exactement dans quel contexte ils se trouvent. Ainsi, un gain éthique se produira. Il est probable que ce qui est vrai pour les caractéristiques du milieu le soit aussi pour tout ce qui touche les caractéristiques des autres participants. Ceci permet donc de conserver une certaine confidentialité au sujet des caractéristiques de ces derniers et ce, entre les participants eux-mêmes.

Dans le cas de la procédure en double aveugle, l'observateur n'est pas au courant des caractéristiques des participants, ce qui est déjà une première mesure concrète en soi. On ne peut dire ce que l'on ne sait pas. Par contre, puisque les données seront vues et compilées par ces personnes, il sera utile de faire appel à un autre type de procédures de sécurité.

Les procédures de gestion des données

Les procédures de gestion des données désignent la manière avec laquelle les données sont traitées une fois qu'elles ont été recueillies. Il peut y en avoir plusieurs. Nous tenterons d'en expliquer certaines, de manière à ce que le lecteur ait un point de vue varié au sujet de ce qu'il est possible de faire.

Une première précaution est la non identification des formulaires contenant les informations des participants. Ainsi, dans le cas d'un questionnaire, cela évitera qu'une personne qu'un lien soit fait entre un formulaire et le répondant. C'est en attribuant un numéro au formulaire et en conservant la liste des noms et des numéros dans un lieu sécuritaire que l'on peut obtenir ce résultat.

Dans le cas des entrevues, il y a un risque particulier relié au support de l'information. En effet, il peut arriver que les entrevues soient enregistrées. En transcrivant le plus rapidement possible les informations utiles et en faisant une réutilisation constante des bandes magnétiques on s'assure d'une étanchéité adéquate, comparable à celle du formulaire. La bande d'une ancienne entrevue ayant été réutilisée, une ancienne entrevue ne peut plus être écoutée par accident et la personne reconnue. Il ne faudra pas oublier d'effacer les toutes dernières bandes à être utilisées.

Une autre forme de bris de confidentialité peut se produire lorsque les informations elles-mêmes permettent de reconnaître une personne. Ceci peut se produire plus particulièrement dans le cas de petits groupes. Cela peut aussi arriver dans le cas de groupes relativement importants et homogènes au sein duquel quelques individus se distinguent. Ainsi, à la vue des résultats, il peut être possible d'identifier une (ou un groupe) personne ayant participé à l'enquête.

En terminant

Nous avons examiné ici le risque éthique en fonction de la fuite des informations obtenues. Ce qui a motivé cet angle particulier, c'est qu'il s'agit probablement du risque le plus commun. Mais cela ne signifie pas que d'autres risques soient absents. Bien au contraire. On doit garder à l'esprit que d'autres risques sont possibles. Par exemple, une mise en situation peut causer un stress important à un participant, ce qui est un manquement à l'éthique. Ce stress peut avoir des conséquences pour la vie de la personne qui a participé à la recherche, et ce, avant même qu'une fuite de renseignements ne se soit produite.

Soyez prudents !

Prochaine mise à jour de cette chronique : le 24 août 2002.